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Qu'est-ce l'anamnesis?



livre









Cours en différé du 13 novembre 2010 - Cours4 - 2 de Bernard Stiegler

Mes prises de notes


Épochè :

pharmakonLe mot " Épochè" époque, il rapport avec le temps et avec l'histoire... Des moments où les choses se figent et puis des changements d'époque. Une époque succède toujours une autre époque. Époqualité de la pensée, ça dit la temporalité de la pensée, c'est le temps. Un temps qui n'est pas le temps du devenir (temps physique), c'est le temps noétique, c'est le temps du logos...C'est un technologos, être dans le temps, ça n'est pas pour nous les êtres noétiques comme pour le vent, les cailloux, les brins d'herbe ou les animaux tout cela, ça subit le devenir sous des formes diverses, le devenir minéral n'est pas la même chose que le devenir végétal et pas la même chose que le devenir animal. Dans tout les cas, ce sont des formes du devenir des lois absolument aveugles de la nature. Nous nous ne sommes pas dans des lois aveugles, même si Monsieur Alain Minc, nous dit qu'il y a un devenir aveugle qui s'appelle les marchés financiers et qu'on y peut rien, il disait ça jusqu'en 2008, il n'ose plus le dire et même Monsieur Sarkozy l'a dit, on ne peut rien disait-il. C'est faux! On peut et on peut d'abord penser!

Et surtout quand on est président de la république, on doit penser, ce n'est pas qu'il pense aussi mal que ça mais tout ces gens-là, parfois pensent beaucoup plus qu'on ne l'imagine et on les regarde parfois de très loin avec un peu de mépris et on a tord, ne méprisez jamais les objets que vous observez! Même quand ils sont au pouvoir, on peut les détester mais pas les mépriser. Être dans le temps, cela veut dire pour nous les âmes noétiques, être capable de se transformer et en se transformant, en effet de transformer son petit monde. Par exemple le rangement de sa cuisine... Essayer de mettre son monde en ordre.

Sachant que le monde nous transforme en permanence, parce que le monde se transforme tout le temps. Il n'est pas composé que de nous, il y en a d'autres dans le monde. Par exemple, il y a des chinois, les fonds souverains du Moyen-Orient, ils achètent beaucoup de chose à Paris, en France. Ça se transforme, même si nous nous pensons que nous pouvons rester dans notre jardin bien peinard à l'abri... Nous nous leurrons lourdement, le monde se transforme, il nous attend pas pour se transformer. Si nous voulons, qu'il se transforme dans le sens qui nous paraît correct, possible, supportable, nous ferions bien, là-aussi, de mépriser les chinois, l'orient... Ça ne veut pas dire forcement les admirer ou les suivre mais essayer de comprendre ce qui se passe avec eux.

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Cette transformation, qui est une transformation du devenir en avenir, elle est fondée sur un rapport au temps, pour qu'il y ait de l'avenir, il faut non seulement du devenir qu'on transforme, mais du présent et du passé. L'avenir c'est quelque chose qui lié à un rapport au présent et au passé. Et ce rapport, lui-même il se transforme tout le temps, notre rapport au temps n'est pas quelque chose de stable. Ça se transforme sans cesse.

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Une trace du manuscrit d'Hérodote, le texte du premier historien, les grecs tout à coup qui passent par là et non pas par là, par les notations égyptiennes (écriture hiéroglyphique) c'est à dire divinatoire, elles ne sont pas du tout réglées par rapport historique mais par rapport divinatoire au temps. Ce sont des scribes, ce sont des prêtres qu'ils ont écrit.

Ça c'est un historien qu'il a écrit pas du tout un prêtre, il soumet par rapport au passé au critère de la vérité, c'est à dire du témoignage. Hérodote est encore un petit peu dans la légende, c'est vrai, c'est en fait Thucydide qui a véritablement fondé l'histoire mais le premier qui a posé le problème de l'histoire c'est Hérodote. Et il fait sortir de l'époque qui était celle des égyptiens, qui était le rapport divinatoire pour entrer dans la nouvelle époque qui est l'époque grecque. Époque - changement du rapport au temps.

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Cette transformation qui fait qu'on passe d'une époque à une autre, sachant qu'Épochè voulant dire interruption, suspension, conversion (Husserl), l'Épochè c'est ce qui se produit lorsque ça se produit parce que nous vivons des changements d'époque. Je crois que nous sommes entrain de vivre un changement d'époque et que c'est très douloureux, c'est inquiétant! Les changements d'époque ne se font jamais sans incident, il y a toujours de la casse! Donc, tout le monde est très inquiet en ce moment, à juste raison, ce n'est pas n'importe quel changement d'époque, c'est un changement d'époque planétaire et qui ne se produira que pour tous les pays à la fois. Donc avec un niveau de complexité absolument jamais connu avant... Tous les changements d'époque qu'avaient eus avant, cela se faisait sachant qu'il restait d'autre terre qui n'était pas encore affectée par les changements d'époque, ce qui permettait une soupape de sécurité, maintenant c'est fini.

[Donc, on peut cultiver son jardin... On peut comme dit le loup, dans la soupe au caillou et la poule dit: on peut rajouter un navet?... Le loup répond... on peut...]

Dans 3 semaines, nous réfléchirons à comprendre comment une Épochè, un changement d'époque ne peut se produire que par une individuation collective d'un type spécial.

Les conditions générales de toutes époqualités, de toutes capacités à changer d'époque quelle que soit l'époque concernée. Il y a des choses qui ne concernent que l'époque grecque, que les époques occidentales, que les époques asiatiques... Ce dont ce que je vais pour parler, ce que je crois concerner toutes les formes d'époque humaine...

Qu'est-ce que c'est l'individuation? C'est ce qui se passe dans le milieu noétique, il y en a partout même chez les hommes préhistoriques, tel qu'il n'est noétique que dans la mesure où on peut s'en arracher par intermittence et en cela le transformer, s'individuer est un processus de transformation.

Cette transformation est constante mais par moment, elle métastabilise une nouvelle époque, elle produit des phénomènes de transformation que le paysage se met à changer complètement. Ma thèse sur l'individuation, ma proposition de conversion c'est ce qui rend possible cette époqualité, cette transformation, c'est la technicité de ce que les grecs appellent les mortels.

pharmakon Je nous désigne comme des mortels dans le langage des grecs avant Platon... Ceux qui sont habités par la mort. Ceux qu'ils savent qu'ils mourront, vous le savez que vous mourrez et vous le savez tout le temps.

Exemple : si vous traversez la rue pour aller l'autre coté, vous regardez à droite et à gauche, même si vous n'entendez rien par sécurité, il vaut mieux que je regarde parce que vous vous attendez toujours par vous faire renverser par une voiture. Vous ne traverserez pas comme des chats qui traversent la rue en courant... Nous, nous sommes en vigilance constante.

Tout notre comportement consiste essentiellement à vivre en repoussant, un certain temps, une certaine Épochè qui est une Épochè très particulier qui s'appelle la mort. Car c'est aussi une suspension la mort, c'est aussi l'interruption. Freud : nous nous comportons fondamentalement en vue de repousser à plus tard le plus loin possible notre mort. C'est pour ça que nous travaillons par exemple. Mais un peu plus tard, en 1920, mais en même temps nous sommes attirés par la mort en tant que pulsion de destruction (Thanatos). Les mortels dans ce dangereux savoir de la mort, il est fascinant la mort peut nous attirer, soit pour la donner aux autres, soit pour nous la donner nous-mêmes par forcement en se suicidant mais en se autodétruisant. Cette pulsion de mort, elle nous habite tous en permanence, c'est une des dimensions de notre bêtise! Mais elle compose sans cesse avec la pulsion de vie, qu'il appelle aussi la pulsion érotique dans des jeux toujours un peu pervers. Ce savoir de la mort, c'est aussi un non savoir, ça nous protège, ça nous permet de supporter ce savoir, ce savoir de la mort nous le refoulons. Nous le vivons comme un non savoir et qui est d'abord l'expérience du fait que nous savons jamais quand nous mourrons, ou à l'instant ou jusqu'à 130ans. Mais nous ne savons pas comment nous mourrons, héroïquement? Anonymement? Lâchement? Indéterminé absolu ... La mort c'est la seule chose qui nous arrivera vraiment, on peut tout surmonter, des accidents, l'adversité... Sauf la mort! La mort qui arrivera forcement et bien elle ne vous arrivera jamais parce que vous ne la vivrez pas quand elle vous arrivera vous serez mort. Cet événement très paradoxal il aura une manière de vous arriver qui fait qu'elle ne vous arrive pas!

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C'est cela qui constitue ce caractère de non savoir (Socrate dans le Phédon: la seule chose que je ne sais pas c'est que je ne sais rien, pourquoi aurai-je peur de la mort? Je ne sais pas ce que c'est, pourquoi avoir peur de ce dont on ne sait pas ce que c'est). Quoi qu'il en soit ce rapport que les mortels ont à la mort, c'est ce qu'il leur fait cultiver un rapport aux immortels, aux dieux, les dieux de la Grèce. Les grecs cultivent leurs relations de mille manières, ils font des cultes, ils pratiquent des oracles, ils leur relèvent des temples, ils leur dédient pratiquement toutes les interprétations de leurs vaisselles... Les dieux de la Grèce sont absolument partout.

Pourquoi cultivent-ils une telle relation à leurs dieux? (Dionysos "représentation enfant") parce que entre les mains des mortels, a été mis le feu. Les mortels sont ceux qui entre leurs mains ont le feu. Le feu de Dionysos qui est porté par Hermès est je crois une incarnation symbolique parce qu'il incarne le débordement, l'excès, l'hybris ce qui veut dire aussi le crime.

pharmakon L' hybris c'est l'obsession des grecs, parce qu'ils sentent qu'ils ont une puissance entre leurs mains que jamais aucune humanité n'a eu. Ils sentent que cette puissance entre leurs mains les dépasse... une puissance divine pour eux, c'est le feu de Zeus et ils ont toujours peur que ce feu leur échappe, ils ont toujours peur de mettre le feu. Le feu est indispensable, c'est lui qui fait l'humanité mais c'est lui en même temps qu'il peut la détruire... Il est porteur de démesure, d'excès et il est le pendant d'un défaut... Les mortels (οι θάνατοι) ne sont que par défaut. Ils ne sont pas pleinement, ils sont inachevés, ils sont dans temps toujours entrain devenir autre chose, se compléter. Ils ne sont et ils ne vivent, ils ex-sister, se tenir hors, ils se tiennent hors d'eux. Comme on dit, il était hors de lui, colère, ces paroles ont dépassé sa pensée...

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Notre rapport à la technique c'est notre rapport à notre milieu, nous avons naturalisé le milieu technique, tout comme les poissons naturalisent l'eau. La seule chose qu'un poisson ne verra jamais c'est l'eau (Aristote)... Tout ce que nous constitue est une production technique de part en part mais nous l'avons oublié, nous l'avons naturalisé sauf lorsque nous voyons un nouveau modèle de voiture, un nouvel ordinateur... Mais la plupart du temps nous sommes comme le poisson, nous ne voyons pas la technicité du milieu que nous vivons. Nous croyons que nous vivons dans la nature, mais ce n'est pas la nature! Ce sont des prés, des champs...Tout ça est cultivé, des siècles, des millénaires que l'homme s'en occupe, la nature si vous voulez vraiment la voir, vous allez à voir du mal maintenant, une partie de l'Amazonie et encore! Et en générale, vous ne pouvez pas y vivre, vous ne surviviez pas, plus de 2 ou 3 jours!

Nous sommes dans la technique comme l'eau des poissons, mais notre milieu change régulièrement parce qu'il s'y produit de l'innovation. Ça ne date pas de la révolution industrielle, elle a énormément accéléré innovation mais du coup elle a permis de prendre conscience du fait que le monde changeait... Mais cela change depuis des millions d'années... Graphique technique

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pharmakonCe processus d'extériorisation qui se produit-là, c'est lui qui rend possible l'ex-istence, s'extérioriser c'est ce que je fais en ce moment, s'exprimer ou écrire, prendre des notes... Vous extériorisez de ce que vous entendez de ce que je dis, vous le mettez devant ce qui permet de réflexivement que vous considérez. Cette extériorisation technique n'a pas cessé de s'accélérer au cours des milliers d'années jusqu'au point où en 1995, Sony a déposé 5000 brevets (en 1 an). Tous les jours arrivent sur les marchés des milliers de produit nouveau, on produit en une journée plus de nouveauté qu'il n'en s'est produit en 4 millions d'années (l'homme de cro magnon). Ça veut dire que notre milieu s'est transformé à une vitesse inouïe! Est-ce que nous avons encore la capacité à penser cette transformation! Je vous dis que oui! À une condition, c'est de faire une conversion philosophique à apprendre à penser autrement. La production technique c'est extériorisation matérielle de la temporalité des mortels. C'est dont la manière, l'homme (le mortel) est entrain de marquer sa propre transformation et la rendre commune et partageable par d'autres...

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Si non considérons ces questions d'un point de vue très général et que nous cherchons maintenant à en dégager des principes très généraux applicables à toute situation humaine. Nous dirons que les humains sont constitués par le fait qu'ils savent qu'ils vont mourir et qu'ils vivent dans ce savoir en développant des savoirs qui visent à différer cette mort et ces savoirs sont des savoirs techniques qui visent à dépasser cette mort.

Ce sont des êtres vivants les être humains mais ils sont dotés non pas comme les êtres vivants supérieurs (sexués et dotés d'un système nerveux) ont deux mémoires :

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Programme génétique ... "Aucune communication entre le germaine et le soma", Darwin vs Lamarck... Ce que dit Jacob, on a fondé scientifiquement la théorie de Darwin contre Lamarck en montrant qu'il n'y a pas d'hérédité des caractères acquis (vos parents peuvent être bûcherons depuis des générations (200 ans) ce n'est pas pour autant que vous naitrez meilleur bûcheron à la naissance, ce qui fait que vous êtes, ce sont des combinaisons aléatoires de chromosomes, vous pouvez avoir des caractères qui remontent à 200 ans. De toute façon, les gros biceps de vos oncles, de vos grands-pères, ils ont été produits par des exercices physiques et non pas par leurs génomes.

Cela signifie que s'il n'y a pas d'hérédité des caractères acquis, l'expérience de l'individu ne peut pas se transmettre à la collectivité. Il y a des choses qui peuvent se transmettre mais pas d'une manière par l'expérience.

Exemple : si vous avez des caractères déviances ce qu'on appelle des caractères mutants, ils peuvent se transmettre à la descendance mais s'ils sont vraiment mutants ils vous handicapent par rapport à l'équilibre que vous avez par rapport au milieu, ils vous défavorisent pour la lutte pour la vie sauf si le milieu change et à ce moment-là ils peuvent devenir un avantage (Darwin).

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À partir du moment où l'homme apparaît, une troisième mémoire apparaît qui n'est ni génétique, ni épigénétique qui est une mémoire technique, ethnique et technique et moi je l'appelle la mémoire épiphylogénétique

Épiphylogénétique : produite par l'extérieur de l'individu

Phylogénétique : parce qu'elle est transmise de génération en génération

À ce moment-là, la technique devient le milieu et ce milieu c'est un milieu mnésique, c'est une mémoire, dans n'importe quel objet technique vous avez de la mémoire qui se garde. Ça forme une troisième mémoire qui constitue une rupture de l'histoire de la vie, c'est ce qui va faire que les hommes vont se mettre à évoluer non plus sous la pression de sélection... Nous devenons des héritiers, nous passons de l'hérédité à l'héritage. Nous héritons par exemple de Platon, par exemple de Socrate, par exemple de Tales, du Pharaon, des chamanes, hommes préhistoriques... Et si nous pouvons en hériter, c'est parce qu'on a compris que depuis... L'homme s'est technicisé et a développé une troisième mémoire.

C’était au temps où les dieux existaient, mais où n’existaient pas encore les races mortelles. Or, quand est arrivé pour celles-ci le temps où la destinée les appelait aussi à l’existence, à ce moment les dieux les modèlent en dedans de la terre, en faisant un mélange de terre, de feu et de tout ce qui peut encore se combiner avec le feu et la terre. Puis, quand ils voulurent les produire à la lumière, ils prescrivirent à Prométhée et à Épiméthée de les doter de qualités [dunameis], en distribuant ces qualités à chacune de la façon convenable. Mais Épiméthée demande alors à Prométhée de lui laisser faire tout seul cette distribution : « Une fois la distribution faite par moi, dit-il, à toi de contrôler! » Là-dessus, ayant convaincu l’autre, le distributeur se met à l’œuvre. En distribuant les qualités, il donnait à certaines races la force sans la vélocité; d’autres, étant plus faibles, étaient par lui dotées de vélocité; il armait les unes, et, pour celles auxquelles il donnait une nature désarmée, il imaginait en vue de leur sauvegarde quelque autre qualité (…) En tout, la distribution consistait de sa part à égaliser les chances, et, dans tout ce qu’il imaginait, il prenait ses précautions pour éviter qu’aucune race ne s’éteignit.

… Mais, comme, chacun sait cela, Épiméthée n’était pas extrêmement avisé, il ne se rendit pas compte que, après avoir ainsi gaspillé le trésor des qualités au profit des êtres privés de raison [aloga], il lui restait encore la race humaine [non-aloga] qui n’était point dotée [akosmeton]; et il était embarrassé de savoir qu’en faire. Or, tandis qu’il est dans cet embarras, arrive Prométhée pour contrôler la distribution; il voit les autres animaux convenablement pourvus sous tous les rapports, tandis que l’homme est tout nu, pas chaussé, dénué de couvertures, désarmé. Déjà, était arrivé cependant le jour où ce devait être le destin de l’homme, de sortir à son tour de la terre pour s’élever à la lumière. Alors Prométhée, en proie à l’embarras de savoir quel moyen il trouverait pour sauvegarder l’homme, dérobe à Héphaïstos et Athéna le génie créateur des arts [ten enteknen sophian], en dérobant le feu (car, sans le feu, il n’y aurait moyen [amekhanon] pour personne d’acquérir ce génie ou de l’utiliser); et c’est en procédant ainsi qu’il fait à l’homme son cadeau. Voilà donc comment l’homme acquit l’intelligence qui s’applique aux besoins de la vie. Mais l’art [sophia] d’administrer les cités, il ne le posséda pas! Cet art était en effet chez Zeus …. Dans la suite, Prométhée fut, dit-on, puni du larcin qu’il avait commis par la faute d’Épiméthée.

Or, puisque l’homme a eu sa part du lot divin, il fut, en premier lieu, le seul des animaux à croire à des dieux; il se mettait à élever des autels et des images de dieux. Ensuite, il eut vite fait d’articuler artistement les sons de la voix [phonen] et les parties du discours [onomata]. Les habitations, les vêtements, les chaussures, les couvertures, les aliments tirés de la terre, furent, après cela, ses inventions [eureto]. » Platon, Protagoras, 320d-322a


Les hommes, au début, vivaient dispersés [sporadès ] : il n’y avait pas de cités; ils étaient en conséquence détruits par les bêtes sauvages, du fait que, de toute manière, ils étaient plus faibles qu’elles; et si le travail de leurs arts leur était d’un secours suffisant pour assurer leur entretien, il ne leur donnait pas le moyen de faire la guerre aux animaux; car ils ne possédaient pas encore l’art [tekhnè ] politique, dont l’art de la guerre [polémikè] est une partie. Aussi cherchaient-ils à se rassembler, et, en fondant des cités, à assurer leur salut. Mais, quand ils se furent rassemblés, ils commettaient des injustices [étaient adikoun] les uns à l’égard des autres, précisément faute de posséder l’art d’administrer les cités [ten politikhen tekhnen]; si bien que, se répandant à nouveau de tous côtés, ils étaient anéantis. C’est alors que Zeus, craignant pour la disparition totale de notre espèce, envoie Hermès porter aux hommes l’aidô [la pudeur, le respect, la honte- peut-être pourrions nous dire aujourd'hui le sentiment de la finitude] et la justice [dikè], afin qu’elles fussent la parure des cités [poleon kosmoï : le faire-monde des cités] et le lien [desmoi] par lequel s’unissent les amitiés [philias sunagogoi : se rassemblent, se rapprochent]. Sur ce, Hermès demande à Zeus de quelle manière enfin il donnera aux hommes la justice et l’aidô : « faut-il que, ces tekhnaï aussi, j’en fasse entre eux la distribution [nenemestai] de la même façon qu’ont été distribuées [neimô] les autres techniques ? Or, voici comment la distribution s’en est faite : un seul individu, qui est un spécialiste de la médecine, c’est assez pour un grand nombre d’individus étrangers à cette spécialité; de même pour les autres artisans [demiourgoï]. Eh bien! La justice et l’aidô, faut-il que je les établisse de cette façon dans l’humanité ? Où faut-il que je les distribue indistinctement à tous ? – A tous indistinctement, répondit Zeus, et que tous en aient leur part! Il n’y aurait pas en effet de cités, si un petit nombre d’hommes [oligoï], comme c’est par ailleurs le cas avec les autres techniques, en avaient leur part. De plus, institue même, en mon nom, une loi, au terme de laquelle il faut mettre à mort, comme s’il constituait pour la cité une maladie, celui qui n’est pas capable de participer à l’aidô ni à la justice. » Protagoras, 322a-322e
Source: Pharmakon.fr



Pandora : si je n'aurai pas de "sexe" je ne l'a verrai pas comme un désir, mais plutôt comme avec des yeux d'enfant! Même sa curiosité me fait penser à celle d'un enfant avec une soif de savoir justement pour garder toujours l'"espoir", et elle le garde! Mais qu'est-ce l'espoir? L'inventer ou le découvrir?


Ma compréhension par rapport aux couleurs :

Rouge = MOI - SOI
GRIS = VOUS
BRUN = Tertiaire - MONDE
Orange = Poisson noétique
Turquoise = Personnages
Bleu = Oeil du cyclone - Mort
Rose = Les sophistes
Vert = Les questions
Mes commentaires

Par rapport à nous ~~~~~~~~~~~ Par rapport à soi





Cours en différé du 13 novembre 2010 - Cours4 - 2 de Bernard Stiegler à l'école de philosophie d'Epineuil le Fleuriel,

Mes prises de notes 15-25 juillet 2014