Mes prises de notes
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INTERCOURS p2
INTERCOURS ~ 7 novembre 2010 :
Platon va dire dans le Phèdre que la pratique de l'écriture va empêcher l'accès aux idées. Tout notre problème se situe-là. L'esclave de Ménon est lettré (il sait lire et écrire) et ceci constitue la condition de l'activité noétique de la pensée par soi-même, ce que Platon appelle la Dianoia. Platon, lui-même ne voit pas cela et c'est ce qui fait qu'il ne développe pas le coté curatif du pharmakon.
Lorsque Socrate dit dans Phèdre, que l'écriture est un pharmakon (un remède et un poison), il admet que l'écriture est un remède, il ne développe pas ce point-là, il développe essentiellement le fait que c'est aussi un poison et il finit par oublier de dire en quoi c'est un remède et finalement il finit par oublier que c'est un remède. Ça pose un énorme problème car il va lui-même pratiquer l'écriture comme un remède, mais il ne va pas théoriser sa pratique de l'écriture comme remède et on a l'impression que sa théorie n'est pas cohérente...
INTRODUCTION cours 4 -1 :
Des images ça fait penser.
Ça modifie la manière d'enseigner la philosophie, ça me fait penser différemment, c'est une question que seul les artistes connaissaient jusqu'à maintenant. Travailler avec les images et penser autrement avec les images. Maintenant avec les multimédias, nous sommes tous appelés à connaître, je pense en tant qu'enseignant, nous sommes dans l'obligation, dans l'impératif de penser à nous y mettre à travailler sur ces techniques de l'image. Parce que c'est la nouvelle pharmacologie, le nouveau pharmakon du 21ème siècle.
Le mode d'emploi de tout ça, avec ligne de temps : vidéo-livre...
Faire attention avec les lycéens car quand je dis : Platon dit ça, c'est moi qui dis que Platon dit ça, ce n'est pas tout à fait la même chose...
Noter le Timecode quand on démarre la caméra, qu'on puisse noter... 13ème min. 32sec. Il faut que j'aille revoir ça sur le site car il y a truc que je n'ai pas bien compris ou un truc que j'ai envie de réécouter parce qu'on ne va pas tout réécouter cela dur trop longtemps. Il faudra que nous revenions dont la façon de se servir de ces enregistrements, car il y a beaucoup de chose à faire avec ces enregistrements!
COURS 4 -1 :
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La philosophie, faire de philosophie, étudier de la philosophie, c'est de pratiquer une conversion, toute philosophie est une conversion. Un mot qui semble religieux, c'est proche, d'ailleurs, il y a des philosophes qui sont religieux, des théologiens. Mais en même temps ce n'est pas religieux, une conversion de regard, un changement d'attitude. Chez Platon ce changement d'attitude, cette attitude qu'on n'a pas spontanément mais que la philosophie cherche à nous faire acquérir, ça s'appelle l'anamnesis (réminiscence). Pour Platon l'anamnesis c'est la vraie, la véritable pensée, c'est à dire la pensée par soi-même. La seule pensée qui soit vraiment une pensée. Mais cette pensée-là, on n'y accède pas spontanément, on n'est pas dans l'anamnesis, on est dans la répétition des autres, on se comporte comme des perroquets ou comme des singes. Il faut un travail sur soi pour accéder à l'anamnesis.
Platon dit : cette pratique suppose, une scène qu'il appelle une relation dialectique, un dispositif, un type de pratique du langage et de la pensée qui s'appelle le dialogue.
Si les dialogues de Platon sont des dialogues, ce n'est pas seulement pour des raisons littéraires...
Mais d'abord, le maître de Platon, Socrate ne parlait, ne pratiquait qu'en dialoguant, il disait qu'on ne pouvait penser en dialoguant. Soit dans un dialogue avec un autre, soit dans un dialogue, soit avec soi-même... Cela suppose qu'on est au moins deux, même quand on est seul, même quand on dialogue avec soi-même, on est au moins deux, on le verra dans Phèdre, dialogue très important dans ce cours.
Où Socrate décrit l'âme comme un attelage de chevaux, de deux chevaux. Deux chevaux qui sont conduit par le logos, par la raison qui cherche à les tenir. Au moins deux chevaux mais il peut en y avoir quatre chevaux, six chevaux, huit chevaux... ou des attelages d'esclaves!
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Ces différents moteurs de cet attelage, il y a en au moins deux et puis d'autres qui diront après Platon, Socrate... Qu'il y en a plus deux, la littérature dira ça. Marcel Proust par exemple, il dira nous sommes plusieurs, en fait je suis hanté par tout ça, les guerres, Swann, Odette de Crécy... tout ça sont des fantômes qui me hantent et qui me constituent, tout ça c'est moi. D'ailleurs, quand le Roi dit: l'État c'est moi, il peut y avoir quelque chose de ce type-là! Peut-être que nous en tant que nous sommes un égo, un moi peut-être que nous nous sommes le roi qui règne sur nos fantômes. Depuis la fin du 19ème siècle, la psychiatrie pose que nous sommes habités par des tas de personnalités. Dans certain cas, notre cocher quand l'attelage ne marche pas bien, ça s'appelle les personnalités multiples, la skyzophrénie, des explosions comme ça qui peuvent arriver à tout moment, moi ça m'est arrivé... Louis Jouvet explique dans son cours d'art dramatique, en 1942 dans la France occupée à Paris, qu'un bon comédien c'est celui qui doit savoir qu'il est habité par des personnages et du coup il doit être capable de faire passer ce personnage en premier plan pour les mettre sur la scène...
La pensée magique (Claude Levis Strauss), c'est une pensée qui est habitée par des esprits, où les esprits sont libres. Il y en a partout d'abord, il hante le monde, mais il ne faut pas croire que les gens qui vivent dans ce monde-là sont des primitifs, des arriérés, non, nous aussi. Mais nous, nous avons intériorisé une raison qui vient de Socrate et qui nous a appris à pacifier ses esprits et à transformer les esprits en un esprit, ce qu'on appelle L'esprit, le "νοὐς" en grec, spiritus sanctus en latin et esprit saint...
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Si j'insiste sur cette possibilité que l'âme soit plusieurs, au moins deux selon Socrate, c'est à la fois comme le dit Phèdre, elle abrite en elle des tendances contradictoires, c'est ça que dit Phèdre l'attelage avec les deux chevaux qu'ils veulent partir dans les deux sens différents et qui sont tenus par le cocher c'est ce qui figure ce caractère clivé de l'esprit.
Et Freud dira que ces tendances contraires ce sont des champs pulsionnels, et que ces champs pulsionnels on peut les classer, il y en a pas que deux des pulsions, il y en a des grandes quantités mais on peut les classer en deux grandes catégories qui sont les deux chevaux de l'attelage. L'un est la catégorie d'Éros, une pulsion de vie. Éros qui est le héros du banquet, le dieu du banquet et d'autre part Thanatos (la mort) qui est la catégorie de pulsion qui a rassemblé, la pulsion de la destruction peut dominer le monde.
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Ce qu'Aristote décrit comme une âme noétique, cette âme ne peut passer à l' acte noétique que par intermittence, de temps en temps, comme le poisson volant qui sort de l'eau qui sort du milieu noétique. De temps en temps, qui est en capacité de voir le milieu noétique et donc de le penser. Ce n'est qu'en sortant du milieu noétique que l'âme noétique pense noétiquement. Mais si on reprend cette métaphore du poisson volant qui guide tout ce cours...
Qu'est-ce qui fait ce poisson volant? Il tente de sortir de l'eau et de s'élever vers le haut (comme Icare) et il retombe. Il est à la fois attiré vers le haut, il se sert de ses nageoires pour essayer de voler quasiment comme Icare, il plane un certain temps, dans les vents alizés et il faut qu'il reprenne de l'oxygène donc il retombe en bas (pléonasme) quoi que les astronautes...
Ce jeu de force, l'attelage Socratique du Phèdre, les pulsions de vie et les pulsions de mort de Freud, Le haut et le bas d'Aristote...
Ça donne une résultante, il y a un jeu de force, nous sommes habités par des forces, en nous il y a deux forces qui s'opposent et comme toutes les forces qui s'opposent et produisent une force résultante comme en physique.
Cette résultante n'est pas forcement positive, elle peut être négative et à ce moment-là, l'âme noétique régresse (des moutons) en comportement grégaire. Nous nous transformons sans cesse, il n'y a pas d'état stable, nous sommes jamais stable ou bien nous progressons ou biens nous régressons entre les deux il n'y a rien.
Vision binaire
1 au 0 on régresse ça me fait penser à l'économie destruction créatrice quoi qu'il n'y a rien de créatif car on reconstruit du déjà vu. C'est ce qui se passe avec le binaire aussi il est entrain de s'autodétruire! Car avec binaire il est utilisé surtout pour les algorithmes qui produisent des simplifications "une boucle", si pour les solutions, vrai ou faux...
Vision universelle
1 vers l'infini, on progresse économie contributive, surtout pas détruire mais toujours à la recherche comme le transformer, l'évoluer, le penser, apprendre, découvrir...
Exemple : avec les invendus des supermarchés, à la place de les détruire et en refaire au plus vite. On essaye des les redistribuer mais ce n'est pas encore la solution car on passe par cette économie de destruction créative. Je la vois comme une économie de redistribution. Au fait, j'y arrive pour de petite chose mais pas encore une économie universelle pour concurrencer l'économie " destruction créatrice " mondiale. Car tous ces magasins qui ferment, j'ai un doute que cela vient de nous en consommant moins, mais bien d'eux pour détruire et refaire partir leur économie!
Car ne pas progresser, ça veut dire ne pas apprendre car à chaque fois que nous nous élevons nous apprenons quelque chose, pas seulement en allant écouter un conseil...
Exemple : si nous goûtons un pot-au-feu qui est cuit d'une certaine manière qu'on n'a jamais mangé, nous apprenons que le pot-au-feu peut être cuit comme ça ou nous apprenons qu'il n'est pas bon.
Nous nous enrichissons, nous nous augmentons notre être, notre puissance d'agir, nous ajoutons une spirale supplémentaire à notre spirale d'individuation. Mais lorsque nous n'apprenons rien, nous ne restons pas égo à nous-mêmes car nous vieillissons, le temps passe et pendant tout ce temps que nous apprenons rien est du temps perdu et à jamais perdu. Et lorsque nous laissons le temps passer, sans rien à apprendre de ce temps, nous régressons, nous devenons plus bête. ou voir la bête Nous avons de plus en plus de mal à apprendre quelque chose de nouveau. Nous nous sclérosons, nous nous fossilisons. Et nous en sommes tous là! Sauf peut-être le tout petit enfant...
Il faut s'en cesse s'entrainer par forcement à faire du vélo ou de la philosophie... Il y a des champs de transformation dans cette situation que l'on est pour lutter contre sa paresse, la paresse, ici ce n'est pas le farniente, le farniente est peut-être une manière de travailler. Mais la paresse c'est le recul devant sa propre transformation. C'est la tendance mortifère, c'est la tendance à céder à la pulsion de destruction de soi-même qui consiste à se replier sur soi et à se laisser mourir comme une espèce de mort-vivant. Et pour lutter contre ça, il faut prendre soin de ça, il faut développer un art de vivre et chacun à son art de vivre, chaque fois que nous aimons quelqu'un, c'est parce que nous aimons son art de vivre. Et puis, on peut cultiver cet art de vivre véritablement délibéré... La technique de vivre.
Se détacher, réfléchir sans la matrice. Cette question qui ne m'a jamais quitté : si elle n'existait pas ? Par exemple: je n'ai jamais voulu un emploi et à 42 ans toujours pas eu et j'ai tout ce que j'ai toujours voulu! (du moins jusqu'à maintenant) Mais je n'y arrive pas pour les autres! Car c'est de vivre à risque, qu'eux cours de plus grave danger dans leur sécurité de pacotille. (Sécurité cela n'existe pas comme le gratuit pourtant les 2 mots-là, dans le marketing fonctionne très bien) Et maintenant que le plus grands nombres s'en aperçoivent, ceux qui ont vécu comme moi nous devons porter leurs fardeaux du "travail" qui n'ont jamais aimé, mais n'essayent même pas de réfléchir à comment changer cette situation. Hors qu'il suffirait, un revenu de base ou un salaire à vie (Bernard Friot), économie contributive (Bernard Stiegler)... Si un jour cela se fait, sachez que j'ai vécu ainsi! Et si un jour je devrais par obligation à avoir un emploi, je sais que cela sera ma mort. Sauf s'il y a changement dans l'économie.
00:26:00
S'il nous faut sans cesse apprendre à vivre et lutter contre le renoncement à la vie et à une vie digne parce qu'on peut vivre comme un porc aussi. De plus en plus, nous avons tendance à vivre et à penser comme des porcs, en ce moment, si nous avons tendance à vivre et penser comme des porcs, c'est parce que en nous il y a deux tendances, une vers le haut une vers le bas. Nous sommes habités par des esprits, Socrate lui-même est habité par un esprit, plus d'un, mais pour lui il n'y en qu'à un (son Daïmon)... Il est ventriloqué par son démon, nous le sommes tous ventriloqués, même si nous le savons pas, la plupart des choses ce n'est pas qui les disons nous répétons des choses qui ont été dites, que nous n'avons pas pensé par nous-mêmes. C'est nos parents, c'est la publicité, c'est la télévision... Nous répétons énormément de choses. Mais parfois, nous sommes ventriloqués par des esprits et certains de ces esprits sont très mauvais et d'autres sont très bons.
Un problème avec Platon, c'est d'en finir avec les esprits, il trouve que les esprits sont dangereux, il voudrait qu'il y ait l'esprit. Et c'est ce qui fait et pour beaucoup de gens, en particulier Saint Thomas d'Aquin, il prépare le christianisme. L'unification du monothéisme.
Socrate cet être qui défend la raison (le logos - non contradictoire - rationnel) il est habité par les rationnels car le Daïmon ce n'est pas franchement rationnel pour nous... Livre: DODDS - Les grecs et l'irrationnel
00:31:15
Chez Platon, la pensée vraie, la pensée qui pense vraiment suppose une conversion qu'il appelle l'anamnesis (un effort de mémoire) Lire un passage de l'aporie de Ménon.
C'est Ménon que Socrate parle pour la première-fois d'anamnesis, pour expliquer l'anamnesis Platon qui déteste les prêtres, les mystagogues, les poètes... Tout ce qui est irrationnel. La seule façon d'expliquer l'anamnesis c'est de convoquer les prêtres, les prêtresses et les poètes, les poétesses. Lui Platon qui déteste tellement ces gens-là, dont il dit : ils sont des faiseurs d'histoire, des illusionnistes, des techniciens (art). Pour justifier ce que c'est l'anamnesis qui est la conversion philosophique par excellence, il fait appelle justement aux prêtresses et aux prêtres. Je dis les prêtresses parce qu'on va voir venir une prêtresse à un moment donné dans le banquet et on va apprendre que c'est elle qui a formé Socrate, elle s'appelle Diotima. Cet appel à l'irrationnel chez Platon, pour expliquer l'anamnesis par les prêtres et les poètes dans le Ménon et dans le banquet et puis dans Phèdre, il passe par encore autre chose qui est l'amour, le sujet du banquet c'est l'amour, c'est le désir. Et dans Phèdre qui est un dialogue postérieur au banquet (2, 3, 4 ans)... dans Phèdre, il n'y a plus que l'amour, plus du tout de prêtresse... Mais il y a toujours l'amour. Et dans tous ces livres-là, dans tous textes-là et surtout dans le banquet de Phèdre.
Platon dit : la philosophie, c'est à dire la conversion d'anamnesis (c'est lui qu'il invente) c'est une histoire d'amour. La philosophie, c'est l'amour du savoir, c'est l'amour de la sagesse, c'est une affaire de désir.
Le désir c'est ce qui structure les âmes en tant qu'elles sont noétiques, nos âmes en tant qu'elles appartiennent
aux "νοὐς". Ce n'est pas Platon qui dira ça, c'est Aristote (30 ou 40 ans plus tard).
Aristote dira dans le lycée que l'âme noétique, c'est une âme désirante et que le désir est le cœur de la pensée et de la philosophie.
Des questions qui sont liées à La théorie du désir ... Jacques Lacan
00:35:35
Nos âmes disent Platon puis Aristote et avant eux probablement Socrate...
Nos âmes aiment le savoir et désir le savoir, ça veut dire que la question de la vérité, méfiez-vous quand je dis vérité (ça vient du latin) en grec cela se dit : Alètheia.
L'alètheia (vérité "penser en grec") est essentiellement liée à la question du désir (Éros, amour)... La Philia dont Aristote parle dans le politique, ce qui rend possible la communauté c'est que nous nous aimons, nous ne pouvons pas vivre ensemble si nous n'avons pas un minimum d'amour les uns pour les autres et ce n'est pas du christianisme, c'est un discours de grec bien avant Jésus-Christ. Cela se dit Philia. Quand Paul de Tarse, celui qu'on appelle quand on est chrétien "Saint Paul" traduira, exprimera la vie du Christ en grec, parce que Paul est un juif grec. Le christianisme en réalité c'est le judaïsme qui commence à penser en grec et qui commence à intégrer à la pensée grec, dans la pensée du Dieu unique des juifs et dans l'éthique des juifs. Et bien on ne parle pas d'Éros, on ne parle pas de Philia (il y a aussi mais) mais on parle d'Agapè et le mot qu'introduit Paul de Tarse c'est l'Agapè...
00:39:14
Que veut donc dire vrai?... Nous partageons avec les grecs, nous avons hérité des grecs un certain rapport avec quelque chose que nous appelons nous la vérité, quelque chose qui est vrai et depuis les grecs et ça n'a jamais existé avant, jamais dans aucune société! C'est quelque chose qui fait l'objet d'un débat public et dans ce débat public, il y a un critère, ce critère c'est la vérité.
Chez les grecs, que sont les grecs? Ils sont une communauté, une collectivité assez vaste, tenons-nous aux athéniens (cela se passe à Athènes, 300 à 400 âmes) tous ces gens-là s'individuent collectivement, ils deviennent ensemble, ils désirent ensemble leur avenir. Ils transforment le devenir en avenir... Du devenir, il y en a en ce moment, il y en a, vous ne le voyez pas mais tous ces murs-là sont entrain de se dégrader, vous ne vous en rendez pas compte, vous n'êtes pas physiciens, vous n'avez pas les instruments pour observer cette dégradation. Mais si vous avez entendu parler de la théorie de l'entropie et bien vous savez que tout cela se dégrade. Vous vous dégradé déjà, vous avez des cellules qui meurent... tout se décline, la théorie de l'univers en expansion, cet univers va vers de l'entropie...
Toute cette déclinaison, cela s'appelle le devenir. Dans ce devenir, nous pouvons produire des bifurcations, c'est çà dire des trajectoires inédites. Ces bifurcations, ce n'est pas seulement du devenir, c'est de l'avenir.
L'individuation collective c'est la manière dont à plusieurs, en groupe, en tant qu'on est grec, en tant qu'on est juif, en tant qu'on est chrétien, en tant qu'on est habitant, en tant qu'on est de la famille... On partage un rapport au devenir et une façon de le transformer en avenir. Cette transformation du devenir en avenir, cet avenir converge, vous savez que c'est une spirale et les spirales n'ont pas de fin.
00:43:53
Les grecs sont un peuple, des citoyens qui partagent les mêmes lois, le même territoire, la même architecture, la même langue, le même alphabet (ioniens) et ils partagent surtout une façon de transformer le devenir en avenir qui consiste à soumettre tout le devenir au critère de la vérité. Ils existent dans toutes les sociétés des critères de transformation du devenir en avenir. Dans la société du prêtre roi, chez les grecs, chez les mésopotamiens, chez les égyptiens et dans ces sociétés-là, ce n'est pas la vérité qui sert de critère pour transformer le devenir en avenir, c'est la divination, les devins, des scribes. La Grèce est compliquée à étudier, en même temps qu'en Grèce vous avez la critériologie vertitative, soumise au critère de vérité pour prendre des décisions. Il y a aussi les oracles, il y a aussi la Pythie (la divination), donc c'est compliqué tout ça!
Ce qui fait la spécificité de cette société grecque, c'est malgré tout, pour tous les aspects de la vie au moins collective, elle a adopté ce critère qu'on a appelé l'Alètheia (vérité) qui permet d'établir de manière délibérative des faits devant un tribunal. À partir du 7ème siècle av. J-C, en Grèce quand il y a un conflit entre individu, cela se tranche devant un tribunal avec une procédure contradictoire, il faut argumenter c'est comme ça que la rhétorique va se développer, il va falloir argumenter et des jurés vont se réunir et vont trancher, en leur âme et conscience. Déjà à cette époque-là, la justice à la figure de la balance qui essaye d'équilibrer les plateaux.
- Il y a, la vérité mathématique;
- Il y a, la vérité géométrique qui apparait elle aussi, au 7ème siècle avec Tales en particulier;
- Il y a la vérité produite par le raisonnement logique (raisonnement non contradictoire, non cumulatif) si tu as dit "a = 3" tout à l'heure, tu ne peux pas maintenant dire "a=4"... tu es obligé d'assumer tous ce qui précède... les attendus du raisonnement;
- Un rapport historique au passé, où tout à coup, on ne se contente plus d'un rapport mythologique... Le passé, il faut l'attester par des preuves, capable de montrer des archives... Il faut trouver des témoins;
- La vie collective dans son ensemble est fondée sur une transformation constante des règles de cette vie, ça s'appelle la politique et cette politique est débattue avec tous les citoyens qui doivent argumenter contradictoirement véritativement, ils doivent démontrer quand c'est possible, ils doivent argumenter avec persuasion quand on ne peut pas démontrer, parce qu'il y a des choses qui ne sont pas démontrables. Et si on n'arrive absolument pas à se mettre d'accord, par exemple pour prendre une décision de guerre, éventuellement on va aller voir la Pythie ou pratiquer des rituels oraculaires ou divinatoires. Mais cette société-là est rentrée dans le règne de la vérité.
Socrate et Platon apparaissent au moment, où la vérité grecque est entrée en crise. La philosophie n'est pas la naissance de la question de la vérité, la pratique de la vérité apparait 2 siècles avant la philosophie avec les présocratiques. Mais à l'époque de Socrate, la vérité est entrée en crise. (Voir 1er cours) ...
00:50:57
Modalité de conversion d'une question qui se transforme à travers le temps. Ça veut dire tout philosophe est toujours quelqu'un qui convertit des conversions. Moi-même, je soutiens le statut philosophique, je me défini comme philosophe. Je soutiens, qu'aujourd'hui la philosophie contemporaine rencontre la nécessité d'une nouvelle conversion et je propose cette conversion.
Cette conversion que je propose est une interprétation des conversions précédentes y compris la conversion de Platon (L'anamnesis), la conversion de Descartes (Le doute méthodique), la conversion de Kant (La critique), la conversion de Husserl (la phénoménologie)... et beaucoup d'autres!
La conversion que je vous propose et à travers laquelle je vais interpréter Platon.
Elle consiste à poser en générale que la philosophie appelle la conversion c'est la sortie du milieu de notre existence (le poisson volant). Chaque fois que Platon, Descartes, Kant proposent une conversion philosophique parce qu'ils sont capables de sortir du milieu noétique dans lequel ils sont. Ils sont capables de produire un écart, par rapport à ce milieu de s'en écarter pour y retourner et d'y produire un déplacement, un mouvement qui peut être extrêmement violent qui peut conduire à un arrachement, comme on arrache une dent et ça peut leurs couter cher! Giordano Bruno brûlé vif à Rome, il a voulu faire une telle conversion, ça lui a coûté la vie, une mort terrible! Et Socrate le tout premier philosophe meurt de cette conversion qu'il propose.
Comment se fait-il qu'on puisse s'arracher au milieu, si c'est possible c'est parce que le milieu noétique dans lequel nous vivons n'est pas un milieu stable, c'est un milieu métastable. Un état métastable, c'est un état à la limite de l'équilibre, ce qui veut dire aussi à la limite du déséquilibre. C'est un système dynamique, c'est un processus en mouvement, un processus dynamique. Le milieu dans lequel nous vivons est en mouvement comme ces spirales. Nous-mêmes, nous sommes en mouvement, notre conscience tend à tout stabiliser, parce que nous avons besoin d'être identique à nous-mêmes, dans notre inconscient ça bouillonne. Et la société c'est pareil, nous avons tendance à la voir homogène mais en fait, elle est bouillonnante. En réalité, ce milieu métastable qui est toujours à la limite de l'équilibre et toujours à la limite du déséquilibre (un équilibre instable). Un équilibre qui est toujours au bord de tomber ou éventuellement s'envoler...
Si ce milieu noétique est métastable (ni stable, ni instable) parce que non seulement il est logique, le milieu noétique, logique, dans le logos, rationnel, symbolique, mais il est aussi technologique. C'est ça ma conversion, si j'ai une petite notoriété en philosophie c'est parce que j'ai publié, il y a 20 ans, un livre, qui s'appelle "La faute d'Épiméthée". Où je dis : il faut interpréter tout Platon, avec Platon mais contre Platon. En essayant de montrer contre Platon mais en partant de lui... en le retournant contre lui-même. Essayer de montrer ce qu'il reproche aux sophistes, les sophistes disent que tout est fait par la technique et avec ses propres arguments, il faut essayer de reprendre les arguments de la sophistique pour dépasser la sophistique. C'est ça ma conversion.
00:57:17
C'est ce que je pose, s'il est possible de sortir du milieu noétique, c'est parce que ce milieu est lui-même en constant changement et on est en capacité de changer à notre rapport à ce milieu parce que ce milieu est lui-même constamment entrain de changer, c'est un milieu technique... et cette technicité se transforme PRESQUE toute seule. Et dans cette transformation que la technique engendre, nous nous transformons nous-mêmes. Et lorsque nous nous transformons positivement parce que nous pouvons nous transformer négativement, mais lorsque nous nous transformons positivement, nous nous transformons dianoétiquement. Nous accédons à ce qu'appellent les grecs : la dianoia.
Arrivée à ce point du cours + les actualités, je me sens comme sur le Titanic, que cela coule avec d'autres possibilités...
La dianoia, la noēsis coupée en deux, cela nous renvoie aux deux, être capable de penser par soi-même en dialoguant avec soi-même. Se dialectiser, réfléchir, se réfléchir. La dianoia c'est la réflexivité où je me réfléchis, où je réfléchis en me réfléchissant, en me mettant à distance éventuellement de moi-même. Par l'intermédiaire de mon démon (Socrate). La dianoia c'st un creux en moi, un écart, une schize, schizophrénie, un clivage, le sujet est clivé, coupé en deux et c'est ça qui le fait penser, un clivage dans l'âme, la psychè, une fêlure... Moi je dirais, c'est un langage de ma conversion un défaut.
L'âme noétique est en défaut, c'est parce qu'elle est en défaut qu'elle est dianoétique, elle est fêlée, elle est défaillante, elle est imparfaite, elle flanche sans cesse, sa mémoire flanche. Mais ce défaut qui affecte cette âme et qu'on peut appeler la bêtise de cette âme et bien ce qui l'a fait penser.
Exemple : Épiméthée, c'est l'imbécile dans la mythologie grec, c'est le frère de Prométhée qui est le plus intelligent des dieux. Épiméthée, c'est l'imbécile, il est bête. Sauf qu'en grec, "Épiméthéia" ça veut dire sagesse, c'est un synonyme de Sofia. Comment ça se fait que le nom du dieu grec qui dit la bêtise devient un nom commun dans la langue commune "Épiméthéia" : la sagesse!?
C'est parce que celui qui est bête peut réfléchir sur sa bêtise...
En fait, mon héros, personnellement c'est Épiméthée, il fait des bêtises et après il réfléchit sur les bêtises qu'il a fait, c'est à partir de ces bêtises, il devient un peu moins bête. Sachant qu'il ne deviendra jamais pas bête. On est toujours un peu bête. Je vous invite à bien réfléchir à ce fait que vous êtes tous bêtes et moi aussi. Et que si vous voulez à penser philosophiquement, commencer par réfléchir à quel point vous pouvez être bête.
Nous sommes bêtes, c'est à dire technique car on verra que cette bêtise est liée à notre technicité, ce défaut qui nous affecte irréductiblement qui dans le monothéisme s'appelle le péché originel. Ce défaut peut se renverser dans ce qu'il faut, la dianoia le fait qu'on est clivé qu'on est à la fois bête et un peu moins bête, ça peut devenir la réflexivité, on peut devenir intelligent à partir de notre bêtise.
Transformer le devenir en avenir, parce que le devenir c'est bête, que tout coule!
Transformer le devenir en avenir, c'est transformer la bêtise en intelligence. Chez moi, l'intelligence ce n'est pas le QI, l'intelligence ce n'est pas dans mon cerveau, dans votre cerveau mais entre nos cerveaux, c'est entre nous l'intelligence. Au 18ème siècle, l'intelligence désigne la relation sociale, être en bonne intelligence, c'est d'être en bonne relation, être attentif, très sociable, très soigneux, très soucieux des autres... C'est une relation l'intelligence. Cela étant que la bêtise peut se transformer par une technique de soi, une conversion en une forme d'intelligence, c'est à dire avec les autres, être parmi les autres. Ça suppose la capacité de suspendre, de se mettre en arrêt comme Socrate (son démon l'interrompt) et pour rentrer dans une " Épochè"'.
Ma compréhension par rapport aux couleurs :
Rouge = MOI - SOI
GRIS = VOUS
BRUN = Tertiaire - MONDE
Orange = Poisson noétique
Turquoise = Personnages
Bleu = Oeil du cyclone - Mort
Rose = Les sophistes
Vert = Les questions
Mes commentaires
Par rapport à nous ~~~~~~~~~~~ Par rapport à soi