Prise de notes - Partie 1
Dans Ménon, Socrate pour répondre à l'aporie : Comment t'y prendras-tu Socrate pour trouver de ce que tu ne sais pas déjà? Comment le chercher si tu ne le connais pas et comment le reconnaître si tu le trouves. Socrate répond en convoquant un élément de la mythologie (Perséphone)... Conglomérat hérité : Croyances religieuses, populaires, poétiques... Paradoxe, Platon convoque cette mythologie pour fonder la vérité. Alors que la vérité qu'il cherche à établir à pour but de détruire cette mythologie. De passer de la croyance au savoir. De la croyance populaire qui relève des poètes mais aussi des prêtres, des mystagogues. De Diotima qui est une prêtresse. Au savoir qui lui est géométrique qui n'est pas un objet de croyance mais de connaissance. J'insiste sur ce point car il est très paradoxal qu'en fait Socrate fonde la connaissance sur quelque chose dont je ne dirai pas que c'est la croyance mais que c'est de l'ordre du mystérieux. Dans Ménon qu'est un dialogue de la première période de Platon. Par ailleurs, cette problématique va revenir plus tard, dans le banquet. Et on verra, Diotima, celle qui initie Socrate à des mystères de l'amour.
La philosophie c'est l'amour du savoir. Le savoir philosophique à un rapport inaliénable, c'est à dire irréductible à l'amour et l'amour c'est un mystère. Ce que je vous dis là, ce n'est pas simplement de la rhétorique, un jeu d'image ou un théâtre d'ombre (caverne de Platon) mais ce n'est pas ça. Ce qui est enjeu derrière tout ça. C'est que Freud appellera des processus d'idéalisation. Pas d'amour sans idéalisation d'objet aimé (il vaut plus que tout, plus que la vie). C'est aussi l'enjeu de Ménon, pas de géométrie non plus sans objet idéalisé. Le triangle est un objet idéal qui d'ailleurs n'existe pas. Et en fait tous les objets qui méritent qu'on les estime, qu'on les aime, tous les objets de la sagesse. Car c'est ça la sagesse c'est savoir tenir à ceux qui méritent qu'on y tienne. Ce sont des objets idéalisations. Le cœur de la question Platonicienne : l'idéalisation.
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Qui sont les poètes? Ce sont ceux qui voient l'invisible.
C'est aussi ce que dit Socrate, il voit quelque chose qu'on ne voit pas d'habitude. Tu m'énerves Ménon! Avec ton aporie, tu me poses des problèmes en même temps tu as raison, c'est une vraie question... Je vais te répondre et je vais passer par les poètes, parce qu'eux, ils voient l'invisible. Sans leurs secours, je ne peux pas te répondre; à moi tout seul, je n'y arriverai pas.
Ces poètes qui voient l'invisible, ils appartiennent à la culture de la honte, la culture tragique. Cette culture de la honte, tragique ce n'est pas une culture de la culpabilité. Chez les grecs, il n'y a pas de culpabilité. Il y a des coupables, bien entendus mais ils ne souffrent pas d'un sentiment de culpabilité. Parce que quand ils passent à l'acte criminel, quand ils transgressent, c'est l'Atè. Ils sont possédés par un dieu, un mauvais dieu, un démon qui les possède mais eux... Ils sont possédés mais ils ne sont pas coupables. Ils n'ont pas un sentiment de culpabilité mais un sentiment de honte.
Dans cette culture tragique de l'Aidôs (la honte) dont le nom vient du dieu Hadès, dieu des morts. C'est dans cette culture que Socrate peut déclarer que les poètes sont ceux qui sont vraiment divins. C'est stupéfiant que dans Platon que les poètes sont ceux qui sont vraiment divins quand on sait que dans le livre de la République, il dit les poètes, il faut les mettre à la porte de la cité!
La culture de la honte, la culture tragique, c'est celle des mystagogues. La culture où dans laquelle, règnent la pratique et le culte des mystères d'Éleusis. C'est celle que les poètes chantent. Tout ce que disent les poètes, jusqu'à Socrate ne parle que de cette culture de la honte, de ce monde où il y a des dieux partout.
Un point très complexe qui consiste à démêler, dans les textes que nous lisons-là.
Il faut démêler ce qui relève d'une part : l'âme immortelle. Il faut démêler ce qui relève de l'exigence proprement Socratique et qui reste tragique (que l'âme mortelle ne veut pas devenir immortelle).
Il faut démêler ça de ce qui n'appartient dans les dialogues de Platon et qui est attribué à Socrate. Qui n'appartient néanmoins que, à la réappropriation Platonicienne des paroles de Socrate. Et qui à mon avis n'est pas Socratique, je ne pourrais jamais vous le démontrer, j'essaye de vous en convaincre. Pourquoi? Parce que Platon progressivement, au fil des 50 années, Platon évolue et progressivement, il transforme le discours de Socrate. Il le met à sa sauce. Pas par malhonnêteté, parce qu'il y a des contradictions dans la vie, donc il essaye de blinder l'enseignement de Socrate. Mais il le modifie.
Et par ailleurs, il vit une époque d'un arrachement au Conglomérat hérité.
C'est l'époque qui cherche à s'émanciper complètement de la société qu'on appelle alors archaïque, des croyances populaires, etc.
Et cela à pour conséquence que Socrate qu'est encore un penseur tragique qui est très proches des poètes, des mystagogues et même des sophistes (son meilleur ami, Protagoras).
Socrate appartient encore à l'âge tragique (l'âge présocratique). Tandis que Platon appartient à l'âge métaphysique. Il ouvre une époque que l'on appelle la métaphysique, et dans laquelle, nous vivons nous-mêmes encore.
Même si notre époque, au 20ème siècle à travers, Heidegger, Derrida... vont essayer de déconstruire la métaphysique et avant eux même Emmanuel Kant commence à saper la métaphysique... Pourquoi est-ce que je creuse, ces questions avec tant d'insistance... Parce que je crois que ce ne sont pas des marécages annexes de la pensée occidentale.
C'est le tréfonds de notre inconscient et c'est quelque chose qu'il faut examiner d'extrêmement prêt qui a été profondément refoulé, par pratiquement 25 siècles de culture occidentale.
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Je crois à la référence du Conglomérat hérité par Socrate, la convocation de Diotima, des prêtresses des mystagogues, etc. c'est typiquement le Conglomérat hérité, c'est l'atê, l'enthousiasme. Ce n'est pas un simple artifice rhétorique... C'est une nécessité extrêmement profonde, si non, Diotima ne reviendra pas dans le Banquet. L'appel aux mystagogues pour répondre à l'aporie de Ménon est inévitable. En ceci qu'il convoque une sphère (qui reviendra donc avec Diotima) comme la question du désir et comme le mystère de l'amour. Qui est aussi ce que Socrate appellera : penser dans le beau. C'est donc aussi la question du beau qui est derrière tout cela.
L'art, quand on comprend Van Gogh, on a tout compris de l'art.
Le plus BEAU est derrière tout cela : Comment te dire? Que tout est noir
Dans ce tableau, il y a aussi ce +1, un +1 sans retour
Une logique du +1, ce "+1" est invisible à partir d'un point qui abouti au néant, la folie ou cette sensation de folie c'est quand on a perdu ce point... Et quand, il y a retour le tout se forme.
La "logique" du +1 (sensation d'un autre). D'où, j'ai l'impression entre Blanchot et Socrate... Blanchot a continué sa route du infiniment +1, pas Socrate. Malgré qu'ils avaient fait le "même parcours". Socrate est revenu au point, qui n'a rien avoir avec la mort, même si parfois on y meurt.
Et certains artistes, des personnes se perdent dans ce +1 : "elle passait ses journées à lire, à travailler son chant, à écrire des chansons.
« A la suite de ça, fatiguée du milieu, elle a décidé d’arrêter et on est partis. »"
C'est vraiment le cas de le dire "MILIEU", ça n'existe pas c'est du tout au rien, rien au tout.
Ces questions qui donc surgiront dans le Banquet conduiront Platon dans le Banquet, et surtout dans Phèdre. Le Banquet, cela reste un dialogue du tragique. Phèdre c'est plus tard... très proche de La République et c'est la charnière où Platon bascule dans la pensée contre l'époque tragique. Dans le banquet, à partir du moment où Platon avec Socrate s'appuyant sur le dialogue Socrate avec Diotima...
Platon à travers Socrate va faire de la philosophie, de l'amour du savoir, la question de la sublimation de l'amour.
Sublimation de l'amour, pourquoi? On va s'apercevoir, ceux qui dialoguent, ceux qui dans le Dialogos, dans la dialectique, dialoguant de manière sincère et en s'aimant, comme des amants ou comme des amis... Mais Socrate dit, si vraiment nous nous aimons, nous nous aimons dans l'amour du beau et si nous nous aimons dans l'amour du beau, nécessairement, nous allons nous aimer, dans l'amour à ce que en quoi le BEAU nous introduit à savoir le VRAI et le JUSTE.
Chez les grecs de l'époque de Platon, il n'y a pas de séparation possible entre le vrai, le juste et le beau. Tout cela marche ensemble, ce n'est pas la même chose! On peut être juste en étant pas dans le vrai, on peut être beau en n'étant ni juste, ni vrai, etc. On peut être admiratif du beau sans accéder à la vérité. Mais quand on accède au beau, on a beaucoup plus de chance à accéder à la vérité. Voilà ce que dit Socrate dans le Banquet. Sa genèse de l'amour (philo-genèse) sa genèse de ce qui arrive quand on aime et de l'évolution de ce que c'est l'amour... En vieillissant progressivement, on va se détacher du corps, ce qu'on va aimer c'est de moins en moins le corps, la matière, et c'est de plus en plus l'idée. La pureté de l'aimable, la pureté de ce qui est à aimer, la pureté pour elle-même.
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En disant cela qu'est-ce que j'appelais tout à l'heure, l'idéalisation, le processus de l'idéalisation et ça j'applaudis des 2 mains. Je pense que c'est effectivement ça, qui est la condition d'accès à ce que les grecs de cette époque-là, appelle ça : Sofia, sagesse, savoir.
Le problème, néanmoins, c'est qu'en disant cela Platon va progressivement opposer l'âme d'un coté et le corps de l'autre. Il va dire l'âme en accédant progressivement à la vérité se détache du corps et finalement cela va emmener Platon à opposer l'âme et le corps.
Platon : Opposition | ||
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L'âme est le siège de l'amour | Le corps est le siège de la pulsion |
Tout au rien, rien au tout : Juxtaposition | ||
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Tout Tu sais maintenant de ce coté du monde, on étouffe. L'odeur du soufre et le cristal brisé s'incrustent au tréfonds des chairs. En direct, nos cœurs en dissection | ||
Dors mon ange, dors | Dans leurs paniers à ordures, Il y aura 510 versions. Pour engraisser les porcs | |
Rien ne pourra jamais nous enlever nos frissons. On mixera la voûte céleste avec le macadam. Et tu m'emmèneras... |
Détroit : Ange de désolation
Mixer les 2, c'est le tout mais ce 4ème "cas", un oubli? RIEN (néant, il y est là, en juxtaposition). Et ce rien vient quand on impose ce choix obligatoire. Car quand on a connu le tout, on ne peut plus faire ce choix. Et pourtant, ils sont bien là aussi avec Socrate... Les exilés (rien). Socrate à sa mort, justement il n'a plus suivi ce néant, malgré qu'il le faisait (Ce tout au rien), il a fait son retour, à la source (ce point) et qui n'a rien avoir avec la mort, sa mort.
Paul de Tarse (Saint Paul) 4e siècle et demi après, et qui faisant la synthèse, ce juif grec qui a lu Platon qui connait ça comme sa poche. Et qui est aussi un juif qui a lu la Bible et qu'il a connait comme sa poche et qui en plus est peut-être, je ne dirais pas l'éditeur mais en tout cas, le grand manitou du rassemblement des évangiles et de leurs circulations... Il va fonder le christianisme. Et sur quoi il va se fonder ce christianisme sur l'opposition :
Et sur quoi, il va se fonder ce christianisme sur : L'opposition | ||
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L'âme est le siège de l'amour | Le corps est le siège de la pulsion |
Et cette opposition ne vient pas de Saint Paul, elle vient de Platon! L'amour du coté de l'âme d'un coté... La pulsion du coté du corps de l'autre... là je ne parle pas le langage de Platon! Du mot pulsion (en allemand), au concept de Freud que je me réfère ici, c'est un mot de la psychanalyse, c'est un mot du début du 20e siècle. Qui n'est pas l'instinct! Chez Platon, on ne parle pas de pulsion, on parle de passion, le mot pulsion n'existe pas chez les grecs... Passion à propos de ce qui est décrit par Freud par des pulsions...
Le problème c'est que l'amour est aussi une passion, tel que Platon décrit l'amour par exemple dans le Banquet... C'est une passion. L'amoureux est passionné par son objet, donc l'amour est aussi une passion. Donc le problème de Platon ça ca être de distinguer 2 types de passions. Une passion que moi j'appellerai l'amour et une autre passion que j'appellerai la pulsion. Sauf que lui, il ne les distingue pas, il a besoin d'un critère pour les distinguer alors il va dire, il y a une bonne passion, c'est la passion de l'amour, celle qui conduit à la purification à l'idéalisation, etc. C'est la passion de l'âme. C'est l'âme passionné par la connaissance, c'est la Philosophia. La Philosophia est la passion pour le savoir ; ou pour la sagesse. Un philosophe c'est ça. Quelqu'un qui est passionné par la sagesse mais cela ne veut pas dire qu'il est sage! Comprenez-moi bien! Si vous venez me dire ah mais tu as fait ça... tu n'étais pas sage! Et alors, cela ne vous donne pas le droit d'en faire autant! Ce n'est pas parce que le curé vous dit quelque chose et que lui-même le fait, ça vous émancipe de l'obligation de ne pas faire de ce qu'il fait de pas bien. Ce pauvre curé il est comme Saint Antoine, il est à plaindre. Lui il se sent coupable, moi je me rends pas coupable de quoi que ce soit, j'ai honte pour lui en revanche. Il vaut mieux avoir honte, parce que les gens qui se sentent coupables deviennent méchants et agressifs... Ils s'en prennent aux arabes, aux juifs, aux Roms etc. Ce n'est pas des gens biens. Les gens qui ont honte, ils commencent à avoir honte d'eux mêmes. Quand éprouve de la honte pour quelqu'un qui se comporte de manière honteuse. Si on a honte c'est parce que en soi-même, on est capable de faire la même chose. Donc la honte nous éduque. Gilles Deleuze avec la condition de la pensée, c'est d'être capable d'éprouver de la honte et d'avoir honte de la bêtise. Mais avoir honte de la bêtise d'un autre, ce n'est possible que si on est d'abord capable d'avoir honte de sa propre bêtise. Si non on n'a pas honte, on se réjouit de la bêtise de l'autre, parce qu'on croit que cela nous rend plus intelligent. Gilles Deleuze consiste à nuire à la bêtise et ça consiste à nuire à sa propre bêtise. À luter contre sa propre bêtise. Et par conséquent, aussi contre celle des autres.
Quest-ce que la sagesse? J'ai vraiment du mal avec le mot : sagesse, justement, car il est possible de refaire la même bêtise! La sagesse mon cul ! Même Sophia n'y fera rien.
00:27:07
Platon essaye de distinguer deux types de passions. La passion de l'amour et la passion de la pulsion.
Il y en une qui est une bonne passion, c'est un remède, c'est la Philosophia c'est l'amour, autant qu'il remédie à la bêtise. Il rend plus proche, plus passionné de vérité, de sagesse, de connaissance.
Et puis, il y a une autre passion qui est mauvaise qui est une sorte de poison. Et Platon s'imagine qu'on peut séparer les 2, c'est là qu'il sort du tragique.
Les tragiques disent, non, on ne peut pas séparer les deux, précisément, le remède est toujours aussi le poison.
Je peux avoir un objet d'amour qui peut devenir un objet de pulsion. Je peux aimer ma femme toute ma vie et puis d'un seul coup je la découpe en rondelle, parce que je suis pris par la pulsion destruction... ça existe, on voit ça tous les jours dans les cours d'assises. C'est notre terrible réalité, ces nôtres pauvres êtres pharmacologiques, c'est cas de Saint Antoine, il n'y échappe pas. Ce à quoi veut échapper Platon c'est à la situation pharmacologique, du coup il va opposer, l'âme au corps et il va rompre avec l'époque tragique parce que justement les tragiques, les présocratiques n'opposent pas, ils composent. Ils disent qu'il n'y a que de la composition, il n'y a jamais de simple opposition. Dès que vous voulez opposer quelque à autre chose, c'est que l'autre chose est dans la chose que vous lui opposé. Elle y est mais vous ne la voyez pas. Et il n'y a rien de pire, ce qui rend bête, dogmatique, borné. Donc, il faut apprendre à penser en composition.
00:28:51
Socrate reste un tragique, ce n'est pas un métaphysicien et sa parole qui reste mythologique, en ceci qui fait appelle au Conglomérat hérité.
Et plus tard qui fera appelle à son Conglomérat hérité son milieu préindividuel... Cette immortalité de l'âme, c'est celle d'un savoir, c'est celle d'une parole à la fois daïmônique. Socrate jusqu'à sa mort... Mon démon m'a dit ça. Et là il ne m'a rien dit du tout... Du début à la fin Socrate est un être daïmônique, un être tragique et un savoir impersonnel mais + (Maurice Blanchot - Livre la bête de Lascaux - il explique La parole oraculaire, un savoir impersonnel). Je parle mais ce n'est pas moi qui parle, ça parle en moi : un savoir impersonnel. Et ce que cherchait Maurice Blanchot, j'écris mais ce n'est pas moi qui écris. Ça écrit à travers moi, Blanchot ce n'était pas un mystagogue, un mystique du tout... mais en même temps, il disait la véritable parole, c'est la parole oraculaire, la parole impersonnel. C'est quand ma parole me dépasse que ça parle vraiment, si non cela ne m'intéresse pas. Maurice Blanchot, n'a jamais voulu qu'on le prenne en photo, parce qu'il ne voulait pas qu'il y ait une trace de sa petite personnalité, médiocre, mesquine comme toutes les personnalités.
À Maurice Blanchot : À ton infiniment tout, À ton infiniment rien.
Des nombreux dialogues de Platon lui-même en particulier, les premiers, témoignent le caractère daïmônique et tragique de Socrate. Et cette dimension tragique, n'implique une opposition entre l'âme et le corps. Et tout ce que va dire Socrate, de ce qu'il appellede l'immortalité de l'âme est incompatible avec cette opposition de l'âme et le corps. Bien qu'en effet Socrate parle d'âme immortelle, il n'oppose pas l'âme et le corps.
Dans l'apologie de Socrate... Pour sa défense de sa vie, il ne craint pas la mort parce que la seule chose qu'il sache :
Il dit : je sais qu'une seule chose, c'est que je ne sais RIEN. La vertu mon cul.
Ne compte pas sur moi pour te dire ce qu'il faut penser, pense par toi-même ou RIEN.
Il y a peut-être quelque chose que je sais dans l'apologie de Socrate, au cours de son procès. C'est que je ne sais RIEN de la mort. J'ai un savoir de la mort, comme tous les mortels.
La seule chose que je sache, à travers ce savoir de la mort, c'est que la mort ne peut que rester absolument, radicalement inconnue et indéterminé.
Et que je n'en sais absolument RIEN. Ce savoir est un non-savoir.
Car craindre la mort, ce n'est pas autre chose que de se croire sage, alors qu'on ne l'est pas, puisque c'est croire qu'on sait ce qu'on ne sait pas. Je ne crains pas la mort car craindre la mort ce n'est pas autre chose de se croire sage, alors qu'on ne l'est pas.
00:35:34
Qu'est-ce en effet, juges, que craindre la mort, sinon s'attribuer un savoir qu'on a point? N'est-ce pas s'imaginer que l'on sait ce qu'on ignore? Car, enfin, personne ne sait ce qu'est la mort, ni si elle n'est pas par hasard pour l'homme le plus grands des biens. Et, pourtant, on la craint, comme si l'on savait qu'elle est le plus grand des maux.
On ne peut pas séparer la mort et la honte. Et les dieux n'ont pas honte, ils ne savent pas ce que c'est la honte. Ils ne peuvent pas être affectés par la honte. Un pauvre mortel, comme vous et moi, peut avoir honte. Non seulement il peut mais il a toujours honte à un moment donné. Les Dieux se promènent tout nu, ils n'ont pas besoin de la feuille de vigne.
Aucuns dieux, sauf la déesse Perséphone, elle va être condamnée à éprouver la honte. Elle que justement pas d'être susceptible d'éprouver la honte puisque c'est une déesse. Oui, mais elle va être violée. Perséphone a honte d'avoir été violée par Hadès qui est aussi un dieu.
Menteur est celui savoir de ce qui se passe dans l'Hadès. Méfiez-vous de ce qui disent : voilà, ce que c'est l'Hadès. Moi, j'en sais RIEN, pour ça que je n'ai pas peur de la mort. Et je boirai la cigüe si vous voulez que je la boive. Cela ne m'effraye pas. Cela ne m'impressionne pas. Je suis beaucoup plus impressionné par la vérité, la justice et la beauté, c'est à dire la fidélité à tout cela. Que par la mort.
Celui qui dit savoir ce qui se passe dans l'Hadès, c'est un menteur... Donc, Platon est un menteur. Platon devrait en toute rigueur être considéré comme un menteur. Si Platon vient à dire que l'Hadès c'est l'immortalité des âmes. En fait, c'est là où les âmes se détachent du corps, pour aller dans la pureté de leur vie immortelle. Pour Socrate c'est un mensonge. C'est peut-être vrai, mais on ne peut pas le savoir. Donc, c'est un mensonge ou un sophisme.
Moi qui suis morte plusieurs fois cliniquement. Je n'ai rien vu juste une sensation de paix. Je le dis par MON expérience et non pas comme une vérité. D'où, je comprends Socrate, car chacun qui ont eut ça... Voient des choses différentes (lumière, chemin, familles mortes...) et quand je parle de mes morts cliniquement, je ne pense pas que ce soit la mort car je suis encore-là. Il n'y a pas une réponse universelle et que ce soit dans les religions, traditions... Donc, même morte cliniquement, je ne pense pas qu'on sait... D'où, je suis d'accord avec Socrate.
Platon dira l'âme est immortelle, je le sais, je le pose en principe fondamentale de ma philosophie. Il trahit en ce sens-là, Socrate.
Il ne dit pas que l'âme est immortelle, il dit qu'il ne craint pas la mort et qu'il se peut que l'âme soit immortelle, etc. Socrate dit on ne peut pas avoir de savoir sur ce sujet c'est le non-savoir par excellence. Et Platon dit je sais quelque chose et c'est la base de tout ce que je vais vous enseigner, pas dans ce dialogue-là mais beaucoup plus tard. Donc, il trahit son père. Il le tue une deuxième fois, il le ré-assassine. C'est ça la métaphysique de Platon.
Comprenez-moi bien, même si j'aimerai bien être un tragique, je n'accuse pas Platon d'être coupable de quelque chose. J'essaye de comprendre ce qui se joue, et il y a des raisons pour que Platon va faire tout ça.
00:42:09
Platon fuit quelque chose, et il fuit le caractère Daïmônique de Socrate, précisément. Il fuit l'héritage du Conglomérat hérité. Il fuit la question du caractère Daïmônique de tout objet d'amour. Y compris le triangle, y compris l'objet du savoir géométrique. Si Platon peut commettre ce dérapage, peut en venir ainsi trahir Socrate. C'est parce que Socrate lui tend une perche. Dit des choses... Socrate ayant entendu la sentence finale, t'es condamné à mort. Et tu vas boire la cigüe, et qu'il ne va pas la boire pour des raisons religieuses, tout suite. Il attendra 3 semaines, normalement il aurait dû la boire toute suite. À l'époque, quand un homme en Grèce était condamné à mort, exécution immédiate. Mais là pour des raisons culturelles, il faudra qu'il attente 3 semaines, dans une prison. Au cours desquelles, ses amis viendront le voir, essayeront de le convaincre de s'enfuir. Il dira aller vous faire foutre. Ne comptez pas sur moi pour me dédire.
Si non, mon Kleos serait foutu. Tout le crédit que j'ai acquis auprès de la jeunesse athénienne serait ruiné. Et mes enfants en plus, n'aurait plus de père, du tout. Ni moi, ni la cité. Donc, ne comptez pas sur moi.
N'empêche qu'à la fin, de son procès, il vient d'être condamné à mort et il répond, je m'en fous pas mal. Je vais me retrouver, là-haut, là-dessous plutôt avec Homère, Hésiode, Orphée... c'est génial!
Si la mort est comme un départ de ce lieu pour un autre, s'il est vrai comme on le dit, que là-bas sont réunis tous ceux qui sont morts, que pourrions-nous imaginer de meilleur?
Donc en arrivant chez Hadès on sera débarrassé des gens qui prétendent être des juges et qu'on y trouvera les juges véritables.
On sera débarrassé des médiocres que ceux-là seront oubliés. Dans l'Hadès, on y trouvera ceux qui ne s'oublient pas. On y retrouvera les demi-dieux... On y fera société avec Orphée, Musée, Hésiode et Homère qu'elle merveilleux passe-temps...
00:48:20
Tous ceux-là, ce sont ceux que Ménon appelle des héros... Ces héros, ils acceptent aux Kleos, c'est ça qu'ils les font rentrer dans l'Hadès. Le Kleos, la réputation, la fidélité, qu'ils les protègent de l'oubli. Et qui en cela les fait, plus au moins, entrer dans le fond préindividuel. Bien entendu que "Jeanine Trochet", tout le monde ne la connait pas, encore qu'elle ait écrit de magnifiques livres, dont j'espère qu'un jour je les rendrais publics. Ce sont des très beaux livres poétiques et que peut-être qu'un jour elle ira auprès d'Orphée, parmi les poètes... tout ça rentre dans le fond, préindividuel, Socrate est rentré dans le fond préindividuel de la planète entière avec Bouddha et Jésus-Christ et Mahomet... Puis il y a Jeanine, Frédéric, Léonie... Ils ont un Kléos plus localisé mais cela n'empêche pas d'être tout aussi divin. Mais il affecte moins largement le fond préindividuel. Mais il affecte quand même, moi je suis nourri par Frédéric et Léonie. C'est fondamental, ils m'ont appris à vivre avec mes parents bien entendu. Cela étant, parents, enfants, grands-parents... c'est ça qui est enjeu, le Conglomérat hérité, c'est un jeu entre génération, il y a des conflits de génération, des histoires de génération, qui passent par des pharmakas quand l'écriture apparait, on va le voir maintenant... ça change les relations entre les générations.
Et on accuse Socrate, d'avoir pervertit la jeunesse. Celui qui détruit, la génération des natifs du mythologique aux profits des natifs de la lettre. Lorsque Critón demande à Socrate de s'enfuir en Crète, j'ai un bateau tu peux te sauver, on va t'emmener en Crète, tu vas t'exiler, là-bas, tu seras sauve. Socrate dit, tu es malade! Tu n'y penses pas! Si j'acceptais le jugement des lois me deviendraient défavorable dans l'Hadès. Je serais compromis dans l'Hadès.
Alors, où est l'Hadès? Où est le jugement porté par Socrate, aujourd'hui même? Si non, ici même, entre nous, entre nos mains, dans ce livre : Platon Gorgias - Ménon. Car il est entre nos mains Socrate, à travers ce livre. Et ce livre habité par un esprit, l'esprit de la lettre, Daïmon (esprit), un démon autrement dit. Ce livre est daïmônique, il doit être terrible.
Il est entre-nous, c'est ça l'Hadès c'est ce qui est entre-nous. Le fond préindividuel.
Socrate est là, qui est entre-nous comme esprit de la lettre qui vient nous hanter avec sa clausule socratique : ti esti? Qu'est-ce que? La revenance de l'esprit de Socrate, il revient sans cesse. Il hante la mémoire de la cité, c'est ce qu'il dit à la fin de son procès je reviendrais. Comptez sur moi! Vous, les juges, vous serez oubliés mais moi je reviendrais. Et ce qu'il dit aussi dans le Ménon, il dit ça revient, ça revient comme une chanson populaire... On connait la chanson (film) Car dans la chanson aussi, il y a quelque chose de daïmônique.
00:54:12
Socrate viendra hanter la mémoire de la cité, tout comme les êtres exceptionnels dont nous parle le mythe de Perséphone. Que Perséphone rappelle au bout de 9 ans, et c'est ce que Socrate nous rappelle. Socrate nous rappelle que Perséphone rappelle tous les 9ans, et à travers cette référence, Platon nous rappelle que Socrate est mort et qu'il sera rappelé, etc. c'est tout un dispositif de rappelle, comme dans une escalade, on est entrain de remonter au sommet de l'amour et on fait des rappels. Ménon, Socrate... et moi j'essaye de faire avec vous qui essayerai de faire du rappel de vôtre coté.
Tout ça à cause de quoi? Qu'est ce qui est arrivé à Perséphone? Elle a été offensée par Hadès qui règne dans le royaume des morts. Vous voyez-là que le désir et la mort sont liés. Il y a le désir d'Hadès qui veut posséder Perséphone et Hadès c'est le dieu des morts. C'est pourquoi Perséphone va se venger sur les mortels. Ce thème où un dieu en relation singulière aux mortels blesse un Olympien qui se venge sur les mortels eux-mêmes, ce n'est pas un thème absolument nouveau. Il y a un autre cas, au moins, c'est celui où Prométhée roule Zeus dans la farine. Où Prométhée trompe Zeus, aux profits des mortels. Parce qu'ils se haïssent, ce sont des frères, ils se sont combattus. Et Zeus à gagné contre Prométhée qu'il a soumis. C'est très important, parce que là c'est la technique, qu'est enjeu.
D'un coté nous avons la mort et le désir, avec Perséphone et Hadès. Et de l'autre coté, on a la technique et la mort, avec Zeus et Prométhée.
Les mortels sont des êtres techniques qui dans l'Hadès et qui sont obsédés par la mémoire.
Ce que dit le mythe de Perséphone dans Ménon, c'est que Perséphone, cette tiers-mortelle, un tiers sous-terre, 2 tiers dans l'Olympe. Régulièrement Perséphone rappelle, au jour, remet en lumière, certains des mortels. Ceux qui ont eu des comportements exemplaires. Non pas pour leurs donner l'immortalité, ceux qu'on appelle les héros (Hercule, Héraclès, Orphée.., des demi-dieux)... Ils sont si incroyables ces mortels qu'ils ne sont pas devenus des immortels, mais des demi-dieux. Et comme Perséphone est devenue une demi-déesse, ceux qui s'approchent d'elle; elle les tire. Comme cet Orphée qui voulait aller dans l'Hadès... Ces demi-dieux, Perséphone les élève au statut des demi-dieux parce qu'elle les fait revenir. Elle leur permet de revenir dans la lumière, alors que les mortels ne peuvent pas revenir normalement. Elle les fait revenir en pleine lumière, elle les célèbre comme des morts inoubliables en quelque sorte. Ils sont morts mais ils ne sont pas oubliables. Et du coup, elle les perpétue parce que par leurs comportements ils font droits à sa propre blessure. Elle est blessée. Ils viennent soigner sa blessure, ils prennent soins de la blessure de Perséphone. Le héros est mort, ce n'est pas un immortel mais il survit.
Comment est-ce qu'il survit? Parce qu'il reste parmi les vivants comme un eidôlon (fantôme, esprit, revenant). Mais je vous signale que cela veut dire aussi "idéa", c'est l'origine du mot idée. Eidôlon devient idée, chose que Platon va aller chercher comme la chose pure qui va être le domaine de l'idée coupé du corps, de la mort. Le héros survit et revient de temps en temps à travers un démon, tout à coup Socrate est entrain de parler et Socrate s'arrête de parler.
Ma compréhension par rapport aux couleurs :
Mes commentaires
Compréhension
Mot clé
Trouble
Rouge = MOI - SOI
GRIS = VOUS
BRUN = Tertiaire - MONDE
Orange = Poisson noétique
Turquoise = Personnages
Bleu = Oeil du cyclone - Mort
Rose = Les sophistes
Vert = Les questions
Par rapport à nous ~~~~~~~~~~~ Par rapport à soi