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Que faire avec ces remèdes
qui sont aussi des poisons?



livre









Cours en différé du 16 octobre 2010 - Cours3 de Bernard Stiegler

Mes prises de notes


Nous, les êtres non inhumains du 21ème siècle, nous découvrons après la crise de 2008, tout ce que nous avons mis en œuvre de puis des siècles voir depuis des millénaires pour notre bien être cela s'avère aussi toxique ou maléfique que bénéfique. Et depuis peu de temps, pourvu que cela ne dure pas, plus toxique que bénéfique. Nous découvrons que nous sommes ainsi soumis à la loi.
Littéralement la drogue, plus généralement, le remède qui peut devenir poison ou réciproquement à toutes les formes techniques.

Platon dans Phèdre : Le pharmakon

pharmakon Que faire avec ces remèdes qui sont aussi des poisons avec ces pharmakas que la société hyper-industrielle dans laquelle nous vivons a produit en masse dans toutes les causes de nos existences? En tant que automobiliste, En tant que je parle devant cet ordinateur...
Dont nous ne pouvons plus nous passer, je travaille avec l'ordinateur, je travaille plutôt rapidement mais grâce à cet ordinateur. Pharmakon veut dire aussi bouc émissaire, on peut s'en prendre au pharmakon comme un bouc émissaire qui nous évite à nous en prendre à nous-mêmes, que nous ne savons pas faire avec le pharmakon. Nous ne pouvons plus nous en passer, toutes ces pharmakas parce que nous sommes intoxiqués. Nous sommes devenus dépendants.

Le but de ce cours : Que faire avec ces remèdes qui sont aussi des poisons? Et des boucs émissaires?!

Promouvoir un nouveau regard sur ces questions et sur les questions contemporaines, sur notre avenir, sur notre passé aussi à travers le problème du pharmakon. Et à travers le pharmakon lui-même, c'est à dire à travers la pratique du pharmakon. Cette question est posée, la question du pharmakon dès Platon, à la naissance de la philosophie mais elle est posée comme une opposition au pharmakon qui s'appelle chez Platon la thérapeutique; La philosophie comme médecine de l'âme.

C'est Platon qui soulève la question du pharmakon (mais je pense que Platon rate cette question du pharmakon). À partir de l'expérience du pharmakon, Platon se met à raisonné par opposition, le bien d'un coté le mal de l'autre, le vrai d'un coté, le faux de l'autre, le corps d'un coté, l'âme de l'autre, la mort d'un coté, l'immortalité de l'autre coté... Et toutes ces façons de raisonner par opposition qui va être typique de la médecine philosophique de Platon et bien c'est une mauvaise façon de faire. Nous sommes tous habitués de penser comme ça, c'est très difficile de se défaire de cette mauvaise façon de faire. Avant Platon, chez les présocratiques, les tragiques et bien il n'y a pas d'opposition.

La vérité n'est pas le contraire du mensonge ou la fausseté. À l'époque des tragiques, la situation qu'ils appellent les mortels (eux-mêmes).Tragique veut dire rapport à la mort. Il n'y a pas de solution à la mort, il y a pas autre chose que la mort, il n'y pas d'avenir après la mort... Pas vrai qu'il n'y pas d'avenir après la mort mais je n'ai pas d'avenir immortel au-delà de ma mort par contre je peux avoir un avenir au-delà de ma mort qui n'est pas forcement l'immortalité mais ce que les grecs appellent le "Cléos" (la réputation, la reconnaissance). Vous reconnaissez Socrate, vous avez tous entendu parler de Socrate, comme Bouddha et Jésus- Christ. La force de Jésus-Christ, ce n'est peut-être pas d'être immortel (comme la pensée chrétienne de Saint-Jean) mais c'est d'avoir une réputation qui impose un respect. Chez les grecs tragiques, la situation est intra segment pharmakalogique, on est dans les pharmakas on ne peut pas y échapper, on vit dans une grande ambigüité, on est technique et il faut faire avec cette ambigüité. Héraclite dit que la vérité de l'hiver c'est l'été. Donc, on fonctionne non pas par opposition mais par jeu de tendance qui impose de penser très différemment de la pensée habituelle.

Toutes nos conversations avec Mano étaient ainsi pas d'opposition mais comment faire avec, mais surtout de créer quand même? Et à chaque opposition, il me disait : ne vois-tu pas qu'ils essayent de satisfaire des éternels insatisfaits. Un exemple avec lui via internet : En discutant, je lui dis car mon idée fallait que je lui demande son avis puisque c'était en son nom : dans les centres commerciaux, il n'y a jamais tes CDs donc pour ton nouvel album "in the Garden" cela va être pareil et à la place de troller sur internet contre les centres commerciaux, je lui propose de mettre des tracts (car l'album était encore en cours et il était en prévente pour le finaliser) dans les centres commerciaux à la lettre "s". Ça Maman vient de suite dans la conversation dire non c'est interdit... Mais Mano dit très amusé : qui dit que je suis au courant? Et si on vient me dire quelque chose je dirais que je ne suis pas au courant... Donc que faire dans ce cas-ci ? Faire ou ne pas faire? J'ai fait et pas eu de problème...



Vers la fin, il voulait changer son métier un lieu avec toutes sortes d'expressions possibles, nous cherchions toujours comment créer autrement.

Après 2008, après le constat planétaire de l'effondrement d'un système qui avait régné depuis un siècle, le consumérisme. Après 2008 et en repartant de Platon, en retournant à la source de l'Occident préchrétien, parce que Platon prépare le christianisme. En essayant d'aller au-delà de Platon. Chasseur-cueilleur ? En essayant d'aller plus loin que la question du pharmakon que Platon l'avait posé pour la première fois. Nous allons essayer de penser différemment, tenter cela, c'est de dépasser la pensée par opposition. C'est dans sa lutte contre les sophistes que Platon se remet à raisonner par opposition parce qu'il s'oppose aux sophistes. Mais c'est cela qui nous empêche de penser à notre avenir.

La web-philosophie, la philosophie à l'époque d'internet et du web, après avoir tenté le "rouge pur" puis le "jaune pur" (l'opposition de pur et impur cela vient de Platon) L'opposition ce n'est pas la même chose que la différence. Faire la différence entre le vrai et faux et faire l'opposition entre le vrai et le faux ce n'est pas du tout la même chose, ce qui est faux peut devenir vrai.

Exemple : Il fait jour c'est vrai mais si je vous dis cela dans 12heures, vous direz c'est faux.

Après avoir tenté le "rouge pur", le "jaune pur" et après avoir posé la question : ce que c'est? ti esti? Que le jaune, que le rouge nous avons dû constater la semaine dernière que le rouge n'est d'aucune couleur en tout cas qu'il n'est d'aucun rouge et qu'en fait il n'existe pas. S'il existait, on pourrait vous le montrer, il n'existe pas mais il consiste à travers les divers rouges. Nous avons découvert qu'au delà de tel ou tel rouge, il y a le rouge qu'il les rassemble mais le rouge qui les rassemble n'est pas sensible lui-même. Il n'est pas accessible au sens de la vue mais on ne peut rien voir sans lui car si je ne reconnais pas dans ces différentes couleurs c'est à chaque fois du rouge je ne verrai pas de rouge. Donc, il y a une double possibilité de voir le rouge pur et de se passer de lui qui est invisible. On ne peut pas le voir mais on ne peut pas ne pas le voir tout aussi invisible qu'il soit. Parce que nous avons besoin de lui pour unifier la série des rouges que nos yeux rencontrent dans le visible et dans le sensible. C'est ce que la philosophie a appelé à partir de Platon, l'intelligible. L'intelligible qui est opposé par Platon au sensible, opposé car pour Platon l'intelligible n'a rien avoir avec le sensible en revanche le sensible à tout avoir avec l'intelligible, il dépend de l'intelligible. Et Aristote a appelé cela le noétique, le "nous" et Kant beaucoup plus tard, 2300 ans après Platon, a appelé cela le suprasensible ça ne s'oppose pas exactement au sensible mais c'est au-delà du sensible.

00:14:35

Ce qu'on appelle les idées de Platon, Platon a fait une théorie des idées: à chaque chose correspondait à une idée de la chose. Les idées de Platon, c'est ce qui se tient c'est ce que j'appellerai le plan de l'intelligible en tant qu'il est séparé du sensible. La semaine passée, nous avons tenté d'entrevoir comment le "jaune pur", l'idée du jaune, l'essence du jaune (Platon), c'est en fait (dans le langage que je vous propose ici) la consistance du jaune. D'un jaune qui n'existe pas mais qui insiste à travers les jaunes (ex: Vincent Van Gogh) et puis nous nous sommes également demandés ce que c'est, non pas simplement le jaune pur qui n'existe pas mais la couleur en générale, le jaune pur, le rouge pur, le bleu pur... Cela renvoie à la couleur en générale qui n'est d'aucune couleur en particulier, ni rouge, ni jaune, ni bleu... Ces questions nous les retrouverons bientôt avec Socrate et avec la question de la figure et de la vertu dans un passage de Ménon (s'il y a un dialogue qu'il faut lire de Platon c'est celui-là, pas très long, il a l'air pas trop difficile mais méfiez-vous avec Platon plus cela à l'air facile, plus c'est difficile. Tout ce qui est bon est difficile, difficile cela va vous procurez beaucoup de joie, si vous êtes capables d'en avoir, tout le monde n'est pas capable d'avoir de la joie surtout à notre époque).

00:17:00

La semaine passée, nous avons abordé en fin de cours, la question : la catégorisation" et la question qu'est-ce que "ti esti?"

pharmakon La question qu'est-ce que "ti esti?" et soutient à travers cette question Socrate pose pour la première fois dans le style qui conduira à Aristote la question dont l'on appelle "l'ontologie", la question de l'être la question de ce qui est et en particulier il en viendra l'être de l'être, l'être en tant qu'être, non plus à réfléchir qu'est-ce que le rouge?

Qu'est-ce que la couleur qui rassemble le rouge?

Mais qu'est-ce que l'être de la couleur du rouge? Qu'est-ce que l'être?
Énorme question qui commence avec Aristote et qui se poursuit par un colossal discours au 20ème siècle qu'est celui de Martin Heidegger le très controversé philosophe qui porta la croix gammée quelque temps au revers de sa veste mais qu'il faut lire surtout parce qu'il a porté la croix gammée. Si on a été capable de faire tout ça, d'être un très grand philosophe et de porter la croix gammée alors il faut que nous allions tous le lire pour voir ce qui s'est passé à condition d'être armé, d'avoir les moyens de lire parce que tout le monde ne pas lire n'importe quoi, faut se préparer.

Exemple : vous partez au sport d'hiver, vous n'avez jamais couru de votre vie jamais fait de vélo et vous vous mettez à faire du ski à toute vitesse au bout de 2 jours vous avez un claquage ou vous tuez quelqu'un... Donc faut savoir quand on veut s'attaquer à des sujets un peu hard, il faut savoir un peu se préparer, il faut être patient.

00:20:00

La question de l'être, elle se présente chez Platon comme la question de la définition. Qu'est ce que la vertu? Je veux une définition de la vertu... Elle se présente comme la question de l'indexation. Car définir est une certaine façon d'indexer. L'indexation s'est un discours très contemporain, peut-être que remonte à la renaissance, à cette époque-là, ont commencé apparaitre des bibliothèques, on faisait des fichiers matières, des fichiers auteurs (plutôt au 17ème siècle) ce qu'on appelle les sciences auxiliaires. Déjà les mésopotamiens indexaient, les tablettes d'argile qui décrivaient des paniers de tablettes d'argile... et c'était indexé.

Qui est l'industriel de l'indexation aujourd'hui? C'est Google! Google ça commence en Mésopotamie, l'aventure de Google commence en Mésopotamie. Ne vous contentez pas de lire les éditorialistes qui vous servent des tartines sur Google sans avoir jamais pris le temps de se demander mais de quoi parle-t-on, à travers Google. Parce que si, ils avaient eux-mêmes un jour réfléchi à ce que sur quoi les gens qui ont fait Google réfléchissaient depuis très longtemps. Peut-être qu'on ne serait pas face à un monopole mondial calamiteux qui fait qu'aujourd'hui en France, alors que j'ai travaillé, j'ai proposé, il y a 20 ans un moteur de recherche avec Alain Giffard à la bibliothèque de France, je ne suis pas le seul il y a des centaines de chercheurs qui travaillent sur ces questions. L'État, les industriels, personne n'a voulu écouter ça en disant qu'il fallait laisser faire le marché. Google lui ce n'est pas le marché qu'il a inventé, c'est contre le marché que Google s'est fait. Pour créer un nouveau marché contre le marché. Il a été soutenu pendant très longtemps par les pouvoirs publics, par Stanford university, par l'armée et par quelques investisseurs intelligents qu'avaient les moyens. De porter pendant 10 ans à perte une idée dans laquelle ils croyaient. Mais c'était des gens cultivés. Par exemple si vous allez à Stanford ou à Los Angeles, vous pouvez très bien étudier l'histoire de la philosophie grecque au service de l'informatique, en France, c'est totalement inconcevable.

pharmakon Si vous allez sur Google, "couleur jaune", si vous pouvez faire des recherches sur Google c'est parce qu'il y a des critères de recherche qui sont produits de l'indexation. Pas au premier rang, mais au 4ème rang... Samedi dernier, parce que ça change tout le temps, ça dépend des requêtes, c'est un audimat extrêmement sophistiqué. C'est le résultat d'un processus d'indexation, pharmakalogiquement transformé par le numérique mais qu'il poursuit la question que soulève Socrate au 5ème siècle avant J-C avec Ménon. Je vous avais parlé d'un autre processus de catégorisation que j'appelle la méta-catégorisation. Je vous avez aussi présenté cet écran qui représente une analyse, c'est à dire une métacatégorisation d'un film "close up". Dans le cas de cette analyse de film, "catégoriser" ou "métacatégoriser" ça signifie découper dans un flux temporel des unités discrètes (au sens mathématique). Qu'on peut en faire une liste finie, une liste des éléments finis en mathématique la discrétisation d'un ensemble, c'est la transformation de cet ensemble en une liste d'éléments finis. On peut dire que par exemple que dans un film il y a toujours des plans, des mouvements de caméra, des séquences, des personnages, un scénario... On peut faire une liste d'éléments finis, la grammaire de cinématographique (métaphore). Si je passe par le cinéma, par ce logiciel de discrétisation, de méta-catégorisation, parce que d'une part d'analyse de film a été faite avec ligne de temps et nous ferons usage dans ce cours et pour indexer ce cours de ce logiciel " ligne de temps".

Mais si je vous montre ça c'est qu'avec les technologies numériques, qu'on appelle aussi les technologies du multimédia, la question de l'indexation au 21ème siècle se pose dans d'autres champs que celui du langage. À l'époque des mésopotamiens, à l'époque de Platon, la bibliothèque d'Alexandrie, à l'époque de l'imprimerie... dans toutes ces technologies-là ne concernaient que le langage et les nombres! Mais il n'y avait pas de technologie d'indexation, d'images sauf à travers le langage comme légende que lui-même s'indexait mais c'était du langage sur les images. Depuis très peu de temps, l'indexation se fait hors langage.

Exemple : j'ai développé des logiciels d'analyse automatique de couleur, d'analyse automatique de spectre phonique, d'analyse automatique de fréquence lumineuse... Pour retrouver automatiquement une automobile dans un stock d'images... Toutes ces technologies viennent de l'intelligence artificielle.

Aujourd'hui, il y a une question globale de l'indexation qui se produit, qui se pose d'autant plus qu'aujourd'hui que l'indexation est produite à la fois par des automates, par des spécialistes de l'indexation et par vous et moi. Car nous indexons sans même le savoir, lorsque nous posons des questions, lorsque nous travaillons sur le web nous produisons des cookies, des informations sur notre comportement, nous nous indexons nous-mêmes sans le savoir. Ce qui est très très grave, il faudrait imposer aux spécialistes de l'indexation l'obligation d'expliquer comment ils vous indexent, mais ce n'est pas encore le cas! Et ce n'est pas avec le gouvernement actuel que l'on y arrivera, en France en tout cas. Toutes ces questions, elles relèvent de ce que nous appelons... La web-philosophie...


Il faut que je vérifie car c'est là que je pense que nous pouvons nous faire payer ou boycotter ou faire carrément un autre modèle! Taxe : une somme pour chaque individu : une solution? 1 cent ou... par cookies? + Nos données personnelles, car nous ne sommes plus spectateurs mais nous créons, nous participons à ce système!







00:30:55

Nous allons poursuivre la réflexion sur la question de catégorisation, il y a plusieurs manières de catégoriser comme savoir et comme connaissance. Savoir et connaître. Tout le monde catégorise dans la pratique du langage, apprendre à parler d'une manière ou d'une autre c'est apprendre à catégoriser, c'est savoir catégoriser. Ça c'est un pot, ça c'est pipi.... Ce savoir catégoriser qui est acquis par les enfants de 2 ans, n'est pas forcement un savoir que je sais catégoriser. Savoir que je sais catégoriser n'est pas simplement savoir c'est connaître les catégories! Hors je peux très bien savoir les catégories sans les connaître.

Exemple : mon fils de 4 ans, Augustin sait catégoriser avec l'article défini mais il ne connaît pas encore l'article défini, d'ailleurs, il ne sait pas lire non plus et pour connaître l'article défini il faut savoir lire.

L'article défini, on le connaît que quand on sait le définir... Voyons sur Google comment on définit l'article défini sur Google, c'est à dire sur Wikipédia car ça commence par Wikipédia, quasiment toutes les définitions que vous pouvez demander sur Google, la réponse est toujours Wikipédia. Beaucoup de bien-pensants en rigolent, ce n'est pas une vraie encyclopédie (parce que ce n'est pas nous qui l'avons faite) mais il se trouve que cette encyclopédie sert à des millions de gens dans le monde et que des millions continuent à la produire sans demander de royaltie et uniquement pour le plaisir de faire quelque chose de bien. Il n'y a pas de quoi s'en moquer mais plutôt de quoi en rire de bonheur!

Chercher une définition, c'est ce que commencent par faire Socrate et Ménon. Si vous êtes au 5ème siècle avant J-C, à Athènes, aux portes de la cité, où rose toujours Socrate, où il surveille les jeunes athéniens qui sortent et qui rentrent et il essaye de comprendre ce qu'ils font, car c'est les jeunes qui intéresse Socrate. Parce que l'avenir est du coté de la jeunesse... Socrate pose la question qu'est-ce que la vertu?

Aujourd'hui, si je posais la question à un jeune homme en utilisant Skype et en parlant, je ne le verrais pas et toute suite, il irait sur Google et il taperait vertu. Vous voyez que le pharmakon a automatisé un certain nombre de chose, c'est très important comment penser par soi-même quand il y a des automates. Plus que jamais on peut penser par soi-même! Mais à une condition de développer une thérapeutique de cette pharmacologie, de prescrire une façon de faire avec cette pharmacologie. Ce que l'état français, ce que la commission européenne, ce que les pouvoirs publics... Empêchent en disant : privatisez les services publics, laissez le marché de s'occuper de tout ça, le marché c'est à dire les sophistes! C'est ça l'enjeu de ces questions aujourd'hui!


00:38:14


Wikipédia qui est une chose formidable où des tas de gens se posent des questions tous les soirs pour écrire des notices. Eux, ils réfléchissent par eux-mêmes, peut-être pas très bien mais en tout cas ils essayent...



00:40:25

Exemple :

Une hirondelle est venue (article indéfini) L'hirondelle est revenue (article défini)


Quand on dit: "L'hirondelle" c'est parce que on la connaît déjà, il y a une forme rhétorique : "L'hirondelle" en générale c'est une forme d'insistance, d'emphase et qui fait de cette hirondelle, l'hirondelle par excellence, l'essence de l'hirondelle.

Quand nous lirons Ménon que justement, Socrate dit à Ménon :

que si on peut dire LA vertu, c'est parce que on l'a déjà vu, parce que on la reconnait. UNE vertu c'est quand on va la voir pour la première fois.

Mais si on dit : LA vertu parce qu'il y a quelque chose qui s'appelle la reconnaissance, c'est ce que Platon appelle l'anamnesis, la réminiscence.

Platon : connaître c'est se souvenir, reconnaître en réalité, toujours reconnaître / anamnesis.



UNE vertu existe LA vertu consiste


Cette définition de Wikipédia est truffée de métacatégorie, elle est constituée par un métalangage, connaître le langage, c'est accéder à un métalangage qui nous permet de parler de notre langage et du langage des autres. C'est ce qu'on appelle la réflexivité du langage. Connaître le langage, c'est de passer sur un plan réflexif qui nous fait sortir du langage parlé par ceux qui le savent et qui ne le connaissent pas.

Et pour appréhender ce langage qu'ils parlent et que nous parlons nous-mêmes comme un objet de connaissance et non pas simplement de pratique, non pas simplement de savoir-faire des mots (parler). Autrement dit, connaître le langage et passer au stade du métalangage, au stade de la réflexivité du langage, c'est faire un saut hors du langage comme ce poisson volant, un poisson parlant et que tout à coup sortirait de l'eau du langage. Du bain du langage dans lequel il vit, et nous vivons essentiellement dans le bain du langage, pas seulement des murs, de la lumière, de l'écriture, de toute cette artificialité mais le langage est en particulier très important. Car nous ne le quittons pas même si nous décidons!

Exemple : je plaque tout, je pars au cœur de l'Amazonie, même en Amazonie vous avez internet, la tv... Au pôle, sud il y a encore un peu d'espace vierge et bien vous ne pourrez pas quitter le langage, parce qu'il est dans votre tête!

00:44:23

Imaginons que l'on sortirait de l'eau du langage, pour accéder à quoi en tant que poisson parlant à l'air du langage, (puisque le poisson volant sort de l'eau il va dans l'air) ...Dans le ciel du langage, ce que dit Platon avec le ciel des idées. Plus généralement, l'esprit du langage, ce qu'Aristote appelle le "νοὐς" l'esprit, intellect, noétique veut dire à la fois spirituel et intellectuel (intellectuel au bon sens du mot! Pas au sens où il y a des intellectuels qui ont des émissions sur France culture et qui se fabriquent comme ça des réputations absolument immérités, il y en a qui font des choses très bien et il y en a qui font des choses pas bien du tout et qui ont compris les trucs des médias).

Catégoriser c'est aussi ce que fait comme Augustin, mon fils (4ans) avec le langage, c'est ce que fait un cinéaste qui sait faire des films. Un cinéaste décide d'utiliser tel objectif pour avoir tel profondeur de champ et à travers cela, telle ambiance singulière...

Orson Welles : Canular que les martiens débarquaient

Charlie Chaplin : L'opinion publique

Orson Welles, Charlie Chaplin, Fellini ... Ils interrogeaient, ils posaient les questions que "Socrate se posait au 5ème siècle av. J-C, dans Athènes". Qu'est-ce que c'est tous ces machins-là, la radio, la tv, le cinéma. Ils faisaient des films pour montrer le caractère profondément pharmacologique et dangereux de ces techniques mais aussi le caractère nécessaire de ces techniques. La profondeur de champ ça peut se combiner avec des mouvements de caméra ou avec des mouvements de zoom avec toutes sortes de catégories cinématographiques et celui qui sait faire des films décide un panoramique, un traveling... Il prend une décision, il fait son film et avec ces catégories du cinéma qui définissent ce qu'on appellera l'art du cinéma. Catégorique veut demeurer inconnu à celui qui sait faire des films, celui qui fait des films peut utiliser ces catégories sans même savoir qu'il les utilise, exactement comme Augustin qui utilise l'article défini, il l'utilise très bien sans savoir que c'est article défini!

Il faut d'abord savoir avant de connaître!

Il y a aujourd'hui des gens qui enseignent la connaissance du cinéma sans jamais avoir fait un film, ils ne savent pas catégoriser mais ils métacatégorisent! Ils enseignent le cinéma, son histoire, sa critique, sa théorie... Mais ils ont jamais été foutus de monter un plan. C'est l'état du savoir contemporain.

Cassette Saez

En tout cas, enseigner le cinéma sans en faire, c'est ce qui est entrain de changer. Parce que aujourd'hui, on est entrain de filmer ce cours, moi, je peux vous filmer, vous prendre en photo...
Maintenant nous sommes tous outillés en permanence, pour capter, faire des photos, faire des films, enregistrer de l'audio... Nous avons des capacités soudainement incroyables qui nous étaient totalement fermées jusqu'à maintenant. Y compris la possibilité d'indexer sur Youtube ou Dailymotion... Donc accéder à des fonctions hautement professionnelles, il y a encore 10 ans hors que maintenant mon propre môme de 4 ans peut utiliser.



C'est ça l'un des principaux enjeux de la webphilosophie, l'extension des savoirs-faires de toutes ces technologies. C'est aussi ça l'enjeu d'Ars Industrialis lorsque nous disons, il faut développer une politique industrielle technologie de l'esprit arrêtons de laisser ça entre les mains des simples exploiteurs du marketing numérique et commençons à faire un projet de société de civilisation

Puisque le président veut un projet de société de civilisation... En voilà un! Il faut du temps au gens, Il faut totalement changer de point de vue... Et en mettant des taxes, il faut taxer le capital qui spécule et en imposant que ces taxes puissent permettre de financer tout cela...

Un impôt permettant de financer les externalités positives et ce qui produit les valeurs les plus importantes, les abeilles en tant qu'elles pollinisent ce n'est pas monétarisable sur un marché. Et c'est indispensable à la vie sous toutes ces formes, pas simplement la nôtre.

00:53:08

Parler tout comme faire des films, c'est aussi catégoriser, jusque tout récemment des films, seuls les cinéastes savaient en faire catégorisaient avec des caméras avec des projecteurs avec l'aide d'ingénieurs des lumières... À présent nous tous, nous pouvons catégoriser en image avec des appareils photos, des caméras donc nous pouvons apprendre à penser en image. Car penser c'est catégoriser!

La pensée n'est pas simplement dans le langage, mais elle est dans le langage mais cette pensée qu'on appellera rationnelle, elle est dans le langage en tant qu'il catégorise et en tant qu'il est capable de se métacatégoriser (se catégoriser au carré). Il y a des tas de films qui métacatégorisent le cinéma...

La plupart du temps, nous catégorisons sans le savoir et même très souvent sans le vouloir. Beaucoup d'hommes (perroquet) qui deviennent des automates qui répètent ce qui ont entendu dire la veille au soir ou le matin à la radio ou qu'ils sont dans une espèce de répétition obsessionnelle ou grégaire. Ça m'arrive, je barjotte pas mal... Tout comme moi en prenant des notes.

Nous parlons sans réfléchir, nous parlons trop, nous faisons aussi des photos sans réfléchir... Nous postons sur Youtube n'importe quoi sans réfléchir, ça fait partie, c'est la loi pharmacologique du langage, mais parfois cependant nous disons quelque chose, non pas nous bavardons. Mais nous disons quelque chose. Et nous le savons, tout à coup nous sentons que nous avons dit quelque chose, cela n'arrive pas tous les jours de dire quelque chose, nous le sentons et cela nous rend heureux. Où bien nous avons le sentiment d'avoir saisi quelque chose avec un appareil photo et tout à coup, ça il faut le garder, ça nous le conservons...

00:57:05

Aux écoles, on apprend que telle catégorie s'appelle, un sujet, un verbe, un complément... Ainsi se constitue un enseignement par où l'enseigné s'engage dans un processus de métacatégorisation, il fait l'acquisition d'un métalangage, d'un langage sur le langage, le langage théorique mais le langage de métier. Un métier se définie souvent par la manière, désigner précisément en objet du métier, un langage professionnel, le langage de l'apprentissage qu'on appelle les vocabulaires de métiers. Produire un métalangage c'est décrire des catégories qui catégorisent elles-mêmes d'autres catégories.

La vertu


La vertu pour la métacatégoriser, il me faut d'abord la définir, la vertu (force en latin - la morale) mais chez les grecs, la vertu ça comporte la morale mais c'est beaucoup plus vaste et que la force. En l'a traduit par l'excellence, j'aime bien aussi vertu car ça renvoie à virtuel, la puissance (plusieurs définitions)...



Exemple dans le dictionnaire : De quoi est constitué un dictionnaire? Un bon dictionnaire est constitué d'abord de citations. Il fait référence, il n'y a pas des citations en tant que telles, mais si vous voulez les connaître les citations, vous allez voir cette codification qui renvoie très précisément à la littérature antique, grecque et latine vous pouvez retrouver exactement la phrase que vous cherchez avec cette codification qui a été mis en place il y a très longtemps grâce aux arabes ne l'oubliez jamais et aux musulmans, ce sont eux qui nous ont transmis tous ça! Vous avez-là sous vos yeux un instrument linguistique qu'on appelle le "bailly"... Ces instruments linguistes ont profondément modifié notre rapport à la langue pendant des millénaires, il y eut un rapport à la langue constituée par une indétermination radicale des termes. D'ailleurs, ces termes n'apparaissaient pas comme des termes... Le terme, ça n'apparaît qu'à partir du moment où il y a une détermination, c'est à dire une définition. Définir un terme c'est le déterminer et cette détermination c'est la possibilité de reconnaître comme telle l'identité de ce terme... À ce moment-là, je suis passé du langage "su", au langage "connu". Définir la vertu, c'est tenir un discours sur ce que c'est de faire usage du mot vertu. (Ex : dictionnaire)... Le logos en est toujours constitué, la modalité de la pensée rationnelle entendue au sens, où elle est théorique.

01:03:40

Le métalangage ouvre à la théorie, d'être capable de "théoria" (contempler d'où vient le mot théâtre), c'est d'être capable de raisonnement que l'on dit logique (capable de respecter les règles de réflexivité du langage qui me permettent de déterminer les conditions """ et d'éviter la contradiction entre deux déterminations qui seraient incompatible)... Le principe de contradiction (Aristote) qui est aussi la condition pour accéder à ce qu'on appelle le raisonnement apodictique, démonstratif. Tout raisonnement logique n'est pas démonstratif, des raisonnements démonstratifs il y en a peu, être capable de démontrer quelque chose, c'est possible : en géométrie depuis le 7ème siècle, en arithmétique depuis moins longtemps, en physique mathématique ... Il y a peu de domaine où on est capable de démonstration.

En 1969, François Jacob et Monod ont eu le prix Nobel de médecine, et ils l'ont eu parce qu'ils ont prétendu démontrer la véracité du Darwinisme. Du fait, qu'il n'y a pas d'hérédité des caractères acquis mais qu'il y a un transformisme qui se produit par variation aléatoire et sélection naturelle comme disait Darwin. Darwin n'avait pas démontré ça, il avait soutenu cette position mais il n'avait pas démontré! Monod et Jacob en mathématisant la biologie ont prétendu démontrer la véracité du Darwinisme. C'est ça qu'on appelle le néo-darwinisme ou encore la biologie moléculaire. Mais ça, il y a des gens qui le contestent aujourd'hui, en biologie, on prétend que la démonstrativité, l'apodicticité est possible. Est-ce vrai? Je laisse de coté ce problème aujourd'hui!

Dans un langage démonstratif, qu'on appelle aussi très souvent un langage formel, c'est un langage sur un langage qui est tellement rigoureux sur le plan théorique qui a conduit à des formules, à des formes très particulières. Dans un tel langage chaque terme de la définition doit être lui-même défini, on ne tolère pas une définition qui serait composée de terme qui serait lui-même défini sauf certains termes qui sont définis par convention et pas de manière démonstrative et qui sont les termes, des axiomes qui sont des termes que l'on utilise dans les mathématiques, qu'on n'a pas démontré mais qui sont des conditions de la démonstration, des fondements indémontrés de la démonstration. C'est un sujet au cœur de la crise des mathématiques ...

Une théorie morale qui n'est pas une théorie démonstrative commence par donner elle aussi des définitions desquelles on peut partir et sur la base d'un accord partagé par des locuteurs de bonne foi, par exemple, qu'est-ce que c'est la vertu? Et ces interlocuteurs doivent être de bonne foi pour se mettre d'accord sur un mot dont lui-même on n'arrivera peut être pas à définir tous les termes et qui pourtant sera une base de théorie morale. Des interlocuteurs de bonne foi, ce que Socrate appelle "amicaux", il faut une certaine amitié entre ceux qui parlent, même s'ils peuvent s'engueuler, il faut s'engueuler, il y a beaucoup d'engueulades dans les dialogues de Platon!

01:08:23

La crise des fondements des mathématiques qui est à l'origine de la démarche, où Husserl en vient à proposer une phénoménologie (une conversion du regard) c'est la crise de la possibilité de donner de telles définitions. Tout à coup, les mathématiques à la fin du 19ème siècle sont perdues par toutes définitions, tout ce qui semblait définitivement acquis la fameuse géométrie euclidienne qui semblait être un socle extraordinaire puisqu'elle avait permis, Descartes, Newtown, Kant... De construire tout ça par exemple, ce bâtiment ça repose sur la géométrie euclidienne et aussi sur l'arithmétique des arabes, sur l'algèbre et tout à coup, ça rentre en crise à la fin du 19ème siècle! Si tout ce qui était définitif ça paraît infinitif, c'est à dire, pas fini ou indéfini, vent de panique. C'est dans cette crise que Husserl se met à faire de la phénoménologie, ce n'est pas pour le plaisir de faire une conversion philosophique pour faire l'intéressant, l'original tiens je vais inventer une nouvelle philosophie. D'ailleurs au départ ce qu'intéresse Husserl ce n'est pas la philosophie, ce sont les mathématiques, l'arithmétique pour être plus précis. Mais il est obligé à se mettre à faire de la philosophie à réfléchir sur cette crise des fondements, il devient un des plus grand philosophe de l'histoire de la philosophie. En proposant une conversion, c'est à dire une nouvelle façon de penser.

01:10:09

Qu'est-ce que c'est la phénoménologie? C'est la conversion du regard exigé par cette crise de la pensée rationnelle, tout comme Socrate est une conversion du regard exigé par la crise de la cité grecque. Dans le cas de la phénoménologie à partir de 1895, surtout à partir de 1901 dans les recherches logiques de Husserl, la conscience ne se concentre plus sur ces objets, que ce soit des objets de perception, des objets d'imagination, de crainte, d'angoisse, d'espoir, des objets de considération théorique, des objets de pratique, elle ne se concentre plus sur ces objets, elle se retourne sur elle-même. Et elle tente d'appréhender les conditions dans lesquelles des objets peuvent lui apparaître, elle en est à cette modestie, à cette humilité radicale de la pensée. Dans qu'elle condition, même si c'est un centaure, il peut m'apparaître, même s'il n'existe pas ce qui est important c'est de comprendre comment il peut m'apparaître. C'est ça qu'on appelle la phénoménologie. Le discours sur les conditions de l'apparaître...

Un centaure, un minotaure, cela n'existe pas mais pourtant cela vous apparaît. Donc Husserl faut commencer par-là, pourquoi? Parce que le point géométrique, lui aussi n'existe pas et il nous apparaît. Le problème n'est pas si c'est réel ou pas, si ça existe ou pas, le problème c'est de savoir comment ça apparaît d'abord, comment fonctionne la conscience?! Cette réflexibilité-là, la conscience réfléchissant sur elle-même comme cela, ça n'est pas la même que celle qui permet à Augustin de passer de savoir catégoriser à connaître la catégorisation. C'est aussi ça se transformer, nous nous transformons, nous avons toutes sortes de manière de nous transformer, il y a une manière que nous partageons avec les poissons, avec les tournesols avec toutes sortes d'êtres vivants, c'est que nous grandissons sans même le vouloir à condition d'avoir quelque chose à manger, c'est ce qui n'est pas le cas de tout le monde! Un milliard de gens n'ont pas de quoi manger!!!

01:13:20

Quant à nous, les êtres noétiques, nous y compris ce milliard de gens qui n'ont pas de quoi manger et qui sont malgré tout des êtres noétiques, alors est-ce qu'ils peuvent accéder au plan noétique sans rien dans le ventre, c'est pas du tout évident, même s'il y avait des prophètes qui sont partis dans le désert, en disant c'est comme ça qu'on y accède mais c'est compliqué. Quant à nous, grandir ne consiste pas seulement à prendre des centimètres, comme Augustin ou comme des kilos mais ça consiste à grandir notre vision du monde et parfois précisément un peu comme un poisson volant qui sort de l'eau, où nous nous sortons de nous-mêmes.

Nous nous dépassons, nous nous élevons vers l'air, ce que fait tout élève, je suis fier qu'il y a quelques élèves ici (c'est à eux que je m'adresse en priorité, c'est d'abord destiné aux élèves ce cours). Parce que ce sont eux qui s'élèvent, ce n'est pas que nous nous n'élevons pas, nous qui sommes plus vieux mais ce qui fait que vous qui êtes des élèves (lycéens, étudiants).

C'est ce que vous faites en ce moment, à plein temps ce que nous nous faisons à temps partiel, nous qui avons vieilli, nous tentons ce que nous essayons à faire malgré tout, parce que jusqu'à la fin de notre existence, nous les êtres noétiques et c'est ça que nous sommes noétiques, nous continuons à essayer de nous élever, jusqu'à la dernière seconde.

C'est aussi ça que faisait dire Aristote : Tant qu'il n'est pas mort on ne peut pas juger Socrate. Ce n'est que la façon dont il meurt que l'on juge quelqu'un. Façon de mourir de ne veut pas dire forcement la dernière seconde de sa vie, mourir c'est ce qu'on fait tout le temps, mais ce mourir que nous faisons tout le temps qui s'appelle exister, c'est une façon de nous transformer pas seulement comme n'importe lequel tournesol, poisson, bactérie... Mais par un autre mode qui passe par la réflexivité, c'est là qu'on aimerait bien nous ôter en ce moment.

01:15:54

Le temps de la réflexivité :


Toute une histoireLa réflexivité dont je parle-là, c'est celle qui est passe par l'enseignement, à l'école et c'est celle qui rend possible la philosophie grecque. En Grèce Antique, il y a des écoles avant la philosophie. D'est d'ailleurs ça qui est l'origine de la sophistique.

La réflexivité acquise à l'école par les enseignements et celle que vise la conversion philosophique qui est une autre forme de réflexivité qui suppose la première.

C'est deux formes de réflexivité, celle qui nous invite Descartes, Husserl... Elles sont très différentes mais elles ont des conditions communes.

La réflexivité phénoménologique de Husserl, en toute perception, en toute imagination, en toute inquiétude, en tout fantasme, en toute apparition, en toute hallucination...Par exemple un centaure qui m'apparait tout un coup.




Dans tout ces cas d'appariation, ce qu'il appelle des phénomènes, il y a une visée, un mouvement vers quelque chose est intentionné (intentionné chez Husserl ne veut pas dire qu'on veut faire d'intentionné quelque chose, c'est qu'on tend vers quelque chose, tendre vers quelque chose). Ce qui est visé ou intentionné c'est un Eídos. L'Eídos de tel rouge, c'est le rouge pur que je parlais tout à l'heure, qui n'existe pas et dans l'Eídos du rouge pur, il y a aussi l'Eídos de la couleur qui elle même n'est pas colorée. (Husserl - dans les recherches logiques) Quand Husserl soutient ça, Husserl est très près de Platon, très proche de la description que Platon fait dans la république (le ciel des idées - Le chôrismos "le séparé" - L'intelligible).
Mais Husserl ajoute quelque chose que ne dit pas Platon, Il dit que dans le langage que nous parlons tous en tant qu'il est une catégorisation, il se passe toujours ce que Husserl appelle un processus d'idéation, non pas d'idéalisation mais un processus d'idéation une projection vars une "idéa", vers un" Eídos" (Eídos l'origine d'idéa, ce que j'appelle la consistance - L'essence "Socrate, Platon, Husserl"). L'idéation, ce n'est pas l'idéalisation. L'idéalisation (pour Husserl) c'est ce qui permet d'accéder par des analyses phénoménologiques à condition d'avoir fait cette conversion spirituelle qui est la méthode phénoménologique, c'est ce qui permet d'accéder à l'Eídos en tant que tel.

Exemple : Eídos du point géométrique. Une science apodyptique (Husserl) qui permet de remplir l'intention de l'Eídos, d'accéder pleinement à l'Eídos. Si vous faites de la géométrie, si vous avez bien étudié Euclide, vous intuitionnez pleinement le plan géométrique... En revanche, si vous êtes Van Gogh, vous n'arriverez jamais au jaune pur, la peinture n'est pas démonstrative, elle est monstrative, vous montrerez des monstres jaunes (monstre : c'est ce qu'on ne peut pas voir). C'est ce qui se montre monstratif et monstrueux. Si un tableau de Van Gogh qi vous n'arrivez pas le voir c'est que vous êtes aveugles, noétiquement aveugle.

01:22:31

Donc, l'idéalisation c'est ce qui permet de distinguer l'Eídos en tant que tel, plu sou moins, parfois absolument, parfois par défaut. L'idéation, elle, c'est ce qui vise l'Eídos sans distinguer l'Eídos dans l'ensemble du phénomène, pour voir le rouge je suis obligé de voir le rouge pur mais je ne le distingue pas dedans, je distingue ni en tant que tel, ni comme une question. Le jaune pur c'est la question de Van Gogh. En 1901, lorsqu'il publie les recherches logiques et qu'il fait cette conversion qui s'appelle la phénoménologie, Husserl dit que le but de la phénoménologie, c'est de dégager ce qu'il appelle une eidétique (une science des Eídès), une description des essences ou peut-être plus prudemment à une description des conditions dans lesquelles il est possible de distinguer des essences. Le but de Husserl, c'est de refonder la science, c'est son but au début en 1895, lorsqu'il écrit la philosophie de l'arithmétique et c'est son but encore à la fin de sa vie, son but aurait été de fonder la rationalité.

Si je vous parle de ces auteurs, ce n'est pas pour la plaisir mais pour montrer que ça comme avec Platon et ça continue très loin après Platon... Et dans ces questions, catégorisation, métacatégorisation, réflexibilité, elles se rejouent régulièrement dans toutes les grandes conversions philosophiques, en passant par René Descartes, en passant par la fin des lumières par Emmanuel Kant et puis par Russell et à notre époque même elle se rejoue à nouveau mais dans des termes tout à fait nouveau par rapport à tous ces auteurs-là. C'est d'ailleurs pour ça que la pensée française qui désigne Foucault, Deleuze, Derrida, Lacan... a été accusée de détruire toute la pensée philosophie. C'est vrai qu'il y a eu une destruction, dont on a le sentiment aujourd'hui que cela a débouché sur des impasses, sur une confusion généralisée. La confusion, aujourd'hui cela règne. Je vais vous montrer qu'il fallait en passer par-là, et qu'il faut critiquer ces auteurs-là.

01:26:48

Lorsque Socrate demande à Ménon ce que c'est la vertu? Il recherche son essence, que plus tard Platon appellera son idée - idéa - Eídos. En parlant des idées Platon dans la république posera en principe et presque comme un dogme (au sens négatif du mot chez moi) qu'il faut non seulement distinguer mais opposer deux mondes, le monde intelligible, là où règnent les idées pures et le monde sensible, là où apparaissent les phénomènes à travers lesquelles ces idées se manifestent de manières dégradées et corrompues... Ça prépare le discours de la chute, cela se dit au 5ème siècle, au début du 4ème siècle av. J-C, deux ou trois siècle après où s'écrit la bible, le pêché originel. Autrement dit, le discours de la chute, la chute du paradis des créatures que nous sommes, nous qui avons fauté, qui sommes coupables.. Chez les grecs la culpabilité ne savent pas ce que c'est, ça n'existe pas la culpabilité chez les grecs, c'est ce que dit Nietzche et je pense qu'il a absolument raison, il n'y a pas de culpabilité chez les grecs, il y a de la responsabilité, de la vertu ou de l'excellence, médiocrité ...

Mais il n'y a pas de la culpabilité. Chez les grecs quand il y a quelque chose de grave, on ne cherche pas le coupable, on cherche les raisons tout à fait autre chose... Un coupable c'est toujours un bouc émissaire. En revanche, dans la Bible, il y a de la culpabilité et il y a du bouc émissaire, le mot bouc émissaire vient de la Bible.

Sortons de la culpabilité, c'était le programme de Freud et de Nietzche, je ne dis pas du tout ça contre le judaïsme, le christianisme ou l'islam, pas du tout. Mais je pense, il y a un temps qu'il faut passer au-delà, la culpabilité cela conduit à une nouvelle guerre de religion et c'est extrêmement dangereux car ce n'est pas Dieu qui remporterait cette guerre mais c'est le diable! Je suis plutôt un mécréant et je pense qu'il y a du diable et du diabolique! Mon prochain livre s'appellera "Symbole et diabole".

01:30:00

Pour Platon, la possibilité qu'il y a d'une remontée depuis le sensible, là où nous sommes, le corruptible, le monde dans lequel nous vivons vers l'intelligible, c'est à dire les essences, les idées pures. C'est possible pour Platon à travers une certaine façon de parler, une façon de parler qui a vécu une conversion locutoire et qui s'appelle la dialectique.

La dialectique c'est l'art de dialoguer, cet art de dialoguer, tel que l'a inventé non pas Platon mais Socrate et c'est pour ça que Platon a écrit des dialogues Socratiques qui prétendent, au début c'est vrai, restituaient le souvenir qu'il a... Comment Socrate enseignait en dialoguant, c'est ce qui permet d'accéder non seulement à l'idéation du langage mais à l'idéalisation. À la capacité de dégager, ce que Platon appelle des idées, des essences et c'est ce qui permet à accéder, ce que Platon appelle la contemplation des idées pures, à l'intelligibles pures totalement purifier du sensible, cette contemplation se dit "théorie" la théorie c'est le fruit de cette contemplation. La disposition sur laquelle il faut se trouver psychiquement parlant pour pouvoir contempler c'est la " skholế " l'école. La skholế


Ici, vous êtes dans un skholế en le traduit en règle générale par "loisir" aucun rapport avec la société des loisirs, non pas du tout également le farniente, ça veut pas dire que le farniente soit une mauvaise chose qu'on ne puisse pas accéder à skholế travers le farniente, le loisir ici ne veut pas du tout dire le farniente. Ça veut dire contempler, être capable de passer sur un autre plan que le plan de l'eau du poisson, et se mettre à voler comme un poisson volant.

La skholế, un autre nom dans le monde moderne "la liberté", les grecs ne se posent pas la question de la liberté, il se pose la question du loisir, c'est à dire de la skholế.

Un esclave c'est celui qui a préféré d'être privé d'accéder à la skholế que de mourir.

Un noble c'est celui qui a préféré mourir que de risquer d'être privé d'accéder à la skholế, c'est à dire au loisir.

C'est ça qui définit les nobles chez les grecs, les nobles se sont simplement les citoyens, ceux qui méritent de participer à la décision politique. Ce n'est pas du tout une noblesse de sang... En générale, ce sont aussi des guerriers, tout le monde se bat pour survivre, on se fait des guerres, c'est une époque dure! Aujourd'hui, nous appelons la skholế, la liberté mais cette liberté, ce n'est pas la liberté de ne rien faire, car on croit quand on est libre on ne fait rien! Non quand on est libre on ne fait pas rien, on contemple, la noblesse c'est celui d'être capable d'accéder à la théoria, à la contemplation des idées, c'est des propositions que fera Platon. C'est ce qui permet de passer sur un autre plan qui est le plan, que nous appelions la semaine passé le noétique, le plan noétique (intelligible).

01:34:16

Quant à Husserl, il cherche à trouver dans la conscience et à partir des phénomènes qu'ils lui apparaissent, ces idées (que Platon voyait dans le ciel des idées)... Husserl dit : mais c'est dans la conscience même qu'on doit le trouver; puisque la conscience dans tout phénomène vive nécessairement un Eídos, c'est à partir de la conscience... Peut-être qu'elle se retourne sur elle-même, cette réflexivité phénoménologique que l'on va pouvoir accéder à l'Eídos. En faisant cela, Husserl poursuit un geste de conversion qui avait été entamé par Descartes dans la première méditation... Quand il disait il faut arrêter de croire à quoi que se soit y compris à ce que je sens, il faut rester un l'égo cogito pur, c'est ça que Husserl va continuer... Mais il va continuer ça en passant par Kant.

Kant tente de dégager ce qu'il appelle le transcendantal, il tente de faire la théorie d'un sujet pur, qui est le sujet pur de la connaissance. Et ce sujet pur d'une connaissance pure Kant l'appelle le sujet transcendantal, Husserl va continuer ce travail. Kant c'est 18 et Husserl c'est un peu plus d'un siècle plus tard. Et Kant c'est celui qui va poser le problème, les conditions des possibilités de l'expérience pour que je puisse avoir une expérience, une expérience du rouge, expérience d'avoir froid, expérience de penser d'un théorème de géométrie... Expérience (empeiria, en grec) pour accéder à l'empeiria, à l'expérience, à un objet que je vise, que je regarde, que je sens ou que je médite, ça peut être un objet idéal et bien il y a des conditions et ces conditions Kant les appelle transcendantales, il faut que je les "a priori" avant toute "a posteriori" (après coup, c'est arriver après moi) mais en moi il a quelque chose qui précède l' a posteriori, mon expérience, et Kant l'appelle l'a priori.

Il y a deux dimensions "a priori" chez Kant; deux dimensions transcendantales :

Une dimension qui s'appelle les conditions de l'entonnement Une dimension qui s'appelle la raison


L'entonnement c'est un ensemble de contrainte formelle de la pensée et de l'activité de pensée qui permettent d'appréhender le réel en soumettant des concepts purs "a priori". Concept que Kant va assembler de ce qu'il appelle la table des catégories, qu'est que sont les catégories? Ce sont des métacatégories, pas des catégories comme le rouge qui est une catégorie ... Mais des archicatégories, catégorie de toutes les autres catégories... Des protocatégories, des catégories que j'ai avant toute expérience y compris avant d'apprendre à parler. C'est ce qui va me permettre de produire des métacatégories, des conditions de ma pensée rationnelle, c'est ce qui va me permettre de catégoriser et pas simplement métacatégoriser.

La raison, c'est ce qui est capable de viser des idées, chez Kant les idées n'ont pas le même sens que Platon. Chez Platon l'idée, il y en a une de toutes choses... Chez Kant, qu'est-ce que c'est l'idée?

j'entends par idée un concept rationnel nécessaire auquel ne peut correspondre aucun objet donné par les sens ~ Kant



Exemple : la liberté, c'est une idée. Il n'y a pas de pure liberté. La liberté c'est une conquête constante d'une raison. Non pas la raison pure théorique mais la raison pure pratique (la morale).

C'est ici que se pose, chez Kant, la question du suprasensible, ce n'est pas seulement l'intelligible mais des infinités, des choses qui ne peuvent jamais être finies et qui relèvent des nous-mêmes "le nous" ( l'intellect"). Des objets du "nous", en tant qu'ils s'infinitisent et ça donne des nous-mêmes qui sont des objets que la conscience se donne mais qu'elle ne peut jamais atteindre pleinement. C'est ce qu'il appelle le suprasensible. Le beau fait partie de ces objets-là.

Par rapport à Kant, Husserl poursuit ... et en même temps qu'il revient à certain point de vue à Platon. Puisqu'il pose que tout objet à son Eídos, son idée à la différence de Kant.

01:43:00

La conscience c'est ce qui devient réflexive au sens de Husserl et au sens de Kant, lorsque cela tente d'accéder à ses propres conditions de possibilité. Le sujet transcendantal dans ces conditions de possibilité avant tout expérience.



Le prochain cours : Le poisson volant : La question de l'intermittence, au fait qu'on ne peut jamais rester dans la considération noétique, on est toujours condamné aussi philosophe qu'on puisse être, aussi rigoureux en tant que philosophe à retomber toujours dans l'eau et à parler comme tout le monde, à vivre ordinairement... Même si la philosophie ne vise pas seulement à comprendre les conditions de possibilité de l'expérience (la philosophie spéculative). Mais elle vise à changer la façon de vivre. Faire de la philosophie, ce n'est pas comme faire de la physique, de la géométrie... C'est véritablement changer de façon de vivre, si ce n'est pas ça, cela ne vaut rien du tout pou alors cela s'appelle de l'histoire de la philosophie, mais c'est tout à fait autre chose de la philosophie. Mais se mode vie passe d'abord de l'expérience théorique. Par une certaine forme de la réflexivité qui n'est pas celle d'Augustin qui apprendra bientôt à l'école, l'article défini, mais une forme de la réflexivité qui suppose une conversion du regard. Et à partir de cette conversion du regard, comment les philosophes grecs qui sont les premiers véritablement à opérer cette conversion, on proposait aussi une conversion politique. La philosophie c'est toujours politique...

Gilbert Simondon, il a pensé le processus d'individuation psychique et collective. Si je veux m'individuer, me transformer... Je ne peux pas m'individuer aussi les autres avec moi si je ne participe pas à l'individuation des autres. C'est assez proche ce que dit Jésus-Christ et ce que dit aussi Socrate... Le cléos!





Ma compréhension par rapport aux couleurs :

Rouge = MOI - SOI
GRIS = VOUS
BRUN = Tertiaire - MONDE
Orange = Poisson noétique
Turquoise = Personnages
Bleu = Oeil du cyclone - Mort
Rose = Les sophistes
Vert = Les questions
Mes commentaires

Par rapport à nous ~~~~~~~~~~~ Par rapport à soi




Cours en différé du 16 octobre 2010 - Cours3 de Bernard Stiegler à l'école de philosophie d'Epineuil le Fleuriel,

Mes prises de notes 11 juillet 2014