l'innovation créatrice?
Prise de notes - Partie 2
01:14:17
Nous savons désormais que ce processus d'individuation psychique et collective est un processus d'individuation technique. Cela veut dire que si l'individuation technique est au cœur de l'individuation tout court, qu'il y a sans cesse des conflits parce que le devenir technique n'arrêtant pas de s'accélérer et bien les déséquilibres deviennent toujours plus grands. Même si, nous croyons être de plus en plus civilisés.
Exemple : nous serions horrifiés à l'idée que Monsieur Hortefeux, qu'il nous dise, qu'il faut arracher les yeux de tous ceux qui ... c'est que nous disait les perses... Comment un tyran s'est vengé en tirant tous les yeux et en les laissant vivants de ses ennemis (histoire vraie!). Il y a avait des époques ... Ce que nous racontait Polos, les tortures qu'on affligeait à nos ennemis, c'était des choses pratiquées, pas pour rien que Polos le dit, ce n'est pas des inventions de son esprit! Aujourd'hui, on ne ferait quand même pas ça au Roms, on les met à la porte... J'espère qu'on ne le ferait pas ça! On est devenu soit disant civilisé, oui, on est devenu civilisé mais la technique va à une telle vitesse qu'on a l'impression que plus on est civilisé, plus on est décivilisé. Comme-ci ce qui est tramé dans la journée, par Pénélope se défaisait la nuit et qu'il fallait toujours tout recommencer tous les matins. Encore pire!
Ce déséquilibre induit par la technique devenue industrielle, technologie est devenue le cœur de la guerre économique. Ce n'est plus une guerre entre Sparte et Athènes, c'est une guerre entre les pirates du capital qui s'appellent les spéculateurs et qui nous font subir à nous, les effets de cette guerre. Cela a été induit par quelque chose qui a été théorisé par ce Monsieur Joseph Schumpeter qu'est un autrichien, qui a écrit un livre extrêmement important qui s'appelle : la théorie de l'évolution économique.
Où, il explique que l'économie est basée sur une innovation permanente surtout, à partir du début du XXe siècle, il ne l'appelle pas comme ça lui, il l'appelle l'INNOVATION CRÉATRICE.
Qu'est-ce que c'est l'innovation créatrice?
Ce qui engendre, ce qui sera ensuite théorisé, ce qu'on appelle : la théorie des cycles économiques à savoir que l'économie avec le capitalisme... Connait des cycles avec des hauts et des bas, avec des récessions et des expansions. Mais que ça rebondit toujours. Ça rebondit toujours parce qu'il y a sans cesse des nouvelles innovations qui créent un nouveau système technique...
Si j'avais le temps, comment je redessine cette courbe, je démontrerai que c'est une sinusoïde de plus en plus serrée qu'à un moment ce ne n'est plus une sinusoïde mais une espèce de mur. C'est le mur d'une innovation, où comme à l'époque de Schumpeter, 15 ans ou 20 ans devant vous pour amortir vos investissements et votre transfert d'innovation, ce qu'on appelle le transfert technologie. Où, le transfert technologie, ce fait dans certain domaine en 15 jours, et où, tout devient absolument jetable! (Dessiné à ma façon - Notre temps) Comme-ci la terre était jetable! Parce que cette innovation produit de la jetabilité généralisée y compris de cet homme qui s'est jeté au sens strict, il a vécu un énorme dégoût de soi, à tel point que non seulement il a mitraillé tout le conseil municipal de Nanterre et qu'il s'est jeté par la fenêtre, il s'appelait Richard Durn...
01:18:48
Après, l'oubli d'Épiméthée et le vol de Prométhée qui fait des mortels des techniciens, ceux-ci en viennent à s'autodétruire et Zeus leur envoie Hermès chargé de leur donner aux mortels le savoir technique politique, NON PAS LES LOIS, MAIS LE SAVOIR FAIRE DES LOIS!
Celles-ci les lois ne résolvent jamais le problème pharmacologique qui est ici posé! Y'a pas de solution au problème pharmacologique, N'ÉCOUTEZ JAMAIS LES GENS qui vous proposent de telles solutions.
Cela conduit toujours aux camps d'exterminations, au goulag ou à des choses semblables, la Shoah ou le Jihad Made in USA, l'inquisition et tant d'autres massacres et horreurs que nous les chrétiens avons fait subir aux juifs et à tant d'autres. Ne l'oublions jamais! C'est nous qui avons commencé, je parle des chrétiens pour autant que nous sommes chrétiens, je ne le suis d'ailleurs pas, nous sommes dans l'Europe Occidental, le continent de la chrétienté.
Les lois ne résolvent jamais le problème pharmacologique, il n'y a pas de lois divines. La tentation d'imposer la loi divine à la place des lois de la cité, précisément c'est de s'imaginer qu'on va trouver une justice infinie comme dit Georges Bush, capable de résoudre le problème, en anéantissant un pays soit disant pour lui donner accès à la démocratie.
Les lois ne résolvent jamais le problème pharmacologique mais elles lui donnent un cadre, un mode de régulation. Fondé sur le fait que TOUS accèdent à ce savoir technique, de savoir faire la loi à travers le savoir de l'écriture. Dont, nous avons vu avec Marcel Détienne qu'elle constitue la cité dans sa forme juridique à l'époque des grecs, VIIe siècle av JC, et je vous redis aujourd'hui avec Julian Assange, il y a une nouvelle écriture qui s'appelle l'écriture numérique et qu'il va falloir bien s'y mettre.
01:21:40
Ces lois ne peuvent elles-mêmes jamais garantir les mortels de sombrer dans la mauvaise éris, pour une raison précise, ces lois doivent être interprétées. Ce sont des lois et pas simplement un règlement, un règlement cela s'interprète au pied de la lettre. Il est interdit de fumer dans la classe : dehors! Vous devez respecter impérativement le règlement. Mais les lois, il y a des moments, où vous ne pouvez pas savoir exactement comment les appliquer.
Un jour, un ancien juge est venu me voir et me dit : j'ai moi-même inventé un système expert pour prononcer la justice de manière automatique, avec un ordinateur. Et je l'ai mis à la porte de mon bureau. En disant comment vous avez pu pratiquer la justice ainsi!
Parce que les lois, cela s'interprète les lois textuelles, et tout ce qui est textuel, il faut les interpréter. Il faut interpréter la parole de Moïse, Il faut interpréter les paroles de Jésus... Il faut interpréter le capital de Karl Marx, Il faut interpréter Freud, Il faut interpréter son propre inconscient et Il faut interpréter les lois. Et sans arrêt les interpréter. La loi ne s'applique jamais à la lettre mais dans l'esprit des lois pour parler dans la langue de Montesquieu qui est fondateur du droit moderne et le penseur du contre-pouvoir.
Jamais les lois ne parviendront à effacer le caractère pharmacologique, car en interprétant les lois, c'est le PHARMAKON que j'interprète. C'est la bonne manière de transformer le poison en pharmacologique en un remède. C'est ça, être juste.
Les lois ont pour rôle de métastabiliser, c'est à dire de faire qu'un équilibre, instable comme un bateau sur un rocher, fasse que les 2 tendances que la bonne éris d'un coté, de la mauvaise éris de l'autre. Ce que dans le langage de Freud on appellerait : La pulsion de vie et la pulsion de mort. Donne le DÉSIR, l'équilibre social. Hors que cette écriture elle-même, cette écriture dont Hermès nous dit : qu'elle vient d'apporter aux mortels le savoir politique, auquel chacun peut accéder au savoir faire les lois, ce qui garantirait donc la justice, effectivement de chacun.
Cette écriture est elle-même un pharmakon. Elle est la technique politique par excellence mais en tant que pharmakon, elle peut devenir le facteur de discorde par excellence. Cette écriture qui est fait pour en principe lutter contre la mauvaise éris peut se mettre au contraire au service d'une hyper mauvaise éris. Et ça ce que va nous dire Platon! C'est ce qu'il va dire aux sophistes.
LES SOPHISTES qui au départ sont des instituteurs! Au départ, le sophiste est "le grammatistès", c'est celui qui apprend à lire et à écrire aux élèves. Aux jeunes athéniens, il est maître d'école, c'est tout. C'est ça le sophiste au départ! Et il s'aperçoit qu'il a du pouvoir sur les âmes, il développe à travers ce pouvoir qu'il exerce sur les âmes, un art qui s'appelle la rhétorique, qui s'appelle aussi l'éristique, c'est à dire l'ART DE TOUJOURS AVOIR RAISON MÊME QUAND ON A TORT.
Là, où pour la première fois, Platon développe sa critique de cette éristique ou de cette réthorique, c'est dans Gorgias, c'est pour ça que ce texte de Gorgias est très important. Cette éristique rhétorique, Platon dit qu'elle vient du fait que les sophistes se sont appropriés, l'écriture d'une manière malsaine. Ils en ont fait un instrument de pouvoir hors que c'était un instrument de savoir. L'éristique en tant que telle n'est pas une mauvaise chose, l'éristique c'est la façon d'exercer l'éris, la lutte dans le logos, pour éviter de prendre les armes.
Plutôt que de se battre et de s'entretuer et bien on va lutter, oratoirement, dans le discours et cela va donner la raison finalement. Cela va amener progressivement à un raisonnement et c'est la raison pour laquelle que Platon va donner un nom à l'éristique qui va appeler ça la dialectique de la pratique de Socrate qui était le dialogue. Mais avec la pratique que les sophistes ont de l'instrument littéral, du pharmakon de l'écriture.
Cette éristique devient une logographie, c'est comme ça qu'il appelle dans Phèdre. Logographie = un logos artificiel. Un faux logos, un semblant logos. Ce logos artificiel c'est ce que permet aux sophistes de répondre à toutes les questions, sans qu'ils ne se les posent eux-mêmes! C'est ce que dit Platon dans son premier dialogue. C'est un dialogue qui parle d'un sophiste "Hippias", qu'est ce que fait Hippias? Il profite des jeux olympiques pour attirer dans ses discours les grecs venus de partout à la recherche de la bonne éris. Il y a tous les grecs pour trouver la bonne éris, de la bonne émulation, et lui profite de ça... Je vais vous montrer comme je parle bien (Hippias).
01:28:20
HIPPIAS Vraiment, Eudicos, je me conduirais d'une façon bien étrange, si moi, qui ne manque pas de venir d'Elis, où j'habite, à l'Olympie, dans l'assemblée solennelle des Grecs, chaque fois que reviennent les jeux, à la demande du premier venu, sur les sujets que j'ai préparés en vue de la séance que je dois donner et pour répondre à toute question qu'on veut me poser, je ne dérobais aujourd'hui aux questions de Socrate.
SOCRATE Heureux homme que tu es, Hippias, de pouvoir à chaque olympiade aller au temple avec une telle confiance dans ton esprit et dans ta science! Je serais surpris qu'aucun athlète rompu aux exercices du corps allât combattre là-bas avec autant d'assurance et de confiance que tu déclares, toi, en avoir dans ton intelligence.
HIPPIAS J'ai des raisons, Socrate, d'avoir confiance; car depuis que je viens concourir à l'Olympie, je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui ne fût supérieur en rien.
Hippias enseigne comme tous les sophistes, c'est un enseignant. Pourquoi j'insiste sur ce point? Pas pour me moquer, je suis un enseignant et je pratique un enseignement-là! C'est parce que je pense que l'enseignement et que l'enseignant doivent être en question et doivent toujours se poser la question de : Qu'est-ce que c'est d'enseigner? Est-ce que c'est même possible d'enseigner? Je considère que l'enseignement est la première question qui oppose Socrate et Platon aux sophistes.
Les enseignants sont les sophistes. Et Socrate et Platon vont essayer d'inventer un nouveau type d'enseignement, ils considèrent l'enseignement que donnent les sophistes est devenu extrêmement dangereux pour la cité. C'est une question que les enseignants d'aujourd'hui devraient se poser!
...
Mais est-ce que les enseignants ne font pas eux aussi des calamités, je ne dis pas ça pour déstabiliser les enseignants. Parce que si les enseignants défendent l'enseignement public en particulier mais s'ils le font sans se poser des questions sur leur enseignement, ils ressemblent beaucoup à des sophistes. Des sophistes fonctionnaires à la différence de Hippias, ce n'était pas des fonctionnaires, c'était des businessmen, ils se faisaient payer très cher.
SOCRATE Ah! Hippais, est-ce que tu voudrais être assez aimable pour ne pas te moquer de moi si j'ai peine à comprendre ce que tu dis et si je multiplie mes questions? De grâce, essaye de me répondre doucement et paisiblement.
HIPPIAS Il serait vilain de ma part, Socrate, quand j'enseigne cela même à d'autres et que je demande à être payé pour cela, de ne pas être indulgent pour toi lorsque tu m'interroges et de ne pas te répondre avec douceur.
Répondre à des questions qu'on ne s'est même pas posées, c'est ce qui caractérise aussi le prétendu enseignement de Gorgias, d'après Socrate en tout cas; car faut pas prendre comme argent-comptant ce que dit Socrate toujours d'ailleurs à travers la bouche de Platon. Parfois ça arrive à Platon de commettre des sophismes. Il n'est peut-être pas complètement à l'abri, lui aussi est pharmacologique...
On arrive à Menon : Menon demande à Socrate si la vertu peut s'enseigner ou si elle peut être acquise que par la pratique (ascèse chez les grecs, c'est soumis à une règle) ou bien elle doit être l'objet ou s'acquérir à travers une pratique.
Lecture Menon...
Socrate : on le verra plus tard, qu'il ne sait rien du tout de quoi que ce soit (sur la vertu).
01:40:50
Les mortels, nous l'avons vu, ce sont des techniciens, ils ne cessent d'inventer leur destin et en inventant ils ne cessent aussi de se mettre en cause et en question. À chaque nouvelle invention, à chaque nouvelle technique, à chaque nouvelle conquête, à chaque nouveau moment de l'histoire, à chaque nouveau stade d'individuation, de Périclès, de Napoléon, de Nicolas Sarkozy ou d'un autre. Tout ça, se traduisant toujours par des -déchets- dans la sphère technique des choses car c'est toujours comme cela que ça se traduit! Nouvelles armes, nouvelles formes de pouvoir.
Ils sont mis en question dans l'éris et ils sont mis en cause et ils en arrivent dans cette confrontation qu'ils les mettent en cause à se poser des questions. Ce poser la question si jamais je sais vraiment quelque chose, c'est ce que dit Socrate, nous les athéniens nous en sommes arrivés que la crise est tellement grave que nous nous demandons si nous savons quelque chose. Arrêtons de vouloir faire la leçon à tout le monde de ce que c'est la vertu. Balayons devant notre porte.
Cette mise en question, elle ne commence pas avec Athènes, toute forme d'humanité est mise en question par sa technique, ce qui fait que l'humanité évolue. Mais chez les grecs se posent sous la forme de la question en tant que tel! Les grecs vont faire de la question, le cœur de leur dynamisme. Ils n'arrêtent pas de se poser des questions.
Thales se demande pourquoi que tout est UN, qu'est-ce qui fait l'unité du TOUT. Thales c'est le VIIème siècle av. JC, il se pose des questions. Thales fait de la géométrie, il calcule le calendrier et même la distance de la lune par rapport à la terre... Ils ne font pas semblant de se poser des questions....
Que veux dire se poser des questions?
Une question qu'Heidegger pose une archi-question : la question de la question - livre : Être et temps...
01:48:45
Dans la Grèce antique, cet interprétation de mon passé que j'essaye de transformer en avenir, cela pend un certain nom, ce nom c'est la question. Cela s'appelle questionner. La société chamanique aussi pose des questions, peut-être mais certainement pas à la façon des grecs. Parce que les grecs questionnent d'une façon très particulière, ils questionnent de manière thétique. Soutenir un point de vue, une thesis, c'est questionner. Et la thesis (en français : la position), cela suppose d'être capable de poser la question et pour la poser : il faut accéder à l''écriture.
Questionner c'est remonter le cours du temps... Nous allons bientôt voir que Platon donne un nom à cette façon de questionner, en remontant le cours du temps. Ce nom c'est : anamnesis (la réminiscence).
L'anamnèse : c'est que j'ai tenté de figurer, dans le cours précédent par l'image, le saumon noétique (capable de remonter des cascades). Ce saumon noétique, que nous sommes, en tant que nous capable de questionner. Car c'est ça une question, c'est remonter le cours. C'est revenir à la source, pour y poser ses questions, comme un poisson qui va y déposer ses œufs (En remontant le cours, la femelle va pondre, là où elle est née). La philosophie cela constitue à aller pondre des œufs noétiques à la source. De quoi? De Socrate dans Platon. Une source qui est la source, telle qu'elle rend visible, formulable et questionnable, l'histoire d'un défaut d'origine, l'histoire d'une technicité.
Mais et c'est là tout le problème Platon va le faire d'emblée en refoulant le caractère technique de cette question. C'est ça qui est compliqué dans mon cours. Dans le cours de mon fleuve noétique à la source et bien, il y a un refoulement. On va réfléchir à ce que veut dire : explorer le refoulement de la source.
Ce qui permet cette remontée historique, à la source, c'est justement l'écriture. Cette écrire que Platon condamne chez les sophistes, c'est elle qui permet, qui nous permet, et qu'à lui aussi lui permet de remonter la source. C'est donc l'élément noétique de la Grèce ancienne l'écriture, c'est le milieu noétique.
Le problème c'est que l'écriture qui permet de remonter à la source noétique, et c'est ça l'anamnèse, la vie noétique par excellence. C'est aussi ce qu'enseignent les sophistes et ce qui empêche la remonter à la source. Les sophistes si Platon les condamne, c'est parce qu'ils nous empêchent de remonter à la source, ils nous empêchent de nous poser des questions, parce que ils nous apportent des réponses sans jamais se poser la question. Donc, ils nous empêchent de questionner.
Milieu noétique
01:53:16
Socrate ce que va dire à Menon : arrête Menon, tu ne vas pas aller écouter cet enseignement. Pose-toi, toi-même la question, de savoir ce que c'est la vertu! Pourquoi aller demandez à un tel, réfléchissons-y tous les deux. Et commençons à poser tous les deux : que nous ne savons rien. Si nous ne commençons pas par là, on va déjà à partir de nos certitudes, toutes prêtes (des clichés qui nous ont été vendus par je ne sais pas qui), on va croire qu'on pense, à croire qu'on questionne, et qu'en réalité on ne fait que spéculer, sur des histoires réglées d'avance... On va se raconter des histoires et non pas réfléchir, on va bavarder et non pas discuter.
Qu'est-ce que l'écriture va nous dire Platon, telle que les sophistes la pratique, elle est comme un BARRAGE construit sur le fleuve qui empêche les saumons de remonter le courant... Barrages... Tous les dialogues de Platon posent la question de la politique, du droit, de la justice, de la vertu et de l'enseignement. À chaque fois, ces questions reviennent, qu'est-ce que la politique? Qu'est-ce que le droit?... Ce sont des questions que Socrate (la philosophie) pose contre les thèses des sophistes.
La vertu, qu'elles sont les rapports qu'elle entretient la vertu avec Dikê et Aidôs. Est-ce qu'on pourrait dire que la vertu, c'est l'unité de Dikê (la justice) et d'Aidôs (la honte) ? Ou encore que vertu c'est l'incarnation des deux...
Il est indispensable de dire, ce qu'est la vertu, et ce que Socrate conclura à la fin de Menon. Pour Socrate, la sagesse est toujours relative et limitée et on ne peut que faire l'expérience de son inachèvement, de sa limitation, du manque de sagesse, du défaut de sagesse.
Face à l'infini en quoi consistent les processus de projection et d'idéalisation à quoi nous conduisent le désir de sagesse (par cette seule phrase, tout le programme du banquet, c'est ça que parle le banquet, au titre de l'amour de la sagesse - Philosophia).
L'épreuve de cet inachèvement, de cette mortalité, de cette fragilité du mortel. C'est ce que Socrate appelle son non-savoir, c'est avant tout celui-ci, c'est non-savoir qu'il le met en question, qui le pousse à questionner. Et que de temps en temps, il est arrêté par son daimôn, il se met à réfléchir, il est interrompu, dit-il.
Hippias, Gorgias et plus généralement les sophistes ne se posent pas de questions, voilà ce que cherche toujours à nous montrer Platon (Socrate). Ils répondent à ce qui n'est pas une question pour eux mais uniquement un prétexte à se faire valoir.
Ils produisent des "topoi", des lieux communs. Ils veulent faire valoir leur art, leur technique éristique qui du coup devient une mauvaise éris dit Socrate. Cette mauvaise éris produit de la mauvaise foi et rien n'est pire que la mauvaise foi pour la cité. Socrate répond toujours quelque chose, aux questions ou plutôt aux réponses qui ne sont pas des questions des sophistes. La réponse de Socrate aux non-questions des sophistes : Ti esti.
Transposer dans ce que Roland Barthes, il parle d'une "clausule zazique".
Clausule ? c'est quelque chose qui vient se rajouter à la fin d'une phrase, une clause.
Zazique? Parce qu'il parle d'un roman "Zazie dans le métro" c'est dans les "essais critiques" p128, p129 de Raymond Queneau.
Dans ce roman, il y a une petite fille qui s'appelle Zazie dans ce livre, cette petite fille arrive de la province et elle est confiée à son oncle Gabriel quelques temps, parce que sa maman ne peut pas s'occuper d'elle et elle arrive à Paris. Et elle ne rêve que d'une chose, c'est d'aller dans le métro. Le roman s'appelle "Zazie dans le métro" et elle n'ira jamais dans le métro. Comme le dit Roland Barthes, cela commence avec cette antithèse, le titre dit ce qui ne se produira pas. Et il fait toute une analyse et du style de l'art de Raymond Queneau. En disant que Zazie s'oppose aux langages des adultes, qu'il appelle le métalangage des adultes. Le métalangage, c'est le langage sur le langage, les scientifiques font du métalangage, une science est un métalangage... Ce que Roland Barthes parle ici, ce n'est pas le langage des scientifiques, c'est le langage comme-ci, ils font, qu'ils étaient scientifiques, qu'ils parlent la langue de la science sans la savoir! Cela me rappelle un peu les sophistes. Et là, en l'occurrence, celui qui parle comme ça c'est l'adulte. L'adulte de ce roman s'appelle Gabriel, c'est l'oncle Gabriel qui n'est pas l'ange Gabriel. Cet oncle de Zazie, un être très complexe qui est marié avec la tante de Zazie et en même temps il est homosexuel... Une histoire un peu compliquée, il est très dissimulé, pas très bien dans sa peau. Cet oncle de Zazie qui est un peu impressionné par cette petite fille qui est extrêmement tonique, elle le dépasse totalement, il ne sait pas comment la tenir. Elle veut un coca-cola, elle veut un bleu jeans... Elle est terriblement tonique! Et il essaye de la calmer en l'impressionnent par des figures de rhétoriques. Il lui dit : ma petite Zazie si tu es sage, je t'emmènerai voir le vrai tombeau de Napoléon. Zazie répond : Napoléon mon cul!
Et à chaque fois que Gabriel veut faire l'important car il n'arrête pas d'essayer de contrôler, d'avoir un peu d'autorité sur cette petite fille, pleine d'énergie. À chaque fois, Zazie lui rétorque comme dirait Roland Barthes la " clausule zazique".
Aussi lire : Les Fleurs bleues de Raymond Queneau ...
Ce que nous dit Zazie dans le métro à travers la littérature de Raymond Queneau commenté par Roland Barthes : c'est qu'il y a une pharmacologie du métalangage. Le métalangage des sophistes parce que les sophistes aussi produisent aussi des métalangages, c'est du faux métalangage mais c'est du métalangage quand même, c'est de la fausse pensée mais ça impressionne beaucoup. SAUF Zazie ! Ça n'impressionne pas du tout Zazie. Zazie étant la jeunesse qui ne se laisse pas impressionner par ces adultes qui sont devenus si sage, croient-ils. Alors qu'en fait, Socrate dit : pfff sage! Sage mon cul!
02:05:53
Au risque de choquer l'école, l'école d'Épineuil que vous êtes mais aussi ce qu'on appelait à l'époque de Descartes, la scolastique, toute l'institution scolaire, l'université de Bologne, la Sorbonne, le collège de la Flèche, tout l'appareil institutionnel et académique que l'on appelle aujourd'hui, l'éducation nationale et qui nous vient de Platon, finalement. Parce que l'académie a été créée, dans un jardin (Académos) à Athènes. À la source de quoi nous tentons de remonter, ici, comme des saumons noétiques qui en remontant, par-là même, nous essayons en remontant à l'académie de remonter à Socrate, lui-même. Ce qui est peut-être une façon de faire de la spéléologie. Car si la source a été refoulante, alors il faut rentrer dans la source. Il faut mettre un casque, un projecteur, des bouteilles d'oxygène et commencer à descendre sous terre. C'est dangereux! Sous terre ça un nom chez les grecs. L'Hadès (les enfers)... Dans l'Hadès coule un fleuve, le Styx. Et ce fleuve, c'est le fleuve de l'oubli...
C'est une caverne (Hadès), dans laquelle coule un fleuve, peut-être qu'il faut aller là-dedans pour trouver l'esprit de Socrate. Et ça ressemble à la caverne de Platon dans la République. Quel rapport entre la caverne de Platon et l'Hadès. Et ce n'est pas en remontant dans l'Hadès que l'on pourrait véritablement aller à une source qui serait souterraine. Vaste question c'est le programme de ce cours...
Histoire de comprendre ça :
Qu'est ce que la vertu?
Parce que je pense quand Ménon demande à Socrate : Socrate, est-ce que la vertu s'enseigne comme le disent les sophistes ou ce n'est pas que la pratique que ? : Socrate répond par : Qu'est ce que la vertu? .... Et je traduis par la vertu mon cul! Je pense qu'en effet, Socrate commence toujours à faire un bras d'honneur à tous ceux qui croient que le savoir existe et qu'il est constitué, une bonne fois pour toute. Il suffirait, de prendre la bouteille de lait de le verser dans un poêlon et le faire chauffer sur la cuisinière, non! Ça ne marche pas du tout comme ça!
Tout se passe comme-ci chaque fois, qu'un de ces jeunes gens vient ennuyer Socrate avec ces idées qui viennent des sophistes, ça l'énerve! Encore, il a des idées pleines de sophistique. Socrate commence à remettre en question, le sophisme par cette clausule assassine. Ti esti? Qu'est-ce que? Je ne traduis pas comme : mon cul. Mais, je dis que cela fonctionne d'abord comme ça, comme cette clausule à la façon de Zazie. Socrate c'est le Zazie d'Athènes. Ce n'est pas Zazie dans le métro, c'est Socrate dans le métro. Il s'agit de retourner à celui qui fait semblant de questionner, la vanité de son propos. À chaque fois que Zazie dit à son oncle Gabriel : Napoléon mon cul! Le pauvre Gabriel est totalement défait, parce qu'il se rend compte qu'il est ridicule et que Zazie est beaucoup plus forte que lui. La vanité, c'est ça qui est enjeu. Une vanité c'est une tête de mort! C'est la vanité des mortels. Les mortels se prennent toujours pour je ne sais pas quoi. Hors que finalement ce ne sont que des mortels!
Ma compréhension par rapport aux couleurs :
Rouge = MOI - SOI
GRIS = VOUS
BRUN = Tertiaire - MONDE
Orange = Poisson noétique
Turquoise = Personnages
Bleu = Oeil du cyclone - Mort
Rose = Les sophistes
Vert = Les questions
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