Prise de notes - Partie 2
Pour moi, c'est ça la philosophie, se pouvoir sortir du milieu auquel on vit, ce qui définit les philosophe en puissance. Et ce que je soutiens nous sommes tous des philosophes en puissance. Nous avons tous la capacité de temps en temps de sortir du milieu dans lequel nous vivons. Et de passer à l'acte philosophique, c'est çà dire à penser dans lequel du milieu où nous vivons, en, en sortant, en nous mettant à distance. J'en avais parlé l'an passé du poisson voilant à Aristote "Dieu seul peut jouir du privilège d'être toujours en acte". C'est à dire, être toujours lui-même, nous les mortels, nous sommes nous-mêmes que de temps en temps. La plupart du temps, nous ne sommes pas nous-mêmes, nous vivons dessous de nous-mêmes.
La plupart du temps nous sommes en régression par rapport à ce que nous pouvons, ce que nous pouvons c'est sortir de l'eau. C'est à dire critiquer notre milieu, mais la plupart du temps nous y nagerons avec une complaisance parfaite nous y vautrons peut-être plus comme des porcs comme des poissons.
Pourquoi parler de poisson et pas de cochon, parce que d'abord il existe des poissons volants et pas de cochon volant... Aristote dit que le poisson, la seule chose qu'il ne verra jamais c'est l'eau, son milieu.
Le poisson ne verra jamais l'eau, nous comme les poissons, nous vivons dans un élément qui n'est pas l'eau qui est quoi?
Un milieu pharmacologique. La plupart du temps, nous sommes dedans et nous nous n'en apercevons pas. Et puis de temps en temps nous nous en apercevons, par exemple : Heidegger dit: on se tape les doigts avec le marteau et puis d'un seul coup on voit le marteau. Parce qu'avant cela on faisait corps avec le marteau, l'outil. Et puis d'un seul coup on s'aperçoit que le marteau peut être dangereux. C'est vrai de toutes les techniques.
Aristote dit, on vit dans un milieu noétique, esprit et dans ce milieu noétique nous sommes capables d'en sortir, mais la plupart du temps nous y restons. Et quand nous en sortons, on ne peut pas y rester longtemps, en dehors de ce milieu, comme un poisson volant qui est obligé de retourner dans l'eau.
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Si je reviens c'est pour une raison très précise, c'est parce que dans le mythe de la caverne, Platon va poser en principe qu'on peut sortir de l'eau pour toujours. Il ne va pas parler de l'eau mais de l'ombre de la caverne. Il va poser qu'il est possible de devenir philosophe tout le temps, pas par intermittence, qu'il est possible d'échapper à la régression, c'est à dire au pharmakon.
__________________________________________________________ Pensée du moment
J'ai un problème avec la régression car je la vois dans une recherche de perfection et non pas dans un pharmakon, même si elle y est, car justement dans un pharmakon on peut y échapper même si les chances de nous en échapper reste minime mais surtout pas dans la recherche de la perfection, aucune chance.
__________________________________________________________ Fin
Cette question de l'impossibilité d'échapper à la régression que c'est la position que je soutiens d'où je soutiens celle d'Aristote, c'est aussi celle d'Augustin, un "saint" maghrébin, un des fondateurs de la philosophie européenne est un maghrébin. Ce maghrébin qui s'est converti au christianisme parle de la régression mais il appelle ça la tentation. Il en parle dans les confessions, dans la cité de dieu.
Il faut distinguer 3 types de concupiscences, de désirs :
- la libido sentiendi, le désir de la consommation sexuelle;
- la libido sciendi, le désir de la connaissance;
- la libido dominandi, le désir de supériorité qu’elle soit sociale ou intellectuelle.
Derrière sur la question de l'allégorie de la caverne, il y a tout un discours, non seulement sur le désir, sur la tentation et la régression. Par rapport à quoi, Platon pose qu'on doit pouvoir soigner une bonne fois pour toute la cité pour éliminer les tentations, supprimer les régressions. Et je soutiens que cette prétention à l'élaboration d'une cité parfaite, une cité idéale, c'est celle qui conduit à ce qu'on a appelé le totalitarisme.
Qu'est ce que va en principe comme possibilité, Platon dans l'allégorie de la caverne? C'est que le philosophe peut sortir de la caverne et qu'il peut vivre en dehors de la caverne, c'est à dire en pleine lumière. Il va poser qu'il est possible de sortir du milieu d'origine, appelons, l'eau, l'ombre comme on veut qui est un milieu sans ombre. Comme s'il était possible, d'avoir de la lumière sans ombre.
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C'est ça qui fait le changement de sens alètheia, vérité. Nous verrons avec Heidegger a-lètheia, ça veut dire sorti du lethè. Du moment où Platon va en faire de la vérité alètheia, une vérité absolument pure et bien il va éliminer cette dimension, de la vérité qui est liée à l'oubli, lethè c'est le fleuve de l'oubli. Il va éliminer l'ombre de la lumière, c'est à dire qu'il va faire de la lumière quelque chose d'aveuglant, et il va s'y aveugler. Derrière tout cela, il y a quelque chose de fondamentale qui est la définition d'une question :
Qu'est ce que c'est une idée? Si la vérité c'est ce qui est capable de considérer c'est qu'il y a d'idéal dans une notion, ce qui est capable de dégager l'idéalité, cette notion de justice, la vouloir faire exister cette idée, c'est à dire la transformer en réalité et non pas en idéalité, c'est d'embler la détruire. Si on veut faire exister la justice, d'une manière absolument totale, et l'imposer, dans son effectivité on transforme le poids de la justice de ce qu'il y a de plus injuste à propos du totalitarisme... L'idée de la justice, c'est ce qui fait que même dans un monde qui est foncièrement injuste, et tout le monde est injuste, on peut préserver et entretenir comme le feu d'ailleurs, l'idée de la justice. Et faire qu'on se conforme le plus possible avec cette idée de la justice, même si on est jamais véritablement juste.
Derrière cela, il y a la question de l'idéalisation. Si l'on pose que la justice est un processus d'idéalisation qui fait qu'on peut se comporter le plus justement possible, sans être jamais parfaitement juste alors on définit la vérité dans un rapport à l'idéalisation au sens que l'idéalisation se produit dans le désir, lorsqu'on idéalise l'être que l'on aime. On porte l'être que l'on aime au dessus de lui-même, on le projette au dessus de lui-même et on se tire avec lui au dessus de soi-même.
Cette question de l'idéalisation, que nous parlerons beaucoup qui est un enjeu fondamental de la République de Platon, de l'allégorie de la caverne, et là où ça dérape. Ce dont kant en parle dans la Critique de la raison pure :
"L'idée comme concept d'un maximum ne peut jamais être donnée in concreto de manière adéquate"
Kant
L'idée de quelque chose qui dépasse la chose dans son existence et cette idée ne correspond jamais dans la réalité à la chose dont elle rend possible l'analyse ou la pensée pas d'adéquation entre les 2. Ce qu'on appellera le caractère régulateur de l'idée chez Kant.
À partir du moment, où on voudra faire exister une idée, la réaliser dans la réalité concrète et bien on en épuisera la force idéalisante, c'est à dire la possibilité de se réaliser et à ce moment là on détruira l'idée elle-même.
Nous faisons des révisons de l'an passé, pour pouvoir se comporter en poisson volant, il faut d'abord être capable de se comporter en saumon. Être capable de philosopher, que nous sommes tous capables de faire, nous sommes tous capables de sortir de l'eau, sortir de notre milieu, nous avons un esprit critique, nous ne sommes pas des purs moutons. Pour pouvoir franchir ce bond hors de l'eau, il faut d'abord être capable de remonter aux sources, se comporter en saumon. Si j'ose dire faut être capable de passer à l'eau saumâtre à l'eau douce, c'est ça que font les saumons. Les saumons ne naissent que dans l'eau douce, et ils ne vivent que dans l'eau salée. Et pour se reproduire, ils retournent là où ils sont nés. Ils font de longs voyages, c'est incroyable ce que font les saumons.
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Si je vous parle du poisson volant et du saumon, c'est parce que nous allons lire Phèdre. Et dans Phèdre nous allons lire, l'allégorie de l'âme ailée. Dans Phèdre, Platon raconte que l'âme à des ailes et qu'elle vole. Et je trouve que cette âme qui vole ressemble à un poisson volant, un poison volant.
Dans l'allégorie de la caverne, ça c'est dans la République, Platon posera en principe que la vraie vie n'est pas dans l'eau mais dans l'air. Et que le poisson doit abandonner ses nageoires, mais plutôt que la vie n'est pas dans l'ombre mais dans la lumière et que le mortel ne doit pas abandonner non pas ses nageoires pour des ailes mais son tuba, ses palmes, son masque et tous ses artefacts. Pour Platon, il faut qu'il quitte ce milieu technique et qui se transforme en ange.
Toutes ces images ailées vont revenir dans l'Histoire de l'Occident, les anges aussi ce sont des espèces d'âmes ailées. Ce sont des âmes pures qui vivent dans le ciel, qui accompagnent Marie et son enfant Jésus.
L'âme ailée qui apparaît chez Platon, elle va avoir une destinée très importante. Elle existe, pas simplement dans l'Occident chrétien mais aussi l'Occident islamique (L'ange Gabriel).
Des anges, des figures comparables apparaissent dans le Banquet. Dans le Banquet, ce ne sont pas des anges, des âmes ailées, ce sont des démons. Et ces démons, nous dit le Banquet, ce sont des intercesseurs entre les mortels et les immortels, ils circulent. Qui est l'Ange Gabriel qui vient annoncer la venue de Jésus, c'est un intercesseur. Les anges, ce sont les intercesseurs entre Dieu et les créatures dans le Christianisme. Dans le Banquet, il y a aussi un intercesseur qui s'appelle Éros.
Dans le Banquet, Éros est un démon. Il y a toutes sortes de démons dit Diotima, des êtres qui sont entre les immortels et les mortels. Il y a les mortels, nous, il y a les immortels et entre les deux, il y a des démons. Il y a aussi des héros, des mortels exceptionnels.
Et puis, les démons, les anges, les âmes ailées, ça peut tomber. Il y a Lucifer qui tombe, l'ange déchu, c'est l'anti-Christ. Car finalement le Diable est un ange qui est tombé. Le Diable vient des cieux, il est tombé.
Dans Phèdre, dans le mythe de l'âme ailée va vous racontez pour la première fois dans l'histoire de l'Occident la chute de l'âme. La chute au sens où le christianisme va la développer en opposant les mortels et les immortels, l'âme et le corps, c'est le christianisme qui va concrétiser, l'opposition de l'âme et du corps comme religion généralisée. Sa conception, elle se fait là dans le texte de Platon, dans Phèdre.
Car dans Phèdre, cette âme ailée, qui est une espèce de poisson volant qui vit dans l'air qui est devenu un oiseau, cette âme ailée qui vit éternellement dans cette espèce d'éther. À un moment donné elle tombe dans un corps. Elle est condamnée à une déchéance, à une chute comme Lucifer. Et du coup, elle tombe dans le diable, dans le diabolique. Qu'elle rapporte entre le diable qui est un concept très tardif du christianisme.
Quel rapport entre le diable et Platon? Et en particulier quel rapport avec la République? Et bien tout est rapport.
Diable ça vient d'un mot grec "diabolone", qui veut dire atomisation, séparation, explosion, et au diabolone s'oppose le "subolone", rassemblé, laisser venir à moi les moutons que vous êtes, laisser moi être votre berger, société pastorale, laissez-moi vous ramenez au bercail.
Ça c'est l'enjeu de la République. Dans la République, Platon va dire, il y a un principe diabolique, et il faut luter contre ce principe diabolique pour le soumettre à un principe symbolique.
Il y a des tentations diachroniques, des poètes, des artistes qu'ils veulent inventer des choses tout le temps qui perturbent la société et il faut les virer de la citer,
et à partir de maintenant seuls les philosophes sont autorisés à faire des représentations pour faire adhérer le troupeau aux représentations que le philosophe à décider de considérer qu'elles sont bonnes pour la cité.
C'est le programme de Platon
dans la République, il faut sortir les musiciens, les poètes, les peintres, il faut tous les expulser de la cité, où les envoyer en Sibérie, c'est ce qui s'est passé sous Staline, mais c'est aussi ce qui s'est passé sous Hitler.
Et il faut faire régner la synchronie absolue.
C'est à dire tout contrôler, empêcher les perturbations, les tourbillons venir corrompre l'âme des citoyens, les âmes des citoyens. C'est ça le sujet de la République.
00:20:56
Cette pensée caractéristique de la République, notamment la théorie des idées, soutenant que c'était un revirement (Heidegger). Platon fait dire à Socrate de ce qu'il disait auparavant. Là, où Socrate dit, il y a du non-savoir, Platon dit il y a du savoir. Là, où Socrate dit, on ne peut pas enseigner la vertu, Platon dit on peut enseigner la vertu, c'est à dire la République, etc.
Si véritablement Platon fait dire à Socrate, exactement le contraire ce que Socrate disait auparavant dans les dialogues de Platon, lui-même. Ça veut dire que Platon fait de Socrate une sorte de marionnette. À qui il fait dire tout ce qu'il veut, en la ventriloquant.
Platon se sert de la figure de Socrate et de l'autorité de cette figure, qui est la figure sacrifiée. Socrate s'est sacrifié pour la vérité, il a bu la cigüe. Il s'en sert pour répandre ses propres idées au nom de Socrate, ça ne peut plus être les idées de Socrate, puisque ce ne sont pas les mêmes de que Socrate disait au début de l'œuvre de Platon.
Qu'est ce qui arrive à Platon-là?
Il s'agit peut-être à travers ce Pinocchio philosophique que serait ""Socrate"" que serait Dominique Strauss-Kahn dans la République, d'une marionnette qui s'anime toute seule. C'est l'histoire de Pinocchio, et qui cette marionnette s'animant toute seule se met à posséder Platon. Je veux faire crédit à Platon du fait qu'il croit absolument ce qu'il fait et qu'il n'a pas du tout le sentiment d'être duplice, être en contradiction avec lui-même, je pense qu'il s'en rend pas compte. Au point que Platon est tombé amoureux de sa marionnette, comme pygmalion la statue qu'il a sculpté.
Ce que je veux dire par-là, Platon est un écrivain, un artiste. Et que peut-être comme tout écrivain, il doit croire à ce qu'il écrit qui est évidement une fiction. Même si cette fiction est plus au moins proche de la réalité qu'il inspire à savoir la vie exemplaire de Socrate. Il doit croire à ce qu'il écrit et qui est une fiction, plus moins proche de la vérité, et ce qu'il écrit et qui se présente comme une narration, parfois s'impose à lui pendant qu'il écrit bien plus que lui-même décide de ce qu'il doit écrire. Un artiste quand il travaille et un écrivain c'est un artiste.
Picasso: il se produit des choses sur la toile qu'il n'avait pas du tout l'intention de produire, mais c'est la toile qui commande le peintre, ce n'est pas le peintre qui commande la toile. Quand, le peintre veut commander la toile, ça donne du caca-boudin. Ça ne donne rien d'intéressant, ce que Michel-Ange raconte à un moment donné sur l'accident. Et c'est toujours en tirant parti des accidents, des contraintes... on ne travaille que sur la contrainte accidentelle. Et cette contrainte accidentelle, c'est l'œuvre quand elle se produit, qui l'a produit cette contrainte...
Toujours quand une œuvre fait œuvre, il y a un moment, où l'œuvre retourne la situation, où c'est elle qui commande au peintre et non plus la peintre qui commande à l'œuvre. À ce moment-là, l'artiste suit les prescriptions de son œuvre.
Autrement dit, un écrivain, un artiste, un philosophe aussi même un scientifique ne réalise jamais une idée préconçue. Ce n'est pas une idée qu'il avait au départ qu'il réalise, c'est le travail qu'il produit qu'il lui fait surgir une idée et lui devient finalement l'interprète.
00:25:52
Nous verrons que Platon condamne précisément les artistes et leurs œuvres poétiques en raison de ce pouvoir, que les simulacres ont de leurrer leur public... mais il ne s'en rend pas compte de ce qu'il lui arrive. Parce que le premier public d'une œuvre c'est l'artiste lui-même. Picasso regarde son œuvre et il répond à son œuvre et à un moment donné l'œuvre comme dit Maurice Blanchot, l'expulse...
Platon condamne les artistes, les œuvres poétiques, etc. Et nous verrons dans Phèdre que Platon condamne les livres en général. Ils condamnent les livres, en leur rapprochant à leur lecteurs se font du cinéma. Il dit quand quelqu'un lit un livre, le livre s'empare de son âme et en quelque sorte pénètre son âme et il se met à se faire du cinéma. Il se représente des choses que le livre en fait lui impose, il laisse entrer en lui des idées qui ne sont pas les siennes, des simulacres de pensées, des simulacres d'idées. Tout comme la peinture stimule la vie, Il dit dans Phèdre l'écriture c'est comme la peinture. Et je soutiens ce qu'il lui arrive à lui avec son propre livre, la République.
Il pose que les lecteurs d'un livre par l'intermédiaire de l'écran que constitue l'écrit projettent par l'intermédiaire de cet écran des leurres suscités par l'auteur du livre.
Fahrenheit 451...
00:29:04
C'est tout à fait fascinant quand on y pense, s'il est vrai que par ailleurs, que Platon est le manipulateur de la marionnette de Socrate dans la République et il est en même temps lui-même fasciné par cette marionnette et qu'il fait un théâtre qui s'appelle la République dans lequel il dénonce la façon dont le théâtre des marionnettes peut tromper les lecteurs. C'est incroyable quand on y pense... mais en même temps totalement ridicule et dangereuse. Parce que c'est magnifique mais il ne s'en rend pas compte. D'une certaine manière, on a l'impression qu'il se met à délirer gravement et d'une manière paranoïaque, la République c'est un livre très paranoïaque. C'est un livre du pouvoir que le philosophe veut prendre sur la cité en croyant que lui peut écrire des livres en échappant à tout ce qui est dans les livres. J'écris un livre à la République contre les livres car quand moi, j'écris un livre je ne subis pas, ce que je dis qu'il faut*** sur ceux qu'ils les lisent. Les livres se sont des cavernes mentales pour Platon. Ce sont des cavernes tout comme la caverne de la République... ce que je vous dis moi, c'est aussi une caverne que le lecteur installerait dans sa tête en lisant l'allégorie de la caverne de Platon. Et que Platon lui-même, ne se lisant lui-même installe cette caverne mentale dans sa propre tête. Où il est à la fois le manipulateur et le manipulé. Je viens de dire qu'il est paranoïa mais il est aussi un peu schizoïde. On dira qu'il est plutôt clivé. Il est coupé en 2.
__________________________________________________________ Pensée du moment
Moi, je me suis dis, merde, la République on va y passer, c'est l'effet République.
__________________________________________________________ Fin
Cette question du clivage de l'âme est très importante. Dans Phèdre, l'âme ailée est coupée en 2. Elle est constituée de 3 parties. Un cocher et 2 chevaux. Un cheval qui veut aller à droite l'autre à gauche et le cocher est celui qui doit mâter ces 2 chevaux. Ces chevaux, ils ressemblent furieusement, à la pulsion de vie à la pulsion de mort qu'on trouve dans les essais de Freud en 1920 - au delà du principe de plaisir- puis en 1923, dans le moi et le ça. C'est absolument incroyable. Ce qui est plus incroyable ne dit pas un mot de Phèdre dans ces analyses, comme ci il ne l'avait pas lu.
Kery James - Vivre ou mourir ensemble
Je suis entrain de critiquer Platon, mais critiquer, c'est discerner, ce n'est pas condamner. Platon à travers cette évolution que je considère calamiteuse, ce que j'appelle le revirement, dans la République et dans Phèdre. Où il va en faire de l'âme, une chute, de la vérité, à la vérité absolue qui prépare quelque chose de totalitaire dans son essence. Et bien Platon en même temps, il avance, il découvre le caractère clivé de la psyché au sens où la psychanalyse l'a établie médicalement, cliniquement au 20 ème siècle.
Donc, ces textes que l'on doit critiquer au sens en analyser les limites, il faut quand on analyse leurs limites, il nous faut être capable aussi de voir les limites qui nous font franchir qui sont inouïes.
Revenons à pygmalion, je pense que Platon, est dans la situation du pygmalion par rapport à la marionnette de Socrate.
Qui est Platon?
C'est un élève de Socrate, pas simplement de Socrate mais de plusieurs philosophes également sophiste mais évidement Socrate est le plus grand, la plus impressionnant, le plus fascinant, surtout à partir du moment où il est mort. Et Platon a commencé à écrire dans le deuil de Socrate, qu'il aimait profondément comme tous ceux qui connaissaient Socrate.
Et dans le deuil de Socrate, il a cultivé un délire amoureux, une mélancolie dans un texte au sens où Freud, qui s'appelle deuil et mélancolie, Freud parle du délire amoureux du mélancolique, où il a totalement idéalisé son objet d'amour qui est Socrate. Et où il a part ailleurs du défondre l'héritage de Socrate, dans l'histoire de la cité. Et à mesure qu'il essayait de défendre, parce qu'il y a des limites à ce que dit Socrate, il y a des contradictions à ce que dit Socrate, Socrate n'est pas un dieu, ce n'est qu'un mortel comme vous et moi, un très grand mortel, mais un mortel quand même. Par exemple, lorsque Socrate parle de Perséphone, il se réfère à la mythologie et que par ailleurs il les condamne toutes ces croyances. C'est plus compliqué que ça, on ne peut pas séparer la croyance et le savoir, on ne peut pas confondre la vérité géométrique avec les croyances mythologiques. Et bien quand il s'appuie sur les croyances mythologiques de Perséphone, pour fonder sa réponse sur la vérité et en s'appuyant en même temps sur la géométrie, il est dans les contradictions. Et donc, Platon cherche à les résoudre ces contradictions et à mesure qu'ils cherchent à les résoudre, il se fascine pour ces tentatives de révolution qu'il développe. Et il finit en quelque sorte être pris par oublié que c'est une marionnette qu'il est entrain de produire, il est absorbé, happé par son objet de fiction.
Dans la République, il y a donc un seuil qui est franchit, un renversement qui s'opère, ce que j'appelle depuis ce début de ce cours, un revirement, je pense que ce revirement est une cause biographique et pas simplement intellectuel.
Cette cause biographique a été exposée dans cette lettre VII, où Platon raconte, une partie de sa vie, et en particulier de ses mésaventures politiques et en particulier de son voyage à Syracuse. Platon a vécu, en -387, il a décidé de partir en Sicile, à l'invitation de Denys le tyran de Syracuse, qu'il a fait venir, il avait entendu parler de lui, la Sicile fait partie de la grande Grèce... et Denys de Syracuse avait entendu parler de ce philosophe brillantissime, qui était l'élève de Socrate... Et ça c'est très mal passé, Platon a éduqué Dion qui était le beau-frère de Denys, et ça à mal tourné Denys s'en est fâché et qu'à la fin, il a vendu Platon au marché aux esclaves, sur l'île d'Égine. Et que Platon en a été sauvé par un philosophe Annicéris de Cyrène qu'il aurait racheté pour 20 mines d'argent.
Malgré cela, 20 ans plus tard, Platon a repiqué au truc, en -367, il est reparti en Sicile et ça c'est encore très mal passé puisqu'il a fini en cabane cette fois-ci, il a été emprisonné.
00:38:27
Si nous voulons comprendre qu'est ce qui s'est passé dans la République, faut intégrer ces éléments biographiques... intégrer des éléments théoriques.
Pour comprendre, à la fois l'origine de la direction du revirement de la République, il faut lire Phèdre... Si je parle de marionnette, c'est parce que c'est un pharmakon, et ce n'est pas n'importe quel pharmakon, c'est celui dont sont amoureux ... tous les grands artistes sont amoureux des marionnettes, une œuvre d'art c'est une marionnette, fondamentalement. C'est quelque chose, artificielle qui peut devenir plus vivant que le vivant. C'est quelque chose d'inouïe les marionnettes et ce sont des pharmakas, des leurres, des simulacres.
Donc, qu'est ce qui fait la marionnette qui est animé dans la République, la marionnette de Socrate, peut être magnifique par moment dans la République, c'est en fait ce qui se joue dans Phèdre.
Ce dialogue, on nous dit que dans les études des hellénistes, il nous dit qu'il vient après la République de la chronologie. Ce que dit Léon Robin, ce que dit Luc Brisson, en même temps Léon Robin dit ce n'est pas absolument sûr, et il y a un certain nombre de notoriété qui le conteste, non Phèdre vient avant la République. Moi j'hésite entre les 2 positions, et puis en préparant ce cours, j'ai tranché, je pense vraiment que Phèdre vient avant la République.
Mais en tout cas logiquement, je pense que Phèdre met en place les idées de la République beaucoup plus que l'inverse
__________________________________________________________ Pensée du moment
Perso aussi mais...Phèdre vient avant la République (dans sa tête ou sa marionnette, c'est certain), il a vu, il savait le clivage en 3 parties (âme ailée) et il a voulu le séparer justement de l'ensemble et il en a fait la République, que la République. Mais il peut aussi l'avoir écrit après pour JUSTIFIER la République, sa République et """"éliminant"""" le Banquet du coup, en bref donné que le pouvoir à la République. Les autres allez vous faire foutre...
__________________________________________________________ Fin
00:41:08
Dans Phèdre est raconté, une allégorie de l'âme ailée... L'âme ailée n'est pas une invention de Platon, que l'on trouve déjà dans la mythologie. Mais ce qui est une allégorie qui n'est pas dans la mythologie, c'est l'idée que l'âme soit un char ailé, on en trouve dans Homère et d'une façon générale, les dieux chez Homère sont toujours représentés dirigeants des chars. Dans l'allégorie de l'âme ailée, l'âme est un char qui comme les dieux vivent dans l'éther, dans les cieux, et constitués par un cocher et 2 chevaux. Les ailes de ces chevaux, ces ailes ce sont les ailes du désir... on parlera de la société du spectacle, ce dont parle aussi la République. Nous sommes nous dans la société du spectacle.
Phèdre avec l'allégorie de l'âme ailée reprend un thème qui est apparu dans Ménon, que l'âme sait tout ce qui est vrai, dit Socrate dans Ménon, mais elle a oublié, si elle peut connaître quelque chose, si elle peut connaître au sens qu'elle peut apprendre quelque chose, c'est parce que simplement qu'elle le connaissait déjà, et qu'elle avait oublié qu'elle le connaissait.
Apprendre c'est se ressouvenir, ce que dit Platon et ce qu'il appelle l'anamnesis, la réminiscence, la reconnaissance.
Donc, dans Ménon, Platon fait dire à Socrate que l'âme peut connaître parce qu'elle a oublié ce qu'elle connaissait, et qu'elle le redécouvre, du déjà vu en fait, il y a un déjà vu. Dans Phèdre reprend cette problématique, mais il va la développer beaucoup plus. Il va essayer d'expliquer pourquoi elle a oublié. Dans Ménon, il ne le disait pas du tout pourquoi il a oublié.
Dans Phèdre, il va dire pourquoi il a oublié. Il va lier ça aux chevaux. Aux chevaux d'une part au corps d'autre part. L'âme, dit-il, est constituée par 2 chevaux, qui sont tiraillées par des tendances opposées. Et ces chevaux qui sont tiraillées par ces tendances opposées à un moment donné, il faut chuter le char, Il renverse le char. Et le char tombe, et tombe dans un corps. Un corps qui va faire que l'âme qui était dans l'éther et savait tout, dans l'éther elle voyait toutes les vérités, en direct. Comme dans la République, lorsque le prisonnier sort de la caverne, il va au soleil et voit tout, sous la lumière du soleil, elle voyait tout absolument parfaite, et elle tombe et elle oublie tout ce qu'elle a su, elle ne voit plus rien.
00:45:52
C'est à partir de Phèdre que l'on peut comprendre, ce qui va se jouer dans la République à travers la théorie des idées, à savoir, que dans la théorie des idées, Platon va opposer 2 mondes:
- d'une part le monde sensible, dans lequel nous vivons qui est un monde qui n'arrête pas de changer qui est corruptible dira Aristote, qui est pris dans le devenir, qui lse dégrade en permanence qui est aussi trompeur, illusoire. Dans la mesure, où il n'arrête pas de se dégrader la vérité est absolument identique à elle-même, il ne peut pas être vrai, si non il ne se dégraderait pas. Donc c'est forcement, un monde illusoire. Ce monde sensible, Phèdre nous prépare à comprendre que c'est le monde du corps, ce qui nous trompe c'est notre corps. lLe corps mortel, c'est le corps entant qu'il est mortel, c'est la mort qui nous trompe, la peur de la mort, de désir de luter contre la mort, etc. (Sensible, dans la caverne, sous terre)
- D'un autre coté, il y a un autre monde, un lmonde intelligible, c'est le monde de la vérité pure, c'est le monde de ce qui ne devient pas, tout comme lla vérité géométrique qui est l'idéal de la vérité, c'est le monde de l'âme immortelle, de l'âme entant qu'elle ne dépend pas du corps, entant lqu'elle n'est pas emprisonnée dans un corps.
C'est important de comprendre cela, c'est la base de la philosophie, à partir de Platon. Cette opposition entre sensible et intelligible qui va se traduire par une opposition par exemple les sens d'un coté, l'intellect de l'autre. Les sens sont empiriques, ça ne comprend rien. L'intellect, c'est ce qui est capable d'accéder à la vérité logique, etc.
00:47:36
Qu'est ce qui distinct d'une allégorie d'un mythe?
Dans la caverne, dans la République, Platon, raconte une allégorie de la caverne. Dans Phèdre, Platon raconte une allégorie de l'âme ailée. Pourquoi ne pas appeler ça des mythes? D'autant plus que Heidegger parle du mythe de la caverne... moi, je ne crois pas du tout que ce soit un mythe, et c'est très important.
Dans Ménon, Socrate se réfère à un mythe, le mythe de Perséphone, c'est un mythe. Ce n'est pas du tout une invention de Platon. Le mythe de Perséphone, c'est ce que tous les grecs pieux pratiquaient tous les ans au moment aux mystères d'Éleusis, tous les grecs, c'était inconcevable chez les grecs de ne pas croire à ce que racontait la mythologie. Croire voulant dire à l'époque : sacrifier, sanctifier, ritualiser, participer aux grandes processions. Pour se souvenir que nous ne sommes pas des dieux, c'est ça que voulait dire croire.
Un mythe d'une façon générale, c'est une production collective, qui n'a pas d'auteur, dont l'origine est absolument inconnue et dont le fonctionnement est profondément inconscient. Pour ceux qui s'y réfèrent et dont ils n'ont évidement pas conscience du caractère proprement mythologique. Car pour pouvoir avoir conscience du caractère mythologique d'un mythe, il faut être capable de sortir de la société du mythe, il faut être capable de passer du "mythos au logos".
Le mythe se donne au myste celui qui croit aux mystères du mythe, comme une sorte d'évidence qui ne se discute pas, ça ressemble beaucoup à la révélation, ce n'est pas exactement une révélation. La révélation, c'est le caractère de la religion monothéisme. La révélation à un auteur, dans le judaïsme, cet auteur s'appelle Moïse.
Et Moïse, ça n'est pas du tout l'auteur d'un livre, c'est l'auteur d'une révélation, une croyance religieuse par un prophète. La vraie révélation est prophétisée par un auteur qui est connu et qui est le chef du peuple juif. Le mythe, ce n'est pas ça, mais ça à un caractère proche de ça parce que c'est une croyance, indiscutable. Dans Ménon, ce dont parle Socrate, c'est bien d'un mythe, le mythe de Perséphone.
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Allégorie :
Et dans Phèdre, il ne s'agit plus d'un mythe mais d'une allégorie. Ça veut dire que l'auteur de cet allégorie, c'est Platon, c'est pas du tout quelque chose qui vient de la tradition, qui a inventé. Certes en s'appuyant, sur la tradition mythologique. Platon reprend des éléments de la mythologie, il s'en sert pour fabriquer une histoire qui est la sienne, mais c'est pas du tout un mythe, c'est une allégorie. Une allégorie, c'est une représentation imagée pour faire comprendre des concepts en réalité.
Certes, Platon veut faire passer cette allégorie pour un mythe. Il veut jouer sur le registre mythique et pour des mauvaises raisons. Pourquoi?
Mythe :
Le mythe, ça constitue une autorité traditionnelle, un mythe dans la société grecque à une valeur qui lui est conféré par la tradition.
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Dans l'allégorie de l'âme ailée que Platon décrit comme un attelage, et qui est une référence à Homère, Socrate reprend la thématique de Ménon, mais il reprend aussi la thématique du Banquet.
Dans Ménon, il avait introduit le terme de l'anamnèse et dans le Banquet, il a introduit celui d'Éros.
Platon dit, pour connaître, il faut être amoureux et pour se ressouvenir, rien que de mieux que l'amour, vous aide à vous ressouvenir de ce que vous avez oublié. Et Éros est représenté avec des ailes, donc si l'âme est ailée, c'est parce qu'elle est amoureuse, elle a quelque chose à voir avec l'amour.
Donc, dans cette représentation, du Phèdre, de l'allégorie de l'âme ailée, vous avez en fait, la combinaison de traits qui viennent de Ménon et du Banquet. Plus d'éléments qui viennent de la tradition grecque et Platon va se servir de tout ça, pour se séparer de cette tradition grecque. C'est très embrouillé, très compliqué et même temps c'est très clair. C'est aussi clair qu'une enquête de Sherlock Holmes. Si on regarde bien, si on lit les textes patiemment, on ne se précipite pas, c'est très clair. On retrouve les ailes de l'amour, les ailes du désir du Banquet avec le rapport à l'immortalité de l'âme du Ménon. Et ça donne Phèdre, dont on va bientôt voir, pourquoi c'est à l'origine de "j'ai une idée!". De cette nouvelle conception de l'idée qui va être si importante, et qui va jusqu'à nous, continuer à s'imposer, comme ce que nous utilisons tous les jours... "J'ai une idée!".
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Pour remonter à la source de la République, il faut lire Phèdre et pour lire Phèdre, il faut lire le Ménon et le Banquet. Donc, on va revenir à Ménon et au Banquet et on va faire comme les saumons. Le saumon est un poisson anadrome... c'est un poisson migrateur. Comme Platon dit qu'il faut, pratiquer l'anamnesis, il dit il faut remonter à la source.
C'est se ressouvenir du point de départ, le point d'origine. C'est souvent dans une situation très grave, que d'un seul coup, on se dit, il faut que j'arrête, il faut que je repense complètement ma vie. Faut que je revienne à la source. Nous nous sommes dans un et elle situation : inondation au canada et que les saumons profitent de ces inondations, pour remonter aux sources. C'est incroyable! Les saumons sortent des nids des rivières et s'emparent des inondations pour prendre des raccourcis pour aller remonter à la source, là d'où ils viennent.
La source c'est le mutos de Perséphone et nous nous vivons dans le logos. Le logos c'est la mer salé où nous sommes, le mutos, c'est l'eau douce. Où est née notre histoire Occidentale, ce mutos, c'est celui du mythe de Perséphone...
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