Prise de notes - Partie 2
Paul et Arthur sont des poètes maudits, ils boivent de l'absinthe, du pharmakon, ils sont homosexuels à l'époque ce n'est pas courant et c'est très mal vu et cela peut coûter très cher... Arthur Rimbaud écrit cette lettre, le 15 mai 1871, l'année de la commune à Paul Demeny, et cette lettre est extrêmement connue. C'est dans cette lettre que Rimbaud dire cette phrase :
Car JE est un autre. SI le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute. Cela m'est évident : j'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde je l'écoute : je lance un coup d'archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d'un bond sur la scène.
Ça c'est le conglomérat hérité, tout le machin que je vous parle depuis tout à l'heure, d'où sourde les anamnèses. Il dira des choses terribles
Le poète est voleur de feu.
Cela ne vous rappelle rien? C'est Prométhée
Énormité devenant norme, abordée par tous, il serait vraiment un multiplicateur de progrès. Cet avenir sera matérialiste, vous le voyez. -Toujours pleins du Nombre et de l'Harmonie, les poèmes seront faits pour rester. -Au fond, ce serait encore un peu la Poésie grecque.
L'art éternel aurait ses fonctions, comme les poètes sont citoyens. La poésie ne rythmera plus l'action ; elle sera en avant.
Ces poètes seront ! Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l'homme -jusqu'ici abominable, - lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? - Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons.
En attendant, demandons aux poètes du nouveau, - idées et formes. Tous les habiles croiraient bientôt avoir satisfait à cette demande : -ce n'est pas cela !
Énormité devenant norme, abordée par tous, il serait vraiment un multiplicateur de progrès. C'est après ça qu'il dira qu'il faut être absolument moderne. Ça c'est le poète de la modernité. C'est l'Atè, c'est tout ce qui nous vient d'Homère en passant par Socrate et tant d'autres et bien avant Homère... depuis l'origine, la grotte Chauvet... Comment cela survit encore dans notre société à travers ce jeune magnifique Arthur Rimbaud.
La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, il l’apprend. Dès qu'il la sait, il doit la cultiver; cela semble simple: en tout cerveau s'accomplit un développement naturel; tant d'égoïstes se proclament auteurs; il en est bien d'autres qui s'attribuent leur progrès intellectuel ! - Mais il s'agit de faire l'âme monstrueuse: à l'instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un homme s'implantant et se cultivant des verrues sur le visage.
Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences.
Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, - et le suprême Savant ! - Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innommables: viendront d'autres horribles travailleurs; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé !
Arthur Rimbaud, que son âme elle doit être cultivée, elle n'est pas là, ça se produit l'âme, ce n'est pas donnée, on peut vivre sans âme, on peut être des gens sans âme. Ça existe, dans un langage plus chrétien on dit sans cœur. Pour être poète il faut être voyant, se faire voyant. Le poète se fait voyant par un long immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Voilà, la modernité, ce n'est plus comme le soufi... qui s'en ivre... non, c'est en buvant l'absinthe. C'est même par certain, comme des jazzmans en se shootant à l'héroïne...
Le dérèglement de tous les sens qu'est un programme qui conduit à avoir des visions. À son époque ça passe par l'absinthe par toutes sortes de choses. Par un rapport au corps qui va être prolongé par Artaud et qui va conduire à ce qu'au début du 20ème siècle où on va beaucoup lire Rimbaud, avec 30 ans de retard, dans les années 1915-1920 à lire le conte de Lautréamont et on sera surréaliste. C'est ce qui va conduire aux avant-gardes, soyons dadaïsme. C'est fait pour choquer le bourgeois, l'art va rentrer en conflit frontal avec la société...
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Quand à moi, je pose... les artistes ce sont des gens qui ont rapport à la technique, voleurs de feu. Je pose qu'en réalité la mémoire, Ma mémoire (mémoire de Stiegler) ou la mémoire de Socrate ou encore la mémoire de l'esclave de Ménon, ce n'est pas simplement Ma mémoire. Pour vous parlez, pour faire fonctionner Ma mémoire, j'emploie des mots qui ne sont pas de Moi. Ce n'est pas Moi qui formule ces mots, ils furent forger avant Moi, certain dada par exemple, il y a un siècle car c'est un mot : dada. Qui est devenu un mot de l'histoire de l'art. D'autres comme l'expression, il faut être absolument moderne 20 ou 30 ans avant dada par Arthur Rimbaud. Puis d'autres, l'Atè qui a été forgé par les grecs de l'époque d'Homère et puis d'autres encore qui sont beaucoup plus anciens.
Ma mémoire est faite de quelque chose qui n'est pas Ma mémoire. L'étoffe de Ma mémoire ou l'étoffe de Mes rêves, ce ne sont pas Mes rêves. Ce sont Les rêves de toute l'histoire des êtres. Et si c'est possible que Ma mémoire ne soit pas Ma mémoire. C'est parce que la mémoire est un "rémini*** amnésique" qui m'est transmis à ce que j'appelle l'épiphylogénétique qui est basée sur des silex taillées + de deux millions d'années. Les silex font que s'ajoute à la mémoire qui se trouve dans le cerveau, cette mémoire lithique... J'appelle ça la mémoire épiphylogénétique, elle a été fabriquée par des gens selon leurs expériences personnelles, ce sont des individus qui ont fabriqués ces instruments. Ce sont des inventeurs individuels, ce n'est pas un comportement biologique, c'est un comportement noétique, culturel, technique et en même temps elle est épiphylogénétique puisqu'elle se transmet de génération en génération. Encore aujourd'hui nous employons des instruments comme ça, le marteau n'est que le développement de ça. Ce milieu d'objet technique, il nous transmet de génération en génération des savoirs et cela continue à travers cet ordinateur, cet écran, internet, etc. C'est ça la transmission. Et moi, avec Caroline et Ars Industrials, que nous mettons en place ce dispositif, qu'on appelle pharmakon.fr. c'est que nous disons, nous avons la responsabilité de penser ses organes de transmission contemporain de les faire fonctionner pour y produire, non pas de la crétinisation mais de l'anamnésis avec les techniques contemporaines. Comme Rimbaud voulait le faire, avec les techniques de son époque en étant absolument moderne!
Oui, Fukushima c'est dangereux mais il faut être absolument moderne! Et plus que moderne aujourd'hui, ultra moderne! Supra-moderne! Surtout pas se retourner vers un passé qui a jamais disparu qui ne reviendra JAMAIS! Et être adulte, c'est accepter ça. Et ce n'est pas parce que nous sommes dirigés par des enfants coléreux et attardés que nous devons nous-mêmes comme des enfants. Il faut être face, si nous sommes des êtres épiphylogénétiques notre avenir passe par le développement et l'appropriation de l'évolution épiphylogénétique qui se développe sans cesse. Jean fait des photos, il a toute une technique organologique que ça manière de prendre des photos, le sens même d'être photographe pour lui aujourd'hui, etc. ça change parce que la technique change.
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C'est ce qui constitue comme la mémoire technique, et c'est ce qui constitue un lecteur de transmission de génération en génération. Les expériences intergénérationnelles. Le théorème de Thales, c'est une expérience intergénérationnelle, tout comme la mythologie d'Homère, etc.
Ici, se pose la question de l'intergénérationnelle et il y a des conflits. Un conflit comme ceux qui viennent du Conglomérat hérité (tradition orale homérique, mythologique) VS les nouveaux penseurs, ceux qui mettent la jeunesse au cœur du nouveau pouvoir. Ils font rentrer en conflit la jeunesse avec gérontocratie. Pourquoi, on accuse Socrate pervertit la jeunesse parce qu'il pousse la jeunesse en avant. Mais cette jeunesse, avec une bonne fessée et on revient au pouvoir ancien... c'était le bon temps, Socrate dit : non, ce n'était pas le bon temps... c'est ça le sujet de la discussion.
Ce sujet, c'est celui de la manière, dont le technologique frappe les générations. La génération de l'ordinateur n'est pas celle de l'appareil photo, qui n'est pas celle de l'imprimerie, qui n'est pas celle de la télévision, etc.
Et cela pose le conflit de génération, qui emmène Rimbaud de parler "Des Poètes de sept ans"
Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.
Tout le jour, il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
...
Terrible souffrance à 7 ans, il faisait des romans, Rimbaud va poser le problème de la jeune génération. Comme personne avant lui, ne l'avait posé. On va l'appeler le poète prodige, enfant prodige, on va le regarder comme un cas inouï. À 12 ans, il écrivait déjà des vers incroyable. Et cela va conduire à cette folie poétique, qu'il faut à la modernité, qui va conduire au surréalisme...
Quant à nous, il n'y a pas beaucoup des natifs numériques dans la salle. Le nous surtout, celle de ma génération, nous qui précédons, "PRÉcédons", les natifs du numérique. Et nous succédons à ce natif, de l'imprimerie qu'est Rimbaud, ils ne connaissaient pas la radio, ils ne connaissent même pas le téléphone, le phonographe... ce sont encore les natifs de l'imprimé. Mais nous qui sommes entre les natifs du numérique et les natifs de l'imprimerie qui sont Rimbaud... Voilà, dont nous sommes les natifs "Salut les copains"... et l'équipe Europe1 qui a forgé la jeunesse française. Et si on ne fait pas la philosophie d'Europe1, si on ne mesure pas le pouvoir d'Europe1... Salut les copains ne marcheraient pas s'il n'y avait pas eu le transistor...
À Ars Industrialis, nous réfléchissons beaucoup sur la façon dont le nouveau Pharmakon numérique qui permettrait d'imaginer une nouvelle façon de faire de l'enseignement.
J'essaye un petit peu grâce à vous, avec vous de voir ce qu'on peut faire d'intéressant avec ces machins-là... et nous allons, non pas simplement d'y réfléchir mais de faire des choses...
Ce que nous soutenons, à Ars Industrialis, que je soutiens dans ce cours, et à partir de Platon à cette question. C'est que les conditions de transmission du savoir évoluent avec le temps. C'est ce que j'appelle les supports épiphylogénétiques, ce sont les supports du savoir et cela constitue se que j'appelle des rétentions tertiaires.
00:20:30
Qu'est-ce que c'est les rétentions tertiaires?
Avant de vous en parler, il faut que je dise ce que c'est la rétention secondaire. Et pour dire ce que c'est la rétention secondaire, il faut dire ce que c'est la rétention primaire... Ce que je dis ce n'est pas moi qu'il le dit c'est vous... Si je vous demandais, chacun, un par un, de ce que vous avez retenu de ce qui se dit. Chacun aurait sa version différente. Comme l'esclave de Ménon, se que vous entendez, ce n'est pas moi qui le produit, c'est vous. On peut le repenser au 20 ème siècle, pas simplement par Socrate, mais par un philosophe Husserl. Et pour ça, il faut comprendre ce que c'est la rétention primaire, la rétention secondaire, la rétention tertiaire. La rétention primaire, c'est ce qui se produit-là, dans cette spirale, la nouvelle spirale qui est entrain de s'écrire, c'est une succession de rétention primaire. C'est ce qui a été découvert par Husserl, en 1905, dans un cours qui a commencé en 1905 qui a duré d'après Heidegger sur lequel il est revenu en 1923, qui a été publié dans un livre " La phénoménologie conscience intime du temps ". Husserl a donc constitué, un concept de rétention primaire... Husserl dit quand j'écoute une musique, une mélodie, lorsque j'écoute une note dans cette mélodie, la note que j'entends en ce moment ne sonne que musicalement, parce qu'elle retient en elle toutes les notes qu'elle la précède. Ce qui fait que cette note sonne comme elle sonne musicalement et non pas seulement acoustiquement. C'est qu'elle retient en elle, toutes les notes qu'elle la précède. Même chose en ce moment, je vous parle, les mots que je viens d'employer-là, vous pouvez les entendre que parce qu'ils retiennent en eux que les mots que j'ai produit avant. (L'anaphore). Ils ont une capacité anaphorique de retenir en eux des choses, d'avant. Et si vous essayez pleinement tirer parti de ce cours, normalement. Il faut que vous reteniez depuis ce que je disais depuis le 18 septembre... Ce que vous avez en mémoire du cours précédant, ce sont toutes les spires qui précèdent qui est entrain de s'écrire. Et comme vous n'avez pas retenu la même chose chacun d'entre vous, de ce qui s'est dit précédemment de ce cours et vous n'entendez pas ce que je dis aujourd'hui. Cela veut bien dire que les rétentions primaires, ce que je suis entrain de dire en ce moment. Ce sont, en fait, des sélections. Vous sélectionnez dans ce que je dis, ce qui correspond c'est comme vous aviez une capacité d'anticipation de ce que je vais dire en ce moment, à partir de vos rétentions secondaires. Vos rétentions secondaires ce sont vos souvenirs. Des souvenirs qui viennent du passé et on a des rétentions primaires qui ne sont pas du passé, c'est du présent ce que je suis entrain de vous dire. Elle s'agence les unes avec les autres pour produire une sélection primaire. Cette sélection primaire, elle trame des circuits en nous, cela est entrain de s'inscrire en vous et cela va devenir de la rétention secondaire. Quand ce cours sera fini, il en sera un souvenir, du passé, c'est que Freud appelle des frayages de la mémoire. Il essaye d'analyser, comment cela se trame, dans l'individu du cerveau. Tout ça, cela se dépose, ça forme des spirales.
Mais cette spirale, il faut l'inscrire dans une spirale plus grande...
Primaire (R1) | Secondaire (R2) | Tertiaire (R3) |
Sélection | Souvenir | Support technique |
Ce fond transindividuel de rétention secondaire collectif constitue des significations, que nous partageons, qui nous permettent de vivre, de nous comprendre. Et ces significations sont soutenues elles-mêmes par des rétentions tertiaires. C'est à dire des supports techniques qui rendent possibles, leurs conservations leurs transmissions intergénérationnels. Sous forme de silex taillé, sous forme de poésie, sous forme de livre, sous forme d'ordinateur... Toutes les civilisations ont des rétentions tertiaires... Des churingas en Australie, des spirales... Hampaté Bâ, sur la civilisation africaine, un sage qui meurt c'est une bibliothèque qui brule... Alexandrie, les rouleaux qui constituaient la mémoire. Pourquoi faire? Pour indexé les textes, en faire des résumés... Tout ce qui est pris en charge aujourd'hui par Google et par des technologies contemporaines...
00:34:50
L'anamnésis est un processus qui se produit entre des individus des locuteurs, les dialogiques (ceux qui dialoguent chez Platon), des coopérants (qui coopèrent sur Internet, des contributeurs)... Mais plus généralement, ceux qui taillaient du silex, aussi collaboraient, ils avaient aussi des anamnèses en travaillant, ils sifflaient, ils pratiquaient de la musique.
Ses individus en faisant des choses ensembles, une individuation collective, il réactive de la mémoire. Et en la réactivant, ils la TRANSforment.
Michel-Ange, à propos du marbre, il y a un éclat, le ciseau a ripé et tout à coup ça m'oblige à récupérer cet éclat, et en récupérant à inventer quelque chose = Le lapsus. C'est ça qui fait dire à Rimbaud, le remuant qui va me faire produire cette poésie, c'est moi qui écoute ce que j'écris, ce n'est pas moi qui écrit ce que j'écris. J'écoute ce qui s'écrie devant moi. C'est ça la pensée, la poésie, c'est ça l'individuation. C'est ça qui se passe dans un groupe qui s'individue. Mais si cette réactivation est possible, c'est parce que cette mémoire est intergénérationnelle et qu'elle a été scellée (enfermée), sous le sceau du secret dans des rétentions tertiaires. Secret : c'est parce qu'on oublie tout ça. Et ce sont ceux qui vont retrouver la mémoire dans le sens de ça. C'est ça l'anamnèse, mais pas seulement les poètes, les philosophes, les techniciens, ceux qui travaillent en général, les churingas, ceux qui écoutent bien les disques de Stevie Wonder...
Lorsque se produit l'anamnèse, cette mémoire, chez Stevie Wonder c'est la mémoire du blues, du jazz, de la soul music libère un processus de TRANSformation. Cette TRANSformation, la philosophie c'est une façon de se TRANSformer c'est ce qui résulte de l'individuation un potentiel sursaturé.
Ce potentiel sursaturé forme un milieu préindividuel, nous vivons dans un milieu qui n'est pas encore individué et nous avons nous à l'individuer. Ce milieu c'est le milieu des rétentions tertiaires et il est représenté par cette spirale.
Et nous en nous coindividuant, nous redonnons du sens, un sens nouveau à ce qui nous a précédé...
00:43:40
Heidegger en 1927, ce qu'il fait qu'il fait dans les objets de l'histoire, et il se demande s'il faut considérer, ces objets comme des constituants fondamentaux... capable d'accéder à l'être, c'est à dire la noēsis. C'est peut-être dans le non-vécu qui se trouve la vérité de la vie. C'est peut-être dans une mémoire que nous n'avons pas nous-mêmes, mais dont nous avons hérité qu'il faut penser, ce qu'il appelle l'existence : ex-istence. Il met la question de l'extérieur en avant... non, on ne le fait pas rentrer. Et pour moi, c'est la catastrophe, c'est ce qui va l'empêcher de penser la technicité, c'est ce qui va l'empêcher penser Prométhée en particulier, d'une manière correcte. Et ce qui va faire que dans un texte, qui date de 1933, s'appelle discours de rectorat... il fait de Prométhée le dieu du nazisme... mais il se trompe. Il ne voit pas comme la question de Prométhée comme elle doit être vue...
00:48:15
Socrate, habité par son daimôn, vise l'invisible dans le détachement qu'il appelle l'Éleusis, se détachant dans Phédon, lorsque le rapport à la mort doit être un détachement, doit être détaché par rapport à sa mort. Qu'il lui permet, ce détachement par rapport à sa mort de s'excepter de l'attitude naturelle, de devenir un voyant, et de faire une conversion. La phénoménologie c'est ce qui apprend à voir l'invisible, en quittant l'attitude naturelle. Faut changer d'attitude et cela suppose, une conversion. Cette conversion, c'est ce que Socrate fait, dans son rapport à la mort à travers son démon. Et c'est un être démonique. C'est entant que démonique qu'il est capable de produire cette conversion.
Vernant qui nous dit :
on ne saurait donc dire que l'évocation du "passé" fait revivre ce qui n'est plus lui et lui donne, en nous, une illusion d'existence. À aucun moment la remontée le long du temps ne nous fait quitter les réalités actuelles.
Ces poètes accèdent à l'invisible, au passé, etc. mais ils ne quittent pas ce monde-là, il n'y a pas d'opposition, entre la vie d'aujourd'hui et l'immortalité de l'âme. L'âme ne devient pas immortelle, en tant que mortel, elle peut être habitée, hantée par des âmes mortes qui du coup deviennent survivantes, héroïques, demi-divines comme les poètes... Et elles deviennent ceux qui accèdent au kléos, à cette réputation, cette renommée qui fait qu'on oublie plus. J'oublie pas Léonie, ma grand-mère, je ne vous parle pas que ces gens sont dans des musées... ce n'est pas Panthéon, c'est la façon que nos âmes fonctionnent, elles sont hantées. Par des morts qui ont comptés et qui nous font vivre, c'est grâce à eux que nous vivons.
Il s'agit de se situer dans le cadre d'un ordre général de rétablir sur tous les plans, la continuité entre soi et le monde, en relient systématiquement à la vie présente à l'ensemble des temps.
C'est ça cette liaison, l'existence humaine à la nature entière, le destin de l'individu à la totalité de l'être, la partie au TOUT.
00:52:40
Socrate qui dit au sujet de l'esclave, que l'âme a vécu plusieurs vies, qu'elle a été plusieurs dans un autre temps. C'est ça dont il s'agit, ce n'est pas l'immortalité de l'âme qui serait coupée de corps. Il dit qu'elle a vu toutes choses et qu'elle s'en souvient à présent c'est grâce à cette mémoire, qui n'est pas simplement la sienne mais une mémoire collective. Inscrite dans des objets, qui forment autant de traces léguées par des vies antérieures. Ces objets peuvent être des bâtiments, des tombes, des livres, des totems... et parmi tous ces objets, il y a les livres. Film : Toute la mémoire du monde. Toute cette mémoire du monde, qui est dans ses livres, on peut y accéder via le web, comment Google va vous donner accès à tous les livres. Cette hantise qui vient à travers les livres... ce dont Socrate dans l'apologie, dit à cité je m'en fous pas mal, j'irai avec Homère, Hésiode et le grand-père de Stiegler... je la boirai votre cigüe, mais vous me ferez pas dire que les jeunes ont tort contre les vieux cons que vous êtes. Comptez pas sur moi, pour ça... l'enjeu de Perséphone, si le matériau mystagogique est convoqué par Platon et par Socrate, c'est parce que c'est tout ça qui est enjeu. Mais nous devons, nous débarrasser d'une compréhension erronée d'anachronique, ce qui veut dire immortel dans le texte de Ménon...
Comprendre le passage de Perséphone par Perséphone dans le Ménon à la géométrie. Comment se fait-il qu'on passe de ça, Perséphone enlevée par Hadès qui en pince pour elle et qu'il va la pincer. Comment se fait-il qu'on parle de ça à la démonstration du calcul du carré. Je vous le demande! Parce qu'après immédiatement après Perséphone, on rentre dans la géométrie. Comment c'est possible ça? Qu'est ce qui fait que Socrate, nous faire passer de la mystagogie la plus ancienne, la plus mythologique, la plus délirante. Et tout à coup, on passe dans le calcul du carré. C'est en lisant le banquet qu'on le comprendra.
00:55:40
Ce qui va nous apprendre le Banquet, toutes ces histoires-là, les histoires de fesse (Hadès et Perséphone) comme la géométrie, se sont des histoires d'Amour. Et que c'est le dieu Éros, le dieu des amoureux du savoir aussi bien d'Hadès, Socrate... Dans le Banquet, on va comprendre pourquoi on passe d'Hadès à la géométrie. Éros est celui qui relie les hommes aux immortels, il est un lien comme Hermès. Dans le Banquet, Phèdre commence par rappeler que les dieux rappellent de l'Hadès les âmes des héros qu'ils admirent.
« Ayant agi de la sorte, son acte parut si beau non seulement aux hommes, mais encore aux dieux, qu'entre tant de héros, auteurs de tant de belles actions, quand il en est fort peu dont dieux, par privilège, aient rappelé l'âme du fond de l'Hadès, eh bien, son âme à elle, ils l'ont rappelée, car ils avaient admiré son acte. Tant il est vrai que les dieux même honorent de façon particulière le dévouement et la vaillance mais au service de l'Amour. Au contraire, ils ont renvoyé de l’Hadès Orphée, fils d’Œagre, sans qu'il eût rien obtenu. Ils lui montrèrent un fantôme de la femme pour laquelle il était venu, sans la lui donner la femme elle-même; son âme, en effet, leur semblait faible, car ce n'était qu'un joueur de cithare; il n'avait pas le courage de mourir, comme Alceste, pour son amour, mais cherchait à pénétrer vivant dans l’Hadès. C'est certainement pour cette raison qu'ils lui ont infligé une punition, et on fait que sa mort fût l'œuvre.
Celui qui aime est extraordinairement encouragé par tout le monde, comme s'il ne faisait rien d'honteux : le succès l'honore, l'échec est sa honte; et dans les entreprises de conquête ma règle accorde des éloges à l'amant pour des extravagances qui exposeraient aux blâmes les plus sévères quiconque oserait se conduire de la sorte en poursuivant et en cherchant à réaliser toute autre fin.
L'amoureux peut faire n'importe quelle connerie, on lui pardonne. C'est un être d'exception. Il est dans un état exceptionnel comme le poète. Et cet état daimônique.
Il est un intermédiaire entre le mortel et l'immortel. Que veux-tu dire Diotima? C'est un grand démon Socrate. En effet tout ce qui a le caractère du démon est un intermédiaire entre le mortel et l'immortel.
Tout ce qui est poésie, le savoir de Socrate.
Il traduit et transmet aux dieux ce qui vient des hommes, et aux hommes ce qui vient des dieux : d'un coté les prières et les sacrifices, et comme il est à mi-chemin des uns et des autres, il contribue à remplir l'intervalle, de manière que le TOUT soit lié à lui-même. De lui procède tout l'art divinatoire, l'art des prêtres en ce qui concerne les sacrifices, les initiations, les incantations, tout ce qui est divination et sorcellerie... Grâce à ce démon...
L'amant est en effet plus proche du dieu que l'aimé puisqu'un dieu le possède.
Socrate expliquera que philosopher c'est aimer, que si on ne passe pas par l'Amour au sens fort. Il faut d'abord, tomber amoureux de ceux qui en parlent. Tomber amoureux, ça ne veut pas forcement dire de proposer la botte et de coucher avec. Mais s'il n'y a pas à un moment donné, quelque chose... Charmer par celui, avec lequel vous dialoguez. S'il n'y a pas quelque chose qui est de cet ordre-là dit Socrate, on n'atteindra pas. C'est ce qui fait que dans les cours, quand il y a des bons cours, il y a un transfert de l'élève au prof. Comme il y a un transfert en psychanalyse. On voit souvent nos gosses tomber amoureux du prof. Faut faire attention d'ailleurs. Parfois cela pose des problèmes, aux gosses mais aussi au prof.
L'homme savant en ces choses est un être démonique, tandis que l'homme savant dans un autre domaine. --- art, métier manuel --- n'est qu'un ouvrier. Ces démons sont nombreux et de toute sorte : l'un d'eux est l'Amour.
Ce qui veut dire, le noétique, ce qui nous fait accéder, à ses savoirs noétiques ça passe par le démonique.
Ce que Freud a appelé, l'idéalisation. Tout ce qui est enjeu derrière cette référence démonique renvoie à ce que Freud appelle l'idéalisation.
Qu'est-ce que c'est l'idéalisation? C'est ce qui fait que l'être que j'aime, ce n'est pas forcement Caroline, cela peut être le théorème de Pythagore, cela peut être l'idée de la nation... c'est un être qui dépasse l'immortalité, en ce sens qu'il s'infinitise. Et c'est ce qui fait que oui, je peux mourir pour lui. Comme eux, Roméo & Juliette. Et ce qui nous conduira à la démonstration du calcul du carré. Et finalement c'est la même chose, ce que Husserl appelle l'objet investit d'esprit et cela passe par les pharmakas d'aujourd'hui, les objets numériques. Des hypomnemata, des rétentions tertiaires...
Cette ligne, elle s'est perdue, elle reprendra à un moment donné
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