Les années 70, le socialisme à l'état pur ? Malgré que j'ai grandi dans une famille pauvre mais manquant jamais de rien.. Mes parents immigrants, quand ils sont arrivés ici, c'était la misère, les premières nuits, ils ont dormi avec des parapluies puisque le toit était troué. Ils sont venus ici pour rejoindre le reste de la famille de mon père. Ma mère avait déjà quitté ces parents à 16 ans pour aller travailler en industrie à Milan, avec sa petite sœur et son grand frère, pour payer les dettes de mon grand-père, car l'agriculture se dégradait il avait dû faire des dettes.
1977, j'ai 6 ans, mon grand frère reçoit le jeu Pong, nous jouons souvent ensemble et malgré qu'il est 5 ans mon ainé, je le bats souvent. Je ne sais même plus regarder la tv, cela m'énerve de ne pas avoir le contrôle. Je tolère que les films et au cinéma. Je vois aussi toutes les transformations de la vie quotidienne...
Les professeurs ou la famille me demandaient ce que je voulais faire plus grande comme métier. J'ai toujours répondu : RIEN les robots feront le boulot à ma place, et je le disais avec un sérieux que cela laissait un silence.
En 2015, mon père m'en parle encore, je lui réponds : j'y suis presque à part pour le nettoyage et repassage même la vaisselle 15 ans que j'en fais plus, la machine s'en occupe. Et avec un petit RIEN, je fais TOUT ce que je veux et pour RIEN.
Donc ou c'était la rue ou le jeu quand ma mère me laissait la tv pour. J'ai aussi énormément de 45 tours car mon père était un homme de Café et ses copains leur donnaient les vieux disques des jukebox; je les écoutais sur un mange-disque. Mon premier 45 tours que j'ai voulu absolu acheter était "À la pêche aux moules" de Nestor. Mais aussi des bandes dessinées car un copain à lui travaillait chez Dupuis et j'avais toujours les nouveautés avant les autres.
Ce qui m'a troublé, j'ai connu la transition du racisme populaire... L'avant 77, c'était sur les italiens et cela a passé sur les arabes. Les religions ne venaient pas encore dans les débats, les insultes ou autres... à l'école laïque que nous étions nous avions des cours de religions, une copine était protestante, la seule d'ailleurs, ils ont même ouvert un cours rien que pour elle. Et c'était la dernière école publique aussi qui n'était pas mixte. Car problème de places. J'ai donc passé mes primaires dans une école de fille. Par contre, l'école des Sœurs (Catholique) était mixte! Bref nous avions toutes les religions possibles, catholique, juive, islam, protestante et morale. Pour ma part, je suis les cours catholique. Les études, je suis ni nulle ni bonne mais très contente de moi car personne à la maison ne m'a aidé, je n'ai pas eu des parents qui me suivaient de plus ils ne savaient pas mais les professeurs étaient superbes et nous étions très proches d'eux. Je vais au cours d'italien aussi, malgré que c'est ma langue maternelle, chez moi, parlions le sicilien. Nous faisions beaucoup d'excursion et nous apprenions la culture italienne : Géographie, des comptines, les grands peintres, les fêtes italiennes... Les cours étaient gratuits, les excursions le minimum, souvent les diners étaient offerts. Le premier professeur était un curé, un genre de curé loubard, il rigolait toujours et quand quelqu'un faisait une bêtise ça l'amusait, il nous grondait jamais et toujours a donné cours sous forme de jeux. Il était génial! J'ai plus suivi ou peu avec la deuxième prof. On ressentait très fortement leur vocation. Sur moi, je n'ai jamais pas connu le racisme car j'étais blonde. On me prenait toujours pour une belge malgré mes yeux très noirs. Ce racisme venait de la Ville, rarement dans les quartiers. Mais je l'ai vu sur ma famille et sur mes amis encore plus qu'eux car comme ils me prenaient pour une belge, ils se lâchaient devant moi.
Donc, j'ai toujours été acceptée partout sauf mes amis, et une partie de ma famille ceux qui ne faisaient pas trop italien... Mais cela venait plus des parents, des établissements et surtout dans les soirées, et nous les enfants, on se voyait en cachette et nous étions tous ensembles. Mais j'étais très proche de mon copain d'enfance "Pierro" " (Il était surdoué et détestait l'école, il avait été dans le journal pour ça avec ses 2 sœurs d'ailleurs elles l'étaient aussi. Mais à 14 ans arrête l'école et part en Italie pour toujours chez sa grand-mère, ses sœurs aussi partiront, il ne supportait plus les disputes de ses parents. je le croiserai encore quand je vais en Italie, ce qui me permettra de connaitre les Abruzzes. Les filles sont toutes folles de lui (exagéré), un garçon très beau alors il faisait croire que c'était moi sa copine pour qu'on lui foute la paix et certaines passaient par moi pour lui. Nous avons grandis comme des frères et sœurs, nous disions à certain qu'on était cousin. Car fallait souvent mettre les points sur les "i", car on savait aussi les histoires de docteur non conventionné) , c'est toujours ensemble que nous rejouions les autres. Surtout que ma rue donnait juste à coté des cités. Comme nous étions tous pauvres, nous créions et partagions nos jeux, vélos, avec des vieux patins à roulettes, nous les transformions en skateboard, même les filles jouions au foot mais vraiment tous et de tout âge. Nous allions aussi souvent en Sicile, là-bas c'était la campagne et nous les pauvres et ils nous voyaient comme des riches! J'ai appris aussi tout ce qui est la nature, c'était le bonheur sauf ce que je ne supportais pas, c'était qu'il y avait pas d'étrangers même ceux d'à coté du village qui étaient considérés aussi comme des étrangers et nous aussi d'ailleurs. Ce mélange me manquait énormément même dans la nourriture je le ressentais au moindre détail.
Tous dans le quartier deviennent un peu plus riche, nouvelles constructions de maisons de cité, plus belle même. Mon père reprend un bistrot et c'est la ruée vers l'or, ma mère tombe malade ne travaillera plus . Nous restons tous au même endroit qui plus qui moins mais tous deviennent plus riche. Nous voyageons encore plus mais en Hôtel et la chance que j'ai, je découvre toute l'Italie son historique et nous visitons des musées, le Vatican, Pompéi...
Les week-ends, on se rejoint dans les beaux coins de Belgique surtout à Hofstade. Nous nous retrouvions souvent avec des dizaines de famille... Et quand, ceux d'Italie venaient, nous visitions la Belgique et nous finissions souvent à Paris. Des amis d'enfance de mes parents ont immigrés, en Allemagne à Cologne, nous y allions. Car ils travaillaient tous et presque tout le temps, ils vivaient à 2 familles dans une maison de plusieurs étages mais très étroites, l'un sur l'autre et arrivaient difficilement en fin du mois. Donc, c'est nous qui y allions mais fallait vraiment prévoir. Eux aussi venaient visiter la Belgique mais plus rarement. Se qui me marquait, la propreté en rue, pas un papier, mais à l'intérieur des maisons limites insalubres. Pas le temps de manger tous ensembles car horaires très différents et surtout pas le temps de s'occuper des maisons. À l'école, c'était une fois par an, et en dernière année, les fameuses classes de neige, à Marcinelle en Montagne. Mes parents avaient payé que 2 100frb pour 15 jours (52,50€), personne n'était mis de coté, et si cela arrivait les parents d'élèves faisaient une cagnotte. Mon frère n'avait pas pu y aller car il avait eu l'appendicite à son époque. Et moi avec, mais j'ai su partir de justesse. Je découvrirai que j'ai de l'asthme en Montagne, ma première crise d'asthme. Plus nous montions, plus j'étouffais. On a dû m'amener à l'infirmerie.
En 2009, quand cela a été pour ma fille, c'était déjà plus cher, une maman devant l'école râlait car certain payait moins puisqu' ils étaient aux chômages et pas elle. Donc, droit à toute la panoplie : profiteur, étrangers... Je l'ai calmée de suite en lui disant : tu veux qu'on te fasse une cagnotte? Et le jour, où tu iras râler à un Bourgmestre, donc plus haut, car ce sont eux qui demandent plus, je serais avec toi mais là, ferme-là, ce qu'elle a fait! 2013, privatisation donc encore plus cher.
À 8 ans, on découvre que j'ai une dyslexique (horrible écrire ce mot pour nous). Mes parents m'envoient chez un logopède. Et à la place de me soigner, il me touchait. . À la deuxième séance, je le raconte à mon père, je croyais vraiment qu'il allait le tuer, avec mon père c'était comme ça il règle d'office pas avec les tribunaux! Et le connaissant, je vous assure qu'il a de la chance qu'il ne l'ait pas tué. Donc, on m'a plus suivi pour ma dyslexique. La pédophilie, je la croiserai encore avec des inconnus en rue. Donc, j'évitais et j'ai appris aussi à repérer leur comportement. Heureusement dans le malheur, jamais été violée... / des attouchements /. Je ne l'ai plus dit à mon père de peur que cela tourne au drame. J'ai appris à me défendre seule. L'odeur du vin, je ne l'ai plus supporté, car ils puaient tous, le vin rouge.
Pour finir, je me suis trouvée des astuces, pour ne pas confondre le s-c/x-s... Mais il m'a fallu du temps et cette astuce en 2015 me vient automatiquement. Mais le mot "dyslexique" il me faut absolument Google.
Exemple de mon astuce : je me trompe pas qu'il faut "S" avant, donc le "S" d'abSence, je sais qu'il vient avant le "c", je sais qu'il ne peut pas être à coté du "S" du pluriel : abcenSeS - j'imagine ce "s" du pluriel et ça me va pas, car trop porche de l'autre "S". Donc, je reviens, automatiquement abSenCe.
Mon berger allemand, m'impressionnait car il hurlait comme un loup, le jour avant qu'il y ait un mort dans le quartier. Pas d'une mort accidentelle mais d'une mort de vieillesse. Que pour finir nous savions quand il y aurait un mort. Mon chien s'enfuira un soir de feux d'artifices, on ne le retrouvera plus. J'en aurai un deuxième.
Dans les quartiers, nous continuons à jouer, aux jeux électroniques mais dans les foires, les jeux électroniques deviennent en couleur. Je vole de l'argent à mes parents et tellement qu'il y en a, ils s'en rendent même pas compte. Quand je vais à la foire, je vais avec 5 000frb (125€) et pour cette fin des années 70 c'est énorme. Surtout pour une enfant de 9-10ans. J'en voyais beaucoup des billets de 5 000frb, Bijoux aussi diamants..., (à 11 ans, j'avais volé une montre or blanc, avec des diamants à mon père, il découchait, donc je m'en doutais de ces conneries (et il a même pas remarqué et beaucoup plus tard quand ma mère, sera surendettée et seule, je lui ai donné cela lui a servi à payer une grosse facture)... Mais moi je n'aime pas ces cailloux. J'aime mieux les machines... Je reçois une machine à écrire professionnelle, une récupération d'un fond de cave. Je recopie mes cours aux propres, je commence aussi à savoir remplacer les rubans d'encre. Mes parents jouaient aux cartes tous les week-ends avec des amis. La maison était toujours pleine de monde.
Il me reste qu'un grand-père maternel qui est venu vivre avec nous, mes grands-mères sont mortes quand j'avais 6 ans et un grand-père que je n'ai pas connu car il sait fait tuer. Les communistes étaient pourchassés du moins il est mort à cause d'une blessure qui a tournée en gangrène. Il a toujours vécu exilé, même confiné avec des juifs à Acerenza. Mon grand-père maternel m'apprend à faire du jardinage, mon père lui crée une serre. On avait presque tout dans le jardin, un jardin d'Éden.Nous avions les 4 saisons à temps, mais mon grand-père pour planter ses graines le faisait selon la lune. Il savait aussi dire pour les femmes enceintes si c'était une fille ou un garçon selon la lune. Comme j'avais le visage rond, mes grands-mères en me donnant des bisous me disaient "Beda comme la Luna". Je connais aussi Marchienne-au-Pont "5 étoiles" (2015 la commune la plus noire de Charleroi), les magasins étaient les plus chers, les plus luxueux et une des plus belles braderies de la région.