Prise de notes - Partie 2
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Lorsqu'il dit la bonne Eris est devenue mauvaise Eris parce que les sophistes utilisent l'écriture d'une manière qui suscite la jalousie, l'envie, non pas du tout l'émulation, mais la concurrence mortifère, les massacres. C'est une réalité, ce sont des interminables guerres qui se produisent à ce moment-là.
Parce que dans le mythe d'Épiméthée et de Prométhée, la technique a conduit, les mortels à entrer en émulation entre eux et puis finalement à s'autodétruire, à rentrer en guerre civile. Zeus leur apporte les lois, à travers Hermès, donne leur le sentiment de la justice et de la honte, comme ça ils seront capables de faire des lois.... Il leur apporte ce sentiment et l'écriture.
Le problème que cette écriture qui est à l'origine du processus d'individuation grec... cette écriture, elle est elle-même pharmacologique, elle peut produire du contraire du pourquoi elle est faite. Alors, il s'agit à travers l'écriture de remonter aux sources. Car l'écriture nous permet de remonter aux sources. À travers les dialogues de Platon, nous remontons aux sources grecques de notre individuation. Mais aussi aux sources juives de notre individuation. Car les sources de l'Occident ce sont les grecs et les juifs. Ce sont les grecs et la Bible. Cette remontée aux sources, ce qui m'a fait dire que le poisson volant est peut-être enfin de compte un saumon. Parce que les saumons remontent aux sources et sa façon de voler ce n'est pas de voler comme le poisson volant mais c'est de remonter les cascades.
Juste pour me repérer, par rapport au "Plan de mes pensées", tout ce qui est souligné et en couleur,
L'Eris, c'est donc le problème. L'Eris, on ne la trouve pas que dans la tradition grecque, on la trouve aussi dans la tradition juive justement, à l'origine de la Bible. Caïn et Abel c'est aussi la question de l'Eris. Les premiers agriculteurs sont des êtres violents et il fuit.
Cette fuite qui est produite par l'Eris. L'Eris est la pomme de la discorde. Cette pomme qui a été jetée par Eris, pour semer la zizanie entre les dieux. Mais cette pomme, on la retrouve dans la Bible. C'est le pêché originel.
L'Eris est fondée sur l'Elpis, c'est à dire sur l'attente. Et que l'Elpis elle-même se divise en deux. C'est l'attente comme espoir, l'espoir que ma belle va revenir, l'espoir du messie aussi qui est promis par la Bible. Et c'est aussi l'attente du pire, de la catastrophe, la crainte. Nous sommes sans arrêt divisés entre la chose du contraire de la chose. Et si nous lisons Platon parce qu'en tant que fondateur de la philosophie, élève de celui qu'est mort pour donner naissance à Platon et à la philosophie, Socrate. Essaye de trouver des critères, c'est à dire des façons de vivre. Un savoir vivre, qui fasse qu'on vive mieux plutôt que mal.
Paysans - Monde à l'envers
Ces trois dialogues :
- Ménon
- Le Banquet
- Phèdre
Ces trois dialogues, ils sont habités et hantés par 5 questions.
- La poésie
- Le délire
- L'amour
- La mémoire
- Les mystères et la mystagogie
Cette mystagogie est typique de la société des Mystères d'Éleusis qui est une société de la honte, l'Aidôs.
La société grecque si vous ne comprenez pas que ce n'est pas une société de la culpabilité, ça (l'enfer) c'est notre société de la culpabilité, c'est la nôtre, nous nous sommes des coupables. Nous nous sentons coupables, nous avons été élevés dans la culpabilité, depuis 2000 ans. Mais chez les grecs l'enfer n'est pas du tout un lieu de culpabilité. L'enfer c'est l'Hadès, il n'y a pas de coupable mais il y a une honte. Il y a un sentiment de la honte. On peut avoir honte des gens qui font des bêtises mais on peut aussi avoir honte de soi-même.
La société de la honte n'est pas la société de la culpabilité, mais je crois moi ce qui relie ces 2 sociétés, c'est l'expérience de la tentation qui est aussi une obsession d'un philosophe, Gilbert Simondon.
La tentation c'est quelque chose d'irréductible, même quand on a quitté le monothéisme, la religion et tout ça et c'est mon cas, je ne suis pas un croyant du tout. On reste exposé à la question de la tentation. Au diable la vertu, c'est peut-être ce que dit Strauss Kahn, est-ce que je n'ai pas avoir honte de penser ça. J'espère qu'il se le dit, parce que si, il se le dit, ça vaut le coup de réfléchir en cabane de temps en temps. Peut-être qu'il fera quelque chose d'intéressant de tout ça.
Ménon - Pourrais-tu me dire, Socrate, si la vertu s'acquiert par l'enseignement ou par l'exercice, ou bien si elle ne résulte ni de l'enseignement ni de l'exercice, mais est donnée à l'homme par la nature, ou si elle vient de quelque autre cause?
Socrate - Non seulement cela, Ménon, mais encore que je ne crois pas avoir jamais rencontré personne qui le sût.
Préambule : la vertu peut-elle s'enseigner?
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Alors apparaît l'aporie, et c'est là qu'apparaît la théorie de la réminiscence. Et on arrive à Éleusis, c'est un mystère qui est là pour commémorer ce viol, ce n'est pas une femme de chambre et Strauss Kahn. Mais c'est Perséphone qui est enlevée par Hadès. Le viol est à l'origine même. Dans la bible aussi d'une certaine manière, les agriculteurs violent la terre avec leurs charrues...
Toute cette culture-là, c'est une culture du daimôn, dans cette société à chaque fois que quelque chose m'arrive, une idée brillante c'est un démon qui est en moi. Il peut me mettre en colère, il peut me faire violer une femme de chambre, mais aussi à une idée de génie. Les êtres de cette époque-là sont hantés par des esprits ou des démons.
Et cette société de la honte, c'est aussi la société du Kléos, de la réputation. La réputation qui fait que je vis en vue de prendre soin de la mémoire, et y compris de la mienne, qu'on aura de moi. Par forcement pour devenir célèbre, mais pour qu'on n'ait pas honte de moi.
On sort de la société du Mûthos et on rentre dans la société du Logos. Qu'est-ce qui se passe, en passant du Mûthos qui est le monde des "daimôn", des démons qui reviennent au logos. Et bien une généralisation de la pratique de l'écriture... En 480, tous les grecs vont à l'école, ils savent tous lire. Mais cette écriture, qui sort du Mûthos et qui va rentrer dans le logos en même temps produit cette crise du v e siècle av. J.-C. et déclare son caractère pharmacologique. C'est dans ce contexte qu'à lieu le procès de Socrate, ce qui va le conduire à mourir. Et c'est dans ce contexte que Socrate, en appelle au conglomérat hérité, c'est un retour, comme un saumon, il retourne à la source, à la source qui est Perséphone.
Platon va nous dire dans le Banquet, que l'âme est capable de s'élever, entant qu'elle est capable d'amour, il va tenir un discours sur l'amour comme source de l'idéalisation, en parlant la langue de Freud, la sublimation.
La sublimation qu'est-ce que c'est? Ce qui va permettre de passer d'une passion qui est l'amour à une autre passion qui la passion du savoir, la passion de la vérité, la passion de la géométrie, la passion de la sagesse, l'amour de la sagesse la philosophie.
Le problème pour Platon, c'est qu'il va être confronté à finalement au constat que l'ennemi de la passion, c'est la passion. La passion peut faire obstacle à la passion. Cette passion qui sublime l'amour qui conduit à la vérité, elle peut être aveuglée par la passion du corps, par la passion régressive. Nous en sommes revenus à la question des pulsions. Le problème que va avoir Platon, c'est de trouver un critère pour distinguer 2 types de passions, 2 types de pulsions. Une qui serait bonne une qui serait mauvaise. Il va se mettre à les opposer, et finalement, ce critère, il faut le poser l'âme au corps. La mauvaise passion c'est la passion du corps, la bonne passion c'est la passion de l'âme.
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Cela étant, Socrate lorsqu'il en appelle à l'immortalité de l'âme, en particulier à la fin de son procès, il dit aux athéniens, je m'en fous pas mal, je vais aller retrouver Orphée, Hésiode... et mon grand-père. Ce dont, il parle, c'est une mémoire qui est une mémoire du Kléos, il ne parle pas d'une immortalité de l'âme. Et ce que Platon va faire, il va transformer ce discours en un discours de l'immortalité.
Ce que nous allons voir dans le Banquet avec Hadès et Perséphone et constituant ainsi le destin des mortels (violant) quelque chose se noue de manière indissociable à jamais pour nous entre l'amour et la mort. Et c'est ce nœud entre l'amour et la mort qui est l'enjeu du banquet. Les Mystères d'Éleusis, ce sont des pratiques rituelles de printemps qui essayent de rendre sensible la renaissance de ce qui était mort. La renaissance dans l'hiver. Le fait que ça repousse, et ça finira toujours par repousser. Ça ressurgit du dessous de la surface de la terre, c'est à dire de l'Hadès. Et que l'âme du héros, nous dit Perséphone c'est comme cette graine qui se remet à pousser.
C'est à travers de ce type de spiral qu'il faut penser cette renaissance, résurgence. Cette résurgence qui est donc une réminiscence c'est une vieille question de la Grèce archaïque... une fonction qui ressemble à celle du Griot. À partir où l'écriture apparaît, elle se substitue au griot, un homme de la mémoire orale. Et qu'elle détruit progressivement, cette culture de l'Atè. Cette culture de l'Atè, cependant, dans le banquet revient. Lorsque Alceste devient folle de désir, folle d'amour au point d'en mourir, d'une certaine manière elle est aveuglée par l'amour. Mais par cet aveuglement, elle voit l'invisible, comme Ray Charles, il nous fait voir par le chant. Homère aussi est un aveugle.
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Pourquoi parlons-nous de l'anamnèse? Panorama... On essaye de comprendre, il y a plus de 2700 ans et comment nous en sommes arrivés là maintenant...
Nous disions que cette histoire d'anamnèse est une histoire d'amour. Et ça nous rend songeur... du grégaire au poisson volant. J'essaye de vous dire pourquoi nous faisons ce cours et j'essaye de vous dire que tout ça, c'est le sujet du Banquet, et que le sujet du banquet, c'est l'infini.
Ce qui fait l'intérêt de ces structures, c'est qu'elles sont infinies. Vous ne pouvez pas commencer une spirale, ça n'a pas de début, et vous ne pouvez pas finir une spirale, ça n'a pas de fin. Cette question de l'infini, vous ne la trouverez pas chez les grecs.
Par contre vous la trouverez chez kant.
Est sublime ce en comparaison de quoi tout le reste est petit.
Kant
C'est ce qui donne le sentiment de l'infini. L'infini c'est ce qui donne le rapport à l'infini, qui passe ce qu'il appelle le supra-sensible. Et ce que j'appelle moi ce qui consiste, ce qui n'existe pas et ce qui donne un élargissement de l'esprit. C'est ce qui constitue la possibilité, de ce que je n'appelle pas simplement le sublime avec kant mais la sublimation avec Freud. Kant dit la capacité de sublimation, le pouvoir de sublimer, c'est ce qui peut nous donner de la joie mais aussi de la peine. Lorsque nous sommes confrontés au sublime, à l'infini, nous avons le sentiment notre caractère minuscule, absolument microscopique, ça peut aussi nous faire de la peine. Du plaisir autant que de la peine. C'est un sentiment pharmacologique. Il y a quelque chose de tragique dans ce texte chez kant. Cela peut nous donner de la joie comme de la souffrance.
Tout ça suppose une voyance. - JE est un autre (lettre du voyant - Rimbaud) - Il dit qu'il faut se faire voyant et il faut s'épuiser en soi TOUS LES POISONS. C'est un penseur du pharmakon, Rimbaud...
Où, il est annonciateur à "Salut les copains", Rimbaud est entrain d'annoncer la question des générations. Et ce que j'appelle, les natifs du numérique, c'est l'enjeu de cette école. La seule chose qui m'intéresse c'est lui (natif du numérique) et comment il fasse quelque chose de bien avec ce pharmakon. Mais cette question, il faut remonter à la source de l'école. Revenir à la question de l'école, c'est à dire du préindividuel, entant qu'il est constitué par l'intergénérationnel et du transgénérationnel. Ces spirales que vous voyez-là, et en particulier cette grande spirale. Ce que Gilbert Simondon appelle le préindividuel.
Si Socrate est condamné à mort, c'est parce qu'on l'accuse d'avoir corrompu la jeunesse dans un conflit de génération, la gérontocratie était mise en cause par la jeunesse athénienne.
Nous aussi les vieux cons de notre temps, nous sommes mise en cause par cette jeunesse numérique. Et c'est une bonne chose. À condition que nous ayons la capacité d'être responsable de transmettre à cette jeunesse-là quelque chose d'intelligent. Non pas de la rejeter, ni son ordinateur ni elle. Et cela suppose de penser, le préindividuel, le transgénérationnel. Le SA (Freud). Depuis notre origine occidentale, qu'il l'a pensé à l'école.
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Mais ça commence bien avant l'école, les churingas ça sert aux sorciers australiens à compter les mythes ou alors ça passe par ce griot d'Afrique de l'ouest, il est tout proche de la société de la honte, dont on parlait tout à l'heure. Il pratique aussi l'anamnésis, la réminiscence.
À quoi elle sert cette anamnésis?
L'anamnésis, la réminiscence apparaît, dans une poésie d'inspiration morale et religieuse, déjà comme une sorte d'initiation. L'élu qui en bénéfice s'en trouve lui-même transformé.
Déjà le problème de conversion, de transformation de soi sont posées de ces sociétés-là. On n'a pas attendu les occidentaux et la philosophie. Mais nous les philosophes et les occidentaux, nous avons été confrontés à l'écriture à se poison qui est aussi un remède. Ce que nous avons découvert c'est que cette initiation, découverte à travers Diotima ce à quoi Éros donne accès.
Dernier cours, et je vais enfin commencer le cours, nous avions vu que...
Le dieu est poète si savant qu'il rend poètes les autres à leur tour. Tout homme en effet devient poète, même s'il a été auparavant étranger à la Muse, quand l'amour l'a touché.
Diotima, quand on est amoureux on devient poète. On se met à parler fleur bleue... ça rend poète l'amour. Voilà, pourquoi on parle de l'amour dans le banquet. C'est parce que l'amour rend poète.
Qu'est ce que l'amour? L'amour est un démon.
Il est un intermédiaire entre le mortel et l'immortel. C'est un grand démon Socrate. L'amant est plus proche du dieu que l'aimé. En effet tout ce qui a le caractère du démon est un intermédiaire entre le mortel et l'immortel. - Et quel en est, demandai-je, le pouvoir? - il traduit et transmet aux dieux ce qui vient des hommes, et aux hommes ce qui vient des dieux: d'un coté les prières et les sacrifices, de l'autre les ordres et la rétribution des sacrifices, et comme il est à mi-chemin des uns et des autres, il contribue à remplir l'intervalle, de manière que le TOUT soit LIÉ à lui-même.
Pourquoi Socrate nous en parle dans Ménon? Pour essayer de comprendre comment ceci est possible, la géométrie. Platon disait pour accéder à la géométrie, il faut être capable de dialoguer. Ce n'est que dans le dialogue qu'on pense y compris avec soi-même. C'est dans le dialogue que commence l'anamnésis, le dialogue doit être un peu amoureux. Amoureux en un sens large, aimant, généreux, affectueux, attentionné comme cette maman avec sa petite fille...
Ce dialogue, il s'y produit, des processus ou des rétentions primaires se produisent, se transforme en sélection primaire à travers des fils qui sont des rétentions secondaires mais aussi qui sont conditionnées par des rétentions tertiaires.
Un dialogue Platonicien, ce n'est pas un dialogue spontané de deux gens qui se parlent, c'est un dialogue qui se produit dans un monde où il y a l'écriture, la rétention tertiaire qui permet de sélectionner des rétentions primaires d'une manière très particulières.
Par exemple celle de l'esclave lorsqu'en dialoguant avec Socrate, il trouve qu'il se trompe, il voit qu'il se trompe. Et cet esclave parle grec, lis le grec, sait compter. En fait, il est très cultivé, si non il n'aurait pas accéder à cela.
Ce pharmakon répond à des horizons d'attente, met en œuvre des horizons d'attente et ces horizons d'attente, ils sont scellés dans la spirale dont je vous montre tout le temps. Sous la forme, des R2C.
Et ces rétentions secondaires collectives, ce qu'on appelle une tradition rationnelle, par exemple, la philosophie.
Elles produisent des protentions secondaires collectives, P2C. Tout ça est sédimenté dans notre mémoire et nous essayons de le réactiver. Un géomètre c'est celui qui réactive, toute la tradition géométrique pour un moment donné la faire aller plus loin.
Par exemple, on apprend à démontrer le théorème de Thales.
Voilà, ce qui est enjeu dans ces dialogues. Mais toute la question va être l'évolution de la pensée platonicienne et sa tentation, qu'il va avoir, d'unifier d'homogénéiser comme des régimes d'idéalisation qui sont hétérogènes.
Ça c'est un processus d'idéalisation la démonstration du théorème de Thales. Mais l'idéalisation d'Aleste qui tombe amoureuse d'Admète et qui meurt pour lui, ce n'est pas du tout la même chose. Il y a toute sorte de processus d'idéalisation. À un moment donné Platon va déraper, qui va vouloir tout unifier... unifier sans l'infini,
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Banquet :
Éros rend poète celui qu'il touche, il est un milieu entre le mortel et l'immortel. Et qu'il est un grand démon. Tout ce qui est démon tient le milieu entre les dieux et les mortels. Un démon interprète et transmettent aux dieux ce qui vient des hommes et aux hommes ce qui vient des dieux. Les dieux ne se mêlent pas hommes. L'homme savant est un démoniaque.
Éros est fils de Poros et de Pénia (besoin et pauvreté). Toujours pauvre, toujours sur la piste de ce qui est beau et bon. Ni immortel, ni mortel, tenant le milieu entre la sagesse et l'ignorance. Ni savant ni ignorant. Il est philosophe. La philosophie désir ce qu'il lui fait défaut. C'est ça l'enseignement fondamental du Banquet.
D'où vient se défaut? C'est un défaut de mémoire, C'est un défaut de mémoire des idéalités et de leur site. Une mémoire qui s'en cesse peut régresser, perdre la mémoire et tomber en dessous d'elle-même.
Diotima: l'amour n'est pas l'amour du beau mais de la génération dans le beau. La génération est pour le mortel quelque chose d'immortel, et d'éternel.
Ce n'est pas l'âme qui est immortel. Platon dit ce qui est immortel, c'est la volonté qu'il y ait des générations. Et cette génération, ce n'est pas simplement une génération au sens quand on s'aime on peut se marier et avoir des enfants ou adopter des enfants. C'est aussi la génération des idées. L'immortalité traverse les générations des mortels. Elle les traverse comme un flux qui ne cesse
L'immortalité par la fécondation et la génération; mais elle est impossible dans ce qui est discordant; or le laid ne s'accorde jamais avec le divin, tandis que le beau s'accorde. La beauté est donc une génération une Moire et Eileithyie. Aussi quand l'être pressé d'enfanter s'approche du beau, il devient joyeux, et, dans son allégresse, il se dilate et enfante et produit; quand au contraire, il s'approche du laid, renfrogné et chagrin, il se resserre sur lui-même, se détourne, se replie et n'engendre pas; il garde son germe, et il souffre. De là vient pour l'être fécond et gonfler de sève le ravissement dont il est frappé en présence de la beauté, parce qu'elle le délivre de la grande souffrance du désir; car l'amour, ajoute-t-elle, n'est pas l'amour du beau, Socrate, comme tu le crois.
-- Qu'est-ce donc?
-- L'amour de la génération et de l'enfantement dans le beau.
-- Je veux bien l'admettre, dis-je
-- Rien n'est plus vrai, reprit-elle. Mais pourquoi de la génération? Parce que la génération est pour un mortel quelque chose d'immortel et d'éternel; or le désir de l'immortalité est inséparable du désir du bien, d'après ce dont nous sommes convenus, puisque l'amour est le désir de la possession perpétuelle du bien : il s'ensuit nécessairement que l'amour est aussi l'amour de l'immortalité.
Diotima - la nature mortelle laisse toujours un individu plus jeune à la place d'un plus vieux.
Le mortel disparaît, pour laisser place à un autre individu. Tout être qui vit ne cesse de changer et de se rajeunir lui-même. Pas simplement quand il meurt, quand il vit dans son corps et comme dans son âme. Ce n'est pas seulement dans son corps, mais aussi selon l'âme sa manière d'être, son caractère ces opinions, ses désirs, ses joies et ses peines, ses craintes. C'est chacun de ces éléments pour chacun de nous ne se présentent jamais identique à ce qu'il était. Platon dit contrairement à ce qu'on le voit dire d'habitude il ne dit pas qu'il cherche l'identique... au contraire, être philosophe c'est d'être capable de changer sans cesse... ça flux tout le temps. Et de ce qui a de plus déconcertant encore que tout cela, même en ce qui concerne les connaissances, non seulement il y en a qu'ils viennent et d'autres qui se perdent et que nous soyons non plus jamais les mêmes dans l'ordre de nos connaissances.
Mais c'est aussi que chacune des connaissances, subit elle-même à son identique. Les connaissances que nous avons acquises elles-mêmes n'arrêtent pas de se transformer. Ce qu'on appelle en effet étudier, dit Diotima indique une évasion de la connaissance. Car l'oubli c'est une connaissance qui s'évade. Tandis qu'inversement, l'étude, remplaçant la connaissance qui s'en va par un souvenir tout neuf, sauvegarde si bien la connaissance, qu'on la juge être la même. C'est de cette façon-là, sache-le, qu'est sauvegardé tout ce qui est mortel. Non point de ce qui est divin par l'identité absolue d'une existence éternelle. Il n'y a pas d'immortalité mais par le fait que de ce qui s'en va, miné par son ancienneté laisse à prévenir autre chose nouveau qui est pareil à ce qu'il était. Quelque chose qui se transmet, c'est vraiment la mémoire qui est enjeu ici.
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Diotima demande, penses-tu qu'Alceste aurait voulu mourir pour Admète, penses-tu qu'Achille aurait voulu aussi mourir aussitôt après Patrocle voir Codros devancer la mort pour assurer le trône à ces descendants, s'il n'avait pas pensé qu'un immortel souvenir celui que nous leur gardons aujourd'hui leur appartiendrait personnellement en considération de leur mérite.
Ce qui est enjeu est le Kléos, ce qui est immortel ce n'est pas l'âme, d'Admète, d'Alceste, d'Achille ou de Platon ou de Socrate. C'est le souvenir, qui fait qui vont être inscrit dans la grande spirale, et qu'en fait ils vont être la source toujours la source de l'individuation. Donc, toujours vivant en ceux qu'ils les survivent en quelque sorte.
C'est pour que leur mérite ne meurt pas, c'est pour --- glorieux renom (Kléos) que tous les hommes font tous ce qu'ils font, cela d'autant plus que meilleurs ils sont. C'est que l'immortalité est l'objet de leur amour, pas la leur.
L'aimant amoureux, est celui que par le corps aimé en vient à contempler la beauté à travers ce corps. Elle dit quand on est amoureux, on tombe amoureux d'un amant, d'une maitresse, d'un être. Cet être qu'on aime, d'un corps et on aime ce corps. Le corps nous émeut on le trouve beau. Et Platon à travers Diotima, va dire, mais progressivement ce qu'on va se mettre à aimer ce n'est plus le corps, c'est l'âme. C'est quelque chose qui se détache, on arrive à se détacher de l'amour de ce corps, pour se mettre à s'attacher à l'amour de la beauté, elle-même. Dont ce corps a été le témoin. Et à travers de celui ou celle qu'on aime, on apprend à aimer le beau lui-même. Cela s'appelle la sublimation.
Ça peut être la beauté de la géométrie... Ça peut être la beauté de la musique... ça peut être la beauté sous toutes ses formes.
Si la vie vaut jamais la peine d'être vécue, cher Socrate, dit l'étrangère de Mantinée, c'est à ce moment où l'homme contemple la beauté en soi.
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Qu'est-ce que nous enseigne le Banquet? Le banquet nous enseigne quelque chose qui n'est pas de l'ordre de l'enseignement. Qui est de l'ordre de l'initiation et qui procède d'une conversion.
Il faut distinguer 2 types de cours. Les cours exotériques et les cours ésotériques.
- Les cours exotériques, Platon les pratiquaient, dans son académie dans le Jardin Academos à Athènes, et ils étaient ouverts à tous les citoyens d'Athènes. Quiconque voulait, pouvait venir, c'était une espèce de conférence.
- Les cours ésotériques qui n'étaient pas simplement de l'ordre de l'enseignement, mais bien de l'ordre de l'initiation. Ces cours étaient réservés à ceux qui avaient choisi de devenir des philosophes. Non pas comme un moine qui rentre dans un monastère en prononçant des vœux, mais quand même, ils avaient choisi un mode vie. Ils ne se contentaient pas d'essayer de comprendre ce que c'était la philosophie, ils voulaient se mettre à vivre philosophiquement.
Platon à partir de la République, voulait par-là, former les nouveaux chefs de la cité. À mon avis, c'était une grave erreur, mais ça c'est un autre sujet.
Dans le Banquet, il est question de ce savoir ésotérique. Moi, j'ai essayé, ici, dans ce cours de vous rendre désireux de ce savoir ésotérique et non pas le méprisant le savoir ésotérique. Car souvent, oh ces philosophes, perdre sont temps. Ésotérique, on y comprend que dalle. Évidement qu'on y comprend que dalle, c'est comme le sommet du Mont-Blanc, il ne suffit pas de le regarder pour y arriver, il faut grimper, c'est fatiguant, c'est dur, faut apprendre.
La deuxième chose que nous enseigne le Banquet, c'est que l'initiation est mystagogique. C'est qu'il faut passer par l'initiation. Par exemple, d'une prêtresse, poétesse comme Diotima. Et que cette initiation est une initiation aux mystères d'Éros. On traduit par amour, mais au fait c'est Éros. On pourrait dire... désir. On traduit par amour car Éros car ça donne philia-sophia...; aimer. Donc on a raison de traduire par amour mais on pourrait traduire autrement. Et ce mystère de l'amour, il nous renvoie aux Mystères d'Éleusis.
Qu'est-ce que nous enseigne le Banquet c'est qu'il y a quelque chose qui ne peut pas être enseigné. Ce que nous enseigne le Banquet, c'est que l'enseignement ne se finit pas à l'enseignement, pour enseigner quelque chose, il faut être capable de faire plus qu'enseigner. L'enseignement ne suffit pas à la question du Banquet.
L'enseignement qu'est-ce que c'est? C'est ce qui pose les choses démonstratives, avec des preuves, les attestations, etc. Le Banquet n'est pas de cet ordre-là. Le banquet nous enseigne quelque chose, mais s'il nous enseigne quelque chose parce qu'il nous initie à quelque chose. Il y a les deux dimensions dans le banquet.
Pourquoi les grecs tiennent à l'enseignement? Et pourquoi les philosophes tiennent à l'enseignement en particulier? L'enseignement qui n'est justement pas l'initiation. Parce qu'ils veulent distinguer le savoir de la croyance. L'initiation, c'est initiation à des mystères auxquels on croit. Mais la géométrie, c'est une expérience d'un savoir que l'on sait et que l'on connait. Que l'on pense l'avoir démontré. Et qu'on peut le transmettre sans qu'absolument rien ne soit caché, des conditions de son élaboration. Mais même si seul le savoir qui entièrement critiquable, de part en part, pas à pas, qui est sur le modèle apodyptique de la géométrie est véritablement le seul critère qui vaille pour gouverner la cité. Et bien en même temps, il apparaît que cela suppose, quelque chose qui dépasse l'enseignement. Qui n'est pas de l'ordre de l'enseignement.
Il se trouve qu'à l'époque de la naissance de la philosophie, l'enseignement est entré en crise, parce que les sophistes étaient les instits et les profs de notre époque. Et que tout à coup, ils se sont dit, tiens, on peut gagner des sous, on va créer des écoles, et on va vendre notre savoir. Ils sont devenus des marketeurs du savoir. Et à ce moment-là, on a commencé à les accuser de croire en rien. Et on s'est aperçu, si on croit en rien, on ne peut pas savoir quelque chose. Donc, certes le savoir n'est pas la croyance, mais qu'un savoir sans croyance, ce n'est peut-être pas un savoir non plus. Ça devient une pure technique de manipulation.
Dès lors, à l'horizon de tout enseignement, il y aurait de l'inenseignable. Et cet inenseignable devrait faire l'objet non pas simplement, d'un enseignement, une transmission mais d'une expérience. Cette expérience, les grecs lui donne un nom. S'appelle l'empeiria, Foucault, les techniques de soi, le souci de soi, le soin. C'est une façon de vivre, c'est une pratique la philosophie, ce n'est pas simplement une théorie.
C'est pour toutes ces raisons et à cause de ce mystérieux, Socrate répète toujours que le seul savoir qu'il puisse véritablement revendiquer c'est qu'il ne sait rien. Et qu'il se trouve entre l'ignorance, (il n'est pas ignorant parce qu'il sait qu'il ne sait rien il sait qu'il est ignorant, donc plus totalement ignorant) et le savoir qu'il ne possède pas mais qu'il désire. Il est Éros.
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Nous avons vu que dans le Banquet, ce qui fait que l'âme peut s'élever, c'est qu'elle entre dans un état second et anormal. Pour qu'elle puisse penser, raisonner posément, il faut qu'elle passe par l'Atè. Par cet état de possession, cet être démoniaque, qu'est l'Atè. Ici, il n'y pas d'opposition entre la raison, rationalité et passion, c'est beaucoup plus compliqué que cela. Éros c'est une figure de la possession et de l'Atè. Et dans un rapport fondamental à la mort, tous ces héros dont on nous parle, qui sont dans le banquet digne d'être reconnu comme des héros par les dieux, ce sont ceux qui sont prêt à mourir pour l'objet de leur amour. C'est le seul critère qui vaille le reste ne vaut pas un clou.
Dernier point, nous avons vu qu'Éros est en défaut, il fait l'expérience du défaut. Il est le fils de Poros et de Pénia, il est démuni, il est pauvre et il est dans le besoin.
Et cette question du défaut est évidement pour moi en rapport direct à Prométhée et Épiméthée à la technique, à l'être défaillant. Qui apparaît avec la technique.
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L'année prochaine on enchainera avec Phèdre, non pas pour lire le passe sur l'écriture mais ce n'est pas celui qui m'intéressera. Ce qui m'intéressera c'est l'âme ailée. Phèdre c'est un dialogue qui arrive... après la République. La République pour moi c'est la grande catastrophe de la pensée de Platon...
Ne surtout pas commencer par la république...
Dans la république que se passe-t-il? Platon tranche, tout à coup il élimine le conglomérat hérité, il fait sortir les poètes, les musiciens, tout ce qui procédait de la passion qui est le cœur du banquet, toutes ces références à l'Atè, ce qui le relie à la tradition tragique, il les balaye, il met ça dehors. Il cherche à fonder une nouvelle "politeia" qui repose sur une tout autre conception, de la vérité.
Pourquoi? --le retour?--
La République conclura en disant qu'il est possible d'enseigner la vertu.
Dans Ménon, il disait que ce n'est pas possible d'enseigner la vertu. Et que ceux qui prétendent que c'est possible, ce sont les sophistes. Il n'y a plus de mystère de la vertu, la vertu n'est plus un mystère, c'est quelque chose qui peut être gérée par une administration centrale de la République, avec des règlements, et des gardiens de la cité qui sont les philosophes qui veillent à ce que le troupeau de mouton qui sont devenus les citoyens ne fassent plus que suivre aux pas de ce qu'on lui demande de faire.
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Troisièmement, nous verrons que tout ça conduira Platon, non pas dans la République mais dans un autre texte qui s'appelle Théétète à renier totalement le point de vue de l'anamnèse. Platon qui disait qu'on ne pouvait pas avoir une idée de l'extérieur, toutes les idées qui nous viennent, viennent de nous. Et en aucun cas qu'elle chose ne peut venir de dehors abandonnera cette position dans Théétète.
Où, il écrira que les connaissances, on peut acquérir du dehors, à attraper comme des oiseaux, dit-il.
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Quatrièmement, nous avons vu la question du dialogue, du Dialogos, qui est une expérience du duel, du deux (Alain Badiou - L'éloge de l'amour). Dans ces textes que nous avons lu, Platon disait on peut jamais accéder seul à la vérité. C'est dans le duel, le duel de l'amour, le duel qui est aussi une bagarre... dans un autre dialogue qui est le Sophiste, nous verrons que Platon réduit le discours, qui était un dialogue, à la proposition, à la phrase, qui devient l'élément de base de ce qui deviendra les tables des matrices de vérité de la logique formelle. Platon est entrain de préparer tout ce qui va se produire.
Ce qui conduira à Descartes... à un remplacement du mot -Logos- par le mot -Ratio- c'est à dire par le mot CALCUL.
À partir de là, tout ce que nous avions présenté comme un poisson volant qui était capable de sortir de l'eau mais qui est retombé inéluctablement... cela va conduire au mythe de la caverne qui donne à penser qu'on peut en sortir de cette caverne et qui va conduire comme le dit très bien Martin Heidegger, un recueil de décès qui s'appelle question4 - Platon et sa doctrine de la vérité qui va conduire Platon, à réduire le mot du sens "alètheia" au mot grec "orthotès" exactitude, la vérité sera ce qui est exact. Tout cela c'est ce qui conduit, à nous, présent qui sont des temps dangereux, difficile, qui sont très périlleux, et qui nécessite plus que jamais que nous soyons capables de remonter à la source.
"Fin", par rapport au "Plan de mes pensées"
PS : J'ai beaucoup de commentaires par rapport à notre temps, mais pas envie de salir ce résumé des cours si bien fait. Puisque je suis dans l'antre de la bête... Il en sera en brouillon...
Trouble en couleur - "Plan de mes pensées" (lien de l'image) Cela ressemble au RETOUR vers le visage
Caïn et Abel / Visage et Bouc expiatoire
Kléos / Fantômes
Ces spirales / "Les petites"(d'apparence) siprales sur la ligne de fuite
La rétention tertiaire qui permet de sélectionner des rétentions primaires d'une manière très particulières / Ligne de fuite (toujours par deux)
Horizons d'attente... R2C / Ligne de fuite.... Paysage ou Étoile ou... Toujours ouvert à l'infini...
P2C. Tout ça est sédimenté dans notre mémoire et nous essayons de le réactiver / Rhizome
La République conclura en disant qu'il est possible d'enseigner la vertu / Visage
Les connaissances, on peut acquérir du dehors, à attraper comme des oiseaux / Visage
Remplacement du mot -Logos- par le mot -Ratio- --> Calcul / Loup ALGORithme - Tanière
Ma compréhension par rapport aux couleurs :
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Très énervée!
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