Prise de notes - Partie 2
Pourrais-tu, Socrate, si la vertu s'acquiert par l'enseignement ou par l'exercice, etc. L'enseignement, (didaktòn) ou par l'exercice (askèton)... Ou bien peux-tu me dire même si elle peut s'acquérir car après tout elle ne peut peut-être pas s'acquérir, qu'envisage Ménon ou peut-être que tout au contraire, elle est donnée par la nature, un don naturel, est-ce qu'elle advient par nature ou encore dit Ménon par tout autre cause. À cela, au lieu de répondre sur le champ, Socrate met en question la façon même de questionner des thessaliens, de Ménon lui-même, les Thessaliens c'est ceux qui vivent dans le nord de la Grèce. Et dont, il dit, un peu méchamment, autre fois les Thessaliens étaient renommés pour leurs chevaux et maintenant ils sont réputés pour leurs sagesses; depuis que Gorgias s'est rendu à Larisse, les Thessaliens ont réponse à tout, nous dit Socrate. Mais ils ne savent répondre à toutes les questions, parce qu'ils ne se posent jamais la moindre question. C'est ça que dit Socrate. Depuis que Gorgias les a contaminés, les Thessaliens ont réponse à tout et ce n'est pas le cas à Athènes.
Nous à Athènes c'est tout le contraire qui s'est produit, pourquoi?
Il y a Socrate. Et avec Socrate et les gens qu'il entoure, il se passe le contraire de ce qui se passe avec Gorgias, à Athènes, il y a les philosophes, les amis de la sagesse qui ne sont pas sages mais qui aime la sagesse, qui prétendent pas la connaître et puis là-bas il y a Gorgias. Et ici, c'est tout le contraire qui s'est produit, nous pensions savoir des choses, dit Socrate, et puis on s'aperçoit qu'on ne sait plus rien.
Étranger, tu me fais bien de l'honneur en me croyant capable de savoir si la vertu peut s'enseigner ou si elle s'acquiert autrement; pour moi, bien loin de savoir si elle s'enseigne, je n'ai même pas la moindre idée de ce qu'elle peut être.
C'est ainsi que Socrate faisant parler à sa place, un Athénien anonyme, il fait une citation, si tu demanderais à un Athénien, voilà ce qu'il te répondrait : On n'en sait RIEN!
Tel est justement mon cas Ménon; je partage en cette matière la misère de mes compatriotes, et je me reproche à moi-même de ne savoir absolument rien de la vertu. Ne sachant pas ce que c'est, comment saurais-je quelle elle est?
Socrate parle en son propre nom, et de même que l'on ne pourrait pas savoir qui est Ménon, dit-il sans connaître ses diverses qualités et ses traits de caractère, etc. Crois tu que l'on puisse savoir qui est Ménon, s'il est beau, riche et noble ou tout le contraire, juges-tu que ce soit possible. On ne peut pas savoir de ce que c'est la vertu ou l'excellence (aretè), sans savoir de ce que en quoi est faite la vertu.
Ménon interrompt Socrate et dit :
Non certes. Mais est-il bien vrai, Socrate, que tu ignores ce qu'est la vertu, et est-ce là ce que je dois rapporter sur ton compte à mes concitoyens?
Socrate parle en son propre nom, et de même que l'on ne pourrait pas savoir qui est Ménon, dit-il sans connaître ses diverses qualités et ses traits de caractère, etc. Crois tu que l'on puisse savoir qui est Ménon, s'il est beau, riche et noble ou tout le contraire, juges-tu que ce soit possible. On ne peut pas savoir de ce que c'est la vertu ou l'excellence (aretè), sans savoir de ce que en quoi est faite la vertu.
Socrate : Non seulement cela, Ménon, mais encore que je ne crois pas avoir jamais rencontré personne qui le sût.
Ménon : Comment? N'as-tu pas rencontré Gorgias quand il est venu ici?
Socrate : Sans doute.
Ménon : Et tu as jugé qu'il ne le savait pas.
Socrate : je ne suis pas assez sûr de ma mémoire, Ménon, pour te dire au juste, en ce moment, mon impression d'alors.
Ni moi, ni personne ne sait qu'est la vertu; pas même et surtout pas ton fameux Gorgias! Je n'ai jamais rencontré personne qui le sût.
Socrate : Laissons-le donc tranquille, puisqu'aussi bien il est absent. Mais toi, Ménon, par les dieux, dis-moi de toi-même ce qu'est la vertu. Parle, fais-moi ce plaisir.
Quand à toi, dit Socrate, dis moi ce qu'est pour toi la vertu, non pas ce que tu sais, parce que tu ne sais rien comme tout le monde, mais est-ce qu'elle est pour toi? Tu ne sais peut-être rien mais tu as peut-être une idée. Tu peux toi-même, un peu à réfléchir. Ménon par les dieux, dis-moi de toi-même, ce qu'est la vertu! Parle, fais-moi ce plaisir. Recherche par toi-même et en toi-même, en dialoguant avec moi ce que peut bien être la vertu.
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S'en suit, alors, la scène bien connue où Socrate fait bien comprendre à Ménon, qu'à chaque fois qu'il répond en donnant un exemple de vertu, qu'est-ce que c'est la vertu? Ah c'est être un grand général, courageux. Oui mais encore? C'est être une bonne épouse qui s'occupe du foyer, etc.
À chaque fois, Socrate fait remarquer à Ménon, qu'il ne parvient pas à dire, non pas ce qu'est un cas possible de vertu, mais de qu'est ce que c'est LA vertu.
Donc, il n'arrive pas à le dire, et ce qu'il fait que TOUS CES EXEMPLES sont des exemples d'une MÊME ESSENCE de la vertu.
La question qui est posée ce n'est pas de donner des exemples, mais de savoir l'essence qui rassemble tous ces exemples, qu'est-ce qu'il y a en commun dans tous ces exemples qui pourrait de donner une définition de la vertu. Socrate finira par conclure que la vertu ne peut pas s'enseigner.
À travers la question de savoir si seulement, elle peut s'enseigner mais si l'on peut savoir ce qu'elle est! Socrate aura posé en principe, qu'avant d'enseigner quoi que ce soit, il faut commencer par se poser la question de savoir : ce que c'est? En quoi cela consiste et même si cela consiste en quelque chose, si c'est une vraie question. Si c'est une vraie question, peut-être bien qu'on devra conclure parfois qu'à cet égard on ne sait pas grand chose et qu'on ne peut pas en savoir beaucoup plus. Du moins, sur un mode ordinaire du savoir et sur une façon ordinaire de se poser des questions.
Car évidement, Socrate ne va pas en rester là, et dans Ménon, il va avancer une proposition. Tout à fait stupéfiante! Tout à fait inédite! Socrate, c'est avant tout, celui qui pose tant qu'ils prétendent savoir et en premier lieu les sophistes et Gorgias, en fait ils ne savent rien et se moquent du monde. Et donc, c'est à ceux-là que Socrate répond :
Cependant et pour autant, Socrate ne veut pas du tout dire que l'on ne peut rien dire, ni rien savoir et encore moins que l'on peut rien apprendre. Au contraire, il faut chercher à savoir et apprendre tout ce qu'il est possible. Mais il faut le faire en sachant combien c'est difficile et fragile sans s'en vanter. Combien c'est précaire ce savoir, en sachant que nous, les mortels nous sommes nous-mêmes extrêmement précaires. Et que le savoir que nous avons d'abord est la précarité de ce que nous sommes. Et que nous pouvons accéder qu'à un savoir qui est lui-même précaire. Et en outre et surtout, qu'on ne peut pas le faire à accéder à ce savoir autrement qu'en le faisant, par soi-même. En pensant par soi-même, dit Socrate.
Ici, faites bien attention, cela ne veut pas du tout dire, qu'il n'est impossible d'apprendre quelque chose des autres, pas du tout! Au contraire, c'est dans le dialogue qu'en apprend. Et il faut commencer à dialoguer avec les autres pour être capable de dialoguer avec soi-même.
Mais s'il faut apprendre des autres, et si on ne peut qu'apprendre des autres. Il ne faut s'adresser à ces autres qu'à la condition qu'ils tentent eux-mêmes d'apprendre avec nous. Ces autres-là, nous pouvons apprendre avec eux que si eux-mêmes tentent d'apprendre avec nous. En s'adressant à ce qui de nous, en nous, est capable de leur apprendre encore quelque chose d'autre. S'ils sont capables d'apprendre quelque chose d'autre en essayant de nous apprendre quelque chose. Alors oui, peut-être, on peut apprendre quelque chose ensemble et on devient capable de se poser des questions et de se mettre en question. Car c'est ça apprendre.
C'est alors, qu'aillant examiné avec Socrate qui tente de le faire, se mettre en question et par-là de leur faire se mettre à se faire poser les bonnes questions. Ménon, que Socrate n'arrête pas de l'asticoter... Ménon se met tout à coup en colère et il s'en prend à Socrate, il accuse d'être de mauvaise foi. Et il le fait à plusieurs reprises et à un moment donné, il lui sort la fameuse aporie de Ménon.
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Ma mère moins on dit de "gros mots", mieux on parle, mieux on se porte, mieux on est. Je crois qu'elle a raison, il m'est arrivé d'en dire beaucoup des gros mots à jurer à tout va. Reste que regrettant ces façons trop grossières de parler. Je soutiens que Socrate, lorsqu'il demande :
Formule que j'appelle donc la clausule Socratique, au sens où Laurent Barthes, il a parlé de la clausule zazique. Par sa clausule, Socrate met en question, celui qui ne se pose pas de question et ça va lui coûter cher. Il devra boire la ciguë. Il met en question les autres, cependant parce qu'il est lui-même mis en question.
Je ne suis pas homme qui, sûr de lui, embarrasse les autres : si j'embarrasse les autres, c'est que je suis moi-même dans le plus extrême embarras. Dans le cas présent, au sujet de la vertu, j'ignore absolument ce qu'elle est ; tu le savais peut-être avant de m'approcher, quoique tu paraisses maintenant de ne plus le savoir. Cependant, je suis résolu à examiner et à chercher de concert avec toi ce qu'elle peut bien être.
Socrate va mettre en question Ménon et qu'il va le dire et s'en plaindre, plusieurs fois, au cours de ce dialogue et au cours de ces questions. Durant lesquelles, Socrate demande à Ménon de parler de la vertu. De lui dire ce que c'est pour lui la vertu et surgit ce qu'on appelle la fameuse aporie de Ménon.
Mais comment vas-tu t'y prendre, Socrate, pour chercher une chose dont tu ne sais absolument pas ce qu'elle est? Quel point particulier, entre tant d'inconnus, proposes-tu à ta recherche? Et à supposer que tu tombes par hasard sur le bon, à quoi le reconnaitras-tu, puisque tu ne le connais pas?
L'aporie de Ménon
Cette aporie est la matrice de toute philosophie :
Un philosophe qui n'a pas rencontré cette question et qu'il ne l'a pas affronté, n'est pas un philosophe.
C'est un lieu commun, cette aporie qui n'a pas été formulée par les philosophes mais par les sophistes contre les philosophes et contre les présocratiques dont se réclament les philosophes.
En l'occurrence, celui-ci : Parménide qui s'est posé la question de l'être, le fameux poème de Parménide. Revendiquant l'accès à ce que les idéalités, comme le triangle ; la pensée absolument évidente de l'être qui oppose l'être au non l'être. Et qui donne accès, cette pensée de l'être, à ce que Platon décrira comme les essences et les idées. Par exemple, l'essence de la vertu. Mais aussi l'idée de la scata, la crotte puisqu'il dira qu'il y a même une idée de la crotte dans le ciel des idées. Ça sera la base d'un discours : l'ontologie, le discours de ce qui est. Les sophistes eux, Protagoras... S'inscrivaient plutôt dans une tradition que l'on rapporte souvent à Héraclide... La pensée Héraclitéenne que tout devient, panta rei, tout flux. Et que la question de l'être, elle-même est une illusion, en tout cas les Héraclitéennes diront la question de l'être, c'est un tourbillon local dans le flux du devenir.
Dans ce contexte-là, l'aporie de Ménon consiste à poser qu'il n'est pas possible de connaître quelque chose que l'on ne connaît pas déjà! Car si connaître suppose de reconnaître, pour reconnaître il faut déjà connaître. Et comme on entend ici, connaître le fait d'apprendre quelque chose. Et apprendre quelque chose, voulant dire se TRANS-FORMER, quand on apprend quelque chose on n'est plus la même personne que celui qui ne savait pas de ce qu'on a appris, on se transforme, on s'individue.
Si apprendre c'est la possibilité, c'est de découvrir quelque chose qui était jusqu'à alors inconnu. Mais si on connaissait déjà ce qu'on prétend connaître : Ménon dit, avec les sophistes : ou bien on est un imposteur ou bien on est un crétin. C'est ce que résume Socrate en reformulant l'aporie. Je vois ce que tu veux dire Ménon, quel beau sujet de dispute sophistique (éristique) que tu nous apportes là. C'est la théorie selon laquelle, on ne peut chercher ni ce qu'on connaît, ni ce qu'on ne connaît pas. Ce qu'on connait parce que le connaissant on n'a pas besoin de le chercher, ce qu'on ne connaît pas parce que on ne sait même pas ce qu'on doit chercher.
(Introduction pour le cours prochain)
La réponse à cette aporie par Socrate, fonde et formule pour la première fois, la position de Platon. Dont où l'on peut poser aussi celle de Socrate. On peut penser la réponse apportée par Socrate à Ménon dans ce dialogue de Platon; est-ce que pensait Socrate? On ne peut pas être absolument sûr. Car il ne faut jamais oublier que de Socrate nous ne savons que nous en disent Platon, Xénophon et la doxographie, c'est à dire des opinions. Et ne prononce jamais pour argent comptant, ce que dis Platon à propos de Socrate! Car si on le faisait on ne pourrait pas comprendre pourquoi il dit quasiment le contraire à la fin même de Platon. Il y a des moments où ce n'est plus Socrate!
Et est-ce que là c'est encore Socrate? J'ai tendance à dire que oui! Pourquoi? Parce qu'il en appelle à la tradition tragique.
Cette réponse que Socrate va donner à l'aporie de Ménon, que nous allons étudier bientôt. C'est ce qui va fonder, je pèse mes mots! Ce qu'on appellera plus tard, la philosophie transcendantale.
00:21:52
Qu'est ce la philosophie transcendantale? Emmanuel kant (le père) c'est lui qui l'a appelé comme ça à la fin du XVIIIe siècle. C'est la philosophie qui pose qu'il y a une sphère de connaissance apriori (concept pur) qui est constitutive de la possibilité de connaître. Constitutive au sens, où elle n'est pas donnée par expérience.
Quand Socrate dit à Ménon ; quand tu me donnes des exemples, la bonne épouse, la bonne Hestia qui garde le foyer, le capitaine qui ne quitte pas son navire... Tous ces exemples que tu me donnes, pour que tu puisses dire que tous ces exemples appartiennent à la même catégorie, il faut que, cette catégorie que tu l'aies dans la tête sans l'avoir trouvé dans l'expérience. C'est elle qui te permet d'avoir une expérience. C'est elle que dans l'expérience de rassembler, un ensemble de chose que c'est la même catégorie. (Catégorisation - Archi-catégorie). Il y a des catégories qui ne sont données aprioris voulant dire le contraire a postériori, avant l'expérience. Et comme étant ce qui donne accès à l'expérience. Théorisé dans ce livre : Emmanuel Kant " Critique de la raison pure".
Après ce livre, à l'articulation du XIXe et XXe siècles, la philosophie devenant psychologie et en particulier psychologie expérimentale, c'est l'époque de Husserl... Cette question du jugement synthétique apriori, c'est comme ça que va l'appeler Kant, le savoir apriori ; c'est un jugement synthétique apriori (d'emblée composé qu'on ne peut pas le composer à partir de l'expérience). Elle va devenir de ce qu'on appelle, la question de l'innée et de l'acquis.
Qu'est-ce qui est innée? Qu'est-ce qui est donné par la nature, et qu'est ce que nous recevons de la culture. Et cette question de l'innée et de l'acquis, elle repose sur un profond mal entendu. Car elle s'imagine que c'est la même question que celle que pose, Socrate, kant, Descartes. Ce n'est pas la même question. Par exemple, cette question de l'innée et de l'acquis, on se l'a pose chez les psychologues expérimentaux, pour n'importe qu'elle limnée (un petit escargot qui vit au fond du Lac Clément et que Jean Piaget, un psychologue, qui était un Kantien à analyser, parce que c'est un animal qui n'a même pas 50 neurones, donc on peut lui faire des ablations de neurones et y voir se qui se passe, c'est un animal aux systèmes nerveux extraordinairement simples élémentaires). Mais la question que pose Socrate ne concerne pas la limnée, si on parlait dans le langage d'Aristote, on dirait, la limnée, c'est une âme sensitive, les questions que je pose-là ne concerne que les âmes noétiques.
Pourquoi ce malentendu a été inspiré par Descartes, il a employé le mot idée innée, il a dit, il y a aussi bien avant Kant, depuis Descartes que kant a pu avancer sa théorie la critique de la raison pure. Il faut que certaine idée m'est été donnée, qu'elle soit innée en moi par Dieu. Jacques Derrida, appellera le signifié transcendantal. Quelque chose qui m'arrive, d'une manière providentielle, un savoir providentiel. Ce n'est pas un savoir qui vient de la dérive des espèces, comme ça sera le cas, que cherchera à penser Jean Piaget. C'est un savoir qui procède de tout à fait autre chose. Alors on peut reste dans ce mystère? Je ne le crois pas... Noam Chomsky, il y a eu un grand débat avec Jean Piaget, et qui a cru que de ce qu'on appelle l'innée et bien c'est du câblé. Qu'il suffit de trouver le câblage qui est dans le cerveau pour comprendre que tout cela fonctionne. Et qu'à partir de là, on peut fonder des sciences cognitives qui sont elles-mêmes, la base pharmacologique du développement du capitalisme américain qu'il prétend combattre. Donc, il y a un problème pour moi, très préoccupant dans la figure de Noam Chomsky. D'un coté, il combat une civilisation américaine, il dénonce avec une violence parfois extrême d'ailleurs que je peux partager aussi. Mais d'un autre coté, ce n'est pas pour rien qu'il a été sacré l'intellectuel le plus prestigieux des États-Unis, il est au cœur de l'esprit cognitivisme américain, il est la base même du cognitivisme américain qui est pour moi est une calamité. Qui est la construction scientifique qui justifie toute idéologie, non pas de l'Amérique en générale, mais d'une certaine façon de concevoir, la computation généralisée appliquée à la finance, au comportement des consommateurs... Je dis tout ça pour resituer les enjeux, c'est parce que je veux discuter avec Chomsky et ceux qu'ils estiment et avec le contexte contemporain. L'aporie de Ménon est donc bien une aporie.
00:29:10
Qu'est ce qu'une aporie? Une impasse, une question sans solution, c'est une question qui se pose, une vraie question! Socrate ne dit pas ta question n'est pas une question, fiche-moi la paix avec ton truc, c'est un sophisme. Non, il ne dit pas du tout que c'est un sophisme. C'est une vraie question!
Mais c'est une question à laquelle, il n'est pas possible de répondre, par un discours ordinaire. Il est possible d'y répondre ou plutôt, il est possible d'en répondre... Un être responsable se pose des questions et il en répond, même quand il ne peut pas répondre par un discours ordinaire. Pour répondre à une telle question, une question aporétique, on ne peut pas rester sur le plan habituel du discours. Le discours censé, rigoureux, noétique au sens où il est logique non contradictoire. Qui est noétique qui resterait un discours ordinaire, qui resterait sur le plan de la raison défini comme rationalité commune respectant toutes les règles, que Emmanuel kant appelle l'entendement. Face à une question aporétique, dit Socrate, on ne peut répondre et on doit en répondre, c'est une question radicale qui appelle une réponse radicale ou à un répons radical... On ne peut en répondre que par une réponse ou par un répons extraordinaire. Je dois sortir de l'ordinaire pour y faire face. Un peu comme le saumon qui remonte à la source. C'est dangereux, c'est extrêmement dangereux même de sortir de l'ordinaire, ça peut me conduire au délire et je n'emploie pas ce mot par hasard, vous l'avez bien compris, on va en reparler beaucoup de délire. Je l'emploie parce qu'il est employé à plusieurs reprises dans un certain nombre de texte et surtout dans le banquet et dans Phèdre...
C'est le délire amoureux qui peut seul donner accès à la sagesse. C'est important! Seul ce délire donne accès à la sagesse. Il est choquant de voir Platon qui plaide partout ailleurs pour la rationalité, la réserve, celui qui se garde de la démesure, du délire, de la passion, du mensonge, de l'excès, en appeler ici au délire et à l'excès qui est le symétrique du défaut. Platon plaide régulièrement pour l'excès, pour le délire, l'enthousiasme ou encore la possession. Excès qui prend même la figure, l'excès de boisson, car dans le banquet, ils ont la gueule de bois ces gens-là. Ils ont fait la fiesta la veille, bien arrosé la victoire d'Agathon, ils se sont pris une cuite. Et à un moment donné dans le banquet, les autres qui sont à moitié bourré, ils disent : qu'est-ce que tu tiens bien Socrate, ils sont là entrain de bafouiller, l'excès est aussi présent comme ça. L'excès est aussi présent comme ça, c'est important, ce ne sont pas des espèces de personnages totalement raides, pas du tout. Ce sont des êtres vivants, bons vivants même.
Quel est le rapport avec Ménon? Dans la réponse que Socrate va faire, il en appelle aux prêtres, aux prêtresses, aux poètes et aux poétesses qui raconte l'histoire de Perséphone (la fille de Déméter - Coré la jeune fille). Dans cette histoire, il est question de l'excès et plus exactement du délire et de l'extraordinaire. Il est question du délire collectif que constituent la mythologie et la poésie qui sont chez les grecs reconnus non seulement comme des valeurs culturelles mais parmi les plus hautes valeurs et qui sont du délire. Délire y compris de la pythie, de l'oracle, de d'Elfe... Et qui sont ce qui a de plus précieux dans cette société extrêmement rationaliste, la Grèce de cette époque car elle devient très rationaliste. Hors la raison, elle s'oppose... Si Socrate est accusé comme Protagoras et tant d'autres en justice parce qu'on les accuse d'être devenus impie, de ne pas croire aux oracles, plus croire aux dieux, etc. Il y a des conflits... ça ne veut pas dire que Socrate congédie les croyances populaires ou les croyances tout court. Il dit : si on doit répondre à la question aporétique de Ménon, on est obligé de faire appelle à la mystagogie. Il faut passer sur un autre plan, il faut que la raison (le logos, la pensée rationnelle) se surpasse, qu'elle passe au-delà d'elle même... il faut qu'elle passe sur le plan de l'extraordinaire, c'est à dire du mystagogique. Et c'est ce qui constitue le fond, les mystères d'Éleusis.
00:37:00
Ce qui est à l'arrière plan de ce dialogue Ménon, qui n'est pas mentionné par Socrate ou par Platon mais qui est une évidence pour n'importe quel grec, de cette époque-là, c'est ce qui procède d'une expérience que tous les grecs ont eu, celle d'aller s'initier aux mystères d'Éleusis. Rituels où évidement Socrate et Platon sont allés, Platon le dit dans une lettre, la lettre 9, ils parlent des amis qu'on se fait aux mystères d'Éleusis, se sont les meilleurs amis qu'on peut se faire. Pas par hasard qu'il parle des amis.
Et ces mystères d'Éleusis de quoi parlent-ils? Ils commémorent la mythologie de Perséphone.
Introduction - On rentre dans le sujet du banquet qui est la question du délire amoureux en tant que source de la sagesse... Du désir en tant qu'économie libidinale, donc du rapport entre la Grèce antique et la psychanalyse et au-delà et la manière que le capitalisme s'est emparé de cette économie libidinale et la détruite, c'est cela qui est enjeu dans tout ça. Nous entrons, dans notre sujet ici parce que notre sujet c'est le banquet et dans le banquet, il s'agira de Diotima qui est l'héroïne du banquet qui n'est plus une femme toute jeune, c'est une prêtresse qui est à la fin de sa vie s'adresse dans le banquet à Socrate comme quasiment à un enfant. Comme Socrate s'adresse à Ménon, en lui parlant du haut de sa sagesse et comme un non-initié, comme à quelqu'un qui essaye de l'initié à quelque chose.
De l'underground au mystère
Et à quoi? À l'amour. Qui est Diotima?
C'est une prêtresse, c'est une mystagogue en ce sens-là.
Et des prêtres et des prêtresses et bien socrate en parle dans Ménon, pour répondre à l'aporie de Ménon:
Socrate : Oui, j'ai entendu des hommes et des femmes habiles dans les choses divines...
Ménon : Que disaient-ils?
Socrate : des choses vraies, à mon avis, et belles.
Ménon : Quelles choses? Et qui sont-ils?
Socrate : Ce sont des prêtres et des prêtresses ayant à cœur de pouvoir rendre raison des fonctions qu'ils remplissent ; c'est Pindare encore, et d'autres poètes en grand nombre, tous ceux qui sont vraiment divins. Et voici ce qu'ils disent : examine si leur langage te parait juste.
Lieu Éleusis, c'est là où se rendaient les grecs, chaque année, il y avait des rituels initiatiques qui duraient longtemps, il fallait marcher depuis très loin, il fallait emporter son baluchon. On souffrait, on avait faim, on avait soif, on dormait dehors et on se rendait à Éleusis entant que mýstês ; candidat à l'expérience des mystères.
De quel mystère s'agit-il? Il s'agit de mystère qui nous parle de Coré de Perséphone. Perséphone est le nom de Coré lorsqu'elle est devenue la femme d'Hadès (dieu des enfers) et de la mère de Perséphone qui s'appelle Déméter (déesse de l'agriculture)... Et ici, on voit comment ils se rendent aux mystères sur ce bas relief.
Déméter avait une fille, une Coré (qui veut dire jeune fille en grec). Il se trouve que Coré, Perséphone qui se baladait un jour dans les champs a été enlevée, raptée par Hadès qui est le dieu souterrain, des enfers et sous terre, il y a les âmes des morts, les âmes mortes, les âmes errantes. Les esprits qui errent sous terre qui sont morts mais qu'ils soient morts cela ne veut pas dire qu'ils sont disparus. C'est ça qui est difficile pour nous. En Égypte aussi il y a un culte des morts et que la plupart des sociétés monothéismes. Au Japon aussi, il y a des fantômes au Japon, il n'y pas de culpabilité au Japon mais il y a une honte et que si un être qui a commis un crime n'exprime pas sa honte du crime, la personne qui a été la victime de ce crime ne pourra pas revenir. Il y a quelque chose là qui est très universelle qui est le rapport des êtres que nous sommes nous, je ne parle pas du monothéisme et tant qu'ils ne sont pas monothéismes, ils ont un rapport aux morts en tant qu'ils reviennent...
Chez les grecs comme partout ailleurs, sous terre les âmes des morts errent et elles peuvent revenir. Un dieu règne sur ces âmes, il s'appelle Hadès. Hadès, c'est ne nom qu'est à l'origine de l'Aidôs de la honte. Le monde des morts, les enfers d'Hadès, c'est le monde des ténèbres que l'on appelle aussi chez les grecs. Et Perséphone, Coré vivent dans la lumière, rien n'est plus important qu'un grec d'avoir accès à la lumière. Surement encore vrai aujourd'hui mais chez les grecs antiques c'est fondamental. Hadès, le dieu des ténèbres voit dans la lumière la magnifique Coré, il tombe fou amoureux et il l'enlève sous le nom de Perséphone. Et Déméter va devenir folle, sa fille qui est partie ramasser des fleurs a disparu et elle va se mettre à la chercher partout. Et comme elle est obsédée pour retrouver sa fille, elle qui est le principe de la croissance du blé ; aillant perdue sa fille le blé ne pousse plus. Et les mortels crèvent de faim. Déméter est une déesse agricole qui enseigne aux raisons pour lesquelles pour que le blé pousse faut se remettre à retourner la terre. Pourquoi il faut travailler autrement dit. Et le mythe agricole de Déméter qui est le mythe de Perséphone qui est pratiqué dans les mystères d'Éleusis évidement à quelque chose avoir avec les sacrifices agricoles, les rituels agricoles qu'on trouve dans toutes les sociétés (chez les indiens, chez les juifs, par exemple, la Bible commence par les questions agricoles parle que des saisons, rituels, de sacrifices, etc.)...
Diaporama...Fin
Ma compréhension par rapport aux couleurs :
Rouge = MOI - SOI
GRIS = VOUS
BRUN = Tertiaire - MONDE
Orange = Poisson noétique
Turquoise = Personnages
Bleu = Oeil du cyclone - Mort
Rose = Les sophistes
Vert = Les questions
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